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L'intelligence humaine et l'intelligence animale. ?

Publié le 16/06/2009

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INTRODUCTION. — Parmi les faits divers, les journaux relatent de temps en temps des historiettes du genre de la suivante que nous prames lire il y a quelques mois: un garçon était tombé dans un puits et risquait fort de s'y noyer avant d'être retrouvé par sa famille; mais l'accident avait en un témoin, le chien de la maison qui, incapable d'opérer lui-même le sauvetage, courut à la recherche des parents de l'accidenté, puis fit tant et si bien par ses démonstrations qu'il parvint à les amener auprès du puits. Des récits comme celui-là vous donnent à penser que les bêtes sont vraiment intelligentes. Nous ne leur refuserons pas cette qualité. Nous nous demanderons seulement s'il n'y a pas de différence entre l'intelligence des animaux et l'intelligence humaine.


« première inspection globale des lieux.Signalons aussi l'un ou l'autre des procédés expérimentaux qui semblent constituer une étude analytique del'intelligence animale.

Ainsi, on dresse les rats à aller chercher la nourriture dont ils sont friands dans la plus petitedes boîtes qui se trouvent dans le laboratoire ou encore dans celle de couleur plus vive.

Des expériences de cegenre faites épar les spécialistes de la psychologie animale, il semble bien ressortir que l'animal est capable de réagird'une façon adaptée et de percevoir les rapports qui existent entre les composantes de son expérience. 2.

Ces expériences de laboratoires ne font d'ailleurs que confirmer des convictions fondées sur l'expérience vulgaire.N'est-il pas intelligent le chien qui sait ouvrir une porte ou gratter afin qu'on lui ouvre ? Ces bêtes ne manifestent-elles pas de l'intelligence lorsqu'elles jouent à se battre, faisant semblant de s'attaquer ?Il faut faire une mention spéciale des signes que se font certains animaux, en particulier les abeilles qui, lorsqu'ellesont repéré un centre d'approvisionnement facile, font en sorte que les récolteuses de la ruche s'y envolent en uneprocession ininterrompue.

Il y a de l'intelligence à se rendre compte de l'intérêt que présente pour la collectivité uneabondance de provisions.

Mais il y en a peut-être encore plus à savoir se faire comprendre et à comprendre lessignes donnés par les autres. B.

— En quoi elle diffère de l'intelligence humaine. Si nous pouvons dire de l'animal comme de l'homme qu'il est intelligent et qu'il comprend, nous sommes bien obligésde reconnaître qu'il ne comprend pas de la même manière et que son intelligence est essentiellement différente de lanôtre.A vrai dire, si nous avons l'intuition immédiate de notre propre activité mentale, de l'animal nous ne saisissons que lecomportement extérieur : nous disons qu'il comprend lorsqu'il réagit correctement à l'ordre que nous lui donnons;nous le jugeons plus ou moins intelligent d'après la rapidité et la sûreté de sa réaction en même temps que d'après lacomplexité de la situation à laquelle il doit faire face.

Tout naturellement nous lui prêtons une vue intuitive de labonne solution, mais en lui prêtant notre façon de penser.

Lui, à vrai dire, ne pense pas, et ses comportements lesplus intelligents en apparence 'peuvent s'expliquer par des processus mentaux d'un niveau inférieur. 1.

L'intelligence animale se réduit à un jeu d'associations sans qu'intervienne un jugement.

C'est un système fortcomplexe d'associations systématiques qui rend compte des exploits que, dans les cirques, les dompteurs fontaccomplir à leurs sujets : chez des animaux dits savants, la démonstration se déroule comme une suite de gestesdont l'un appelle l'autre, mais sans qu'ils en aient, non seulement une vue d'ensemble, mais encore une suite devues parcellaires.

A grand-peine on a créé chez eux un savoir-faire, qui a d'ailleurs toujours besoin de l'oeil vigilantdu maître.

Ils manquent d'un véritable savoir.

Ce qu'ils font, ils ne le pensent pas : c'est le dresseur qui l'a pensépour eux.Il en est de même des réactions intelligentes que l'animal a apprises sans le secours de l'homme.

Le chien n'a pasétudié le système de fermeture des portes pour voir comment elles peuvent s'ouvrir : seulement, ayant un jour, parhasard, appuyé sur la poignée, la porte s'est ouverte et ce souvenir lui revient lorsqu'il se trouve devant une portequ'il désirerait ouvrir.

Il en est de lui comme du bébé qui pleure d'abord parce qu'il souffre et qui, ses pleurs ayantprovoqué la venue de sa maman, pleure ensuite pour qu'on vienne ou pour obtenir ce qu'il désire. 2.

Des exemples nous permettent aussi de faire ressortir un autre caractère essentiel de l'intelligence animale : elleest toujours concrète et se rapporte à des besoins personnels d'ordre sensible.

L'animal ne cherche pas à connaîtreou à faire connaître, à comprendre ou à faire comprendre : ce sont ses désirs ou ses craintes qui s'expriment, ilsemble bien, par exemple, que les prétendus signes par lesquels les abeilles orientent leurs congénères vers lesfleurs les plus riches en pollen ne sont que des réflexes émotionnels.Il est bien vrai que les animaux supérieurs comprennent les signes que nous leur faisons.

Mais ces signes n'ont paspour eux le même sens que pour nous : ils sont associés à un geste à faire et l'animal n'y voit pas autre chose :pour lui ce ne sont que des signaux.Cette remarque nous aide à comprendre les singes que l'on a dressés à utiliser l'équivalent de nos signes monétaires,des jetons au moyen desquels ils peuvent se procurer à la cuisine ou à l'épicerie les friandises de leur goût.

Poureux, le jeton ne représente pas, comme pour l'enfant qui accumule des pièces dans sa tirelire, une valeur plus oumoins détachée, de l'usage que l'on peut en faire; il évoque une chose concrète, un morceau de sucre ou debanane; en ce sens, il appartient lui aussi à la catégorie des signaux.L'animal ne peut pas se hausser au niveau de l'idée.

Il en reste celui de l'image, et encore d'une image qui n'est quele prolongement immédiat de la perception : c'est ainsi que le singe est bien capable de déplacer une caisse pourl'amener au-dessous du fruit qu'il convoite, mais encore faut-il qu'elle se trouve dans le champ de sa vision actuelleet il n'ira pas la chercher au galetas.

Faute d'idée, l'animal n'a même pas le pouvoir d'imaginer, c'est-à-dire de sereprésenter des arrangements qu'il n'a pas vus et de créer du nouveau. 3.

Terminons par celte constatation frappante : cet art des réactions adaptés, qui lui a demandé un si longapprentissage, l'animal n'a pas l'idée de le communiquer à ses semblables ni même à ses petits; le chien savantn'éprouve nul besoin de faire accéder sa progéniture à son niveau.

L'intelligence animale n'est pas communicable.Les possibilités de l'homme sont plus limitées dans son action sur les animaux que dans son action sur la matièrebrute : il peut créer des machines à faire des machines; il ne peut pas dresser un chien à devenir dresseur dechiens.C'est que, à vrai dire, le chien savant ne sait pas qu'il sait; celui que nous disons intelligent se comporte comme s'ilcomprenait, mais il reste étranger au mode de compréhension de l'homme qui ramène un cas particulier à la loigénérale, quitte d'ailleurs à expliquer le général en se référant au particulier.. »

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