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L'opinion peut-elle être le guide du pouvoir politique?

Publié le 28/01/2005

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Si l'opinion est dans sa grande majorité raciste, le politique doit-il faire passer des lois racistes pour autant ? Ne doit- il pas plutôt faire face à cette tendance, en cherchant à l'expliquer ? Que signifie être un guide : la base du pouvoir, ou une référence que l'on ne peut ignorer ? En tant que référence, le pouvoir doit évidemment y faire attention, ne serait-ce que pour garder sa légitimité. Que serait un pouvoir politique qui ne tient aucun compte de l'opinion ? Mais si le politique est une simple réplique à l'opinion, alors il devient incohérent, puisque l'opinion est volatile, sujette à variation. Ne peut-on se demander si, au contraire, ce n'est pas le pouvoir qui modèle l'opinion, qui la guide ? I - QUELLE ANALYSE POUR CE SUJET ?Le sujet s'inscrit dans le cadre d'une réflexion sur les principes de la démocratie et sur les risques qui en découlent : démagogie, inconstance et inconsistance du pouvoir, irrationalité des décisions politiques. Les démocraties doivent résister à la tentation de suivre l'opinion dominante tout en prenant en considération les aspirations du peuple.

« C'est grâce à celui-ci que les mentalités progressent.

C'est la découverte capitale que Socrate a faite. Enfin l'opinion a un rôle essentiel de juge.

En appeler à l'opinion publique comme Zola dans "J'accuse" c'estsoumettre la politique au jugement de la société tout entière, afin que la société ne soit pas soumise à la politiquede quelques uns. B - CELA DIT, GOUVERNER AVEC L'OPINION CELA NE VEUT PAS DIRE SE CONFORMER A ELLE. Ainsi que l'a montré Platon, le politique doit guider la cité et non se laisser guider par elle. Il faut se méfier également de ceux qui prétendent gouverner par l'opinion car ils pervertissent alors l'idéaldémocratique en pure démagogie.

Le démagogue se fait le miroir des désirs collectifs afin de mieux séduire la cité. Enfin, il y a des dérives de l'opinion.

La foule a des réactions animales comme l'a montré Gustave Le Bon dans sapsychologie des foules. Le propre de la politique est d'aller contre ces dérives afin d'éduquer les hommes à la citoyenneté. C - IL FAUT DONC DEUX EXIGENCES EN DEMOCRATIE ET NON UNE. Rien ne se fait sans les hommes.

Il est donc nécessaire de gouverner avec eux. Mais gouverner avec ne veut pas dire laisser faire n'importe quoi.

Il y a des exigences à respecter, une raison dupolitique à construire. On sera donc d'autant plus avec les hommes qu'on sera contre la dérive de la démocratie en populisme.

Et àl'inverse, on sera d'autant plus politique qu'on ne gouvernera pas seul contre tous. Bref, la démocratie consiste à lutter contre le double danger : d'une part, du populisme qui confond le respect ou l'exigence majoritaire avec la loi qu'imposent ceux qui se fontentendre le plus fort. d'autre part, de la dictature illuminée d'un seul qui peut être inspirée par la raison mais ne satisfait pas l'exigence dereprésentativité propre à l'enjeu démocratique. III - LES REFERENCES UTILES. Contre les dérivés de l'opinion. PLATON, La République , 4 premiers livres.

Le Corgias . TOCQUEVILLE, De la démocratie en Amérique .Pour la défense de l'opinion. HABERMAS, L'espace public . Au philosophe allemand Jurgen Habermas (1929) revient le soin de traduire ces soucis dans les termes d'unedémocratie vivante.

Le concept d'espace public, grâce auquel il tente de penser l'érosion continue de la politiquemoderne, devient vite déterminant.

Si l'on entend par espace public l'ensemble des relations au coeur desquelless'accomplit, de façon vivante, une parole politique (et non les lieux publics), on aura sans doute compris que l'Étatdémocratique moderne souffre de le voir colonisé par les médias et les autres instances de confiscation de la parole(ou d'imprégnation de modèles figés).

Les citoyens se détournent de l'espace public parce qu'ils ne peuvent plus yêtre entendus, à défaut de le vivifier eux-mêmes.Malgré tout, ils disposent, par le langage, d'une puissance immanente de lien (il existe un lien incontournable entredes hommes qui ne sont pas des monades séparées), d'une puissance d'intersubjectivité, qu'il convient de fairevaloir (on parle et on vit ensemble).

La neutralisation de l'espace public dans la dispersion et la fluidité, l'espace dujournal ou de la télévision, de la place publique, voués à la seule coprésence et au côtoiement, les barrières mises àla proximité, l'opposition du quotidien et du spectaculaire, suspendent un échange appropriable par les citoyens(L'Espace public, 1962).Sur le modèle du langage, de l'intersubjectivité, la parole peut être à nouveau vivifiée dans un espace publicdécolonisé.

Il en découlerait que l'attention à autrui y trouverait de nouvelles exigences exercées contre ladésaffection par les citoyens des affaires publiques, que les hommes politiques se verraient soumis à des contrôles(obligés de convaincre, et non de persuader, toucher ou se faire voir/donner à voir dans les médias).En définitive, la philosophie politique se charge à nouveau de l'horizon du droit : la question n'est plus de savoir ce. »

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