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l'opinion se justifie-t-elle ?

Publié le 29/11/2005

Extrait du document

Fort peu. Dans le champ du social, comme dans celui de la méthode ou de la science, l'opinion conçue comme conjecture doit généralement être balayé. Il exprime un certain état de mon corps ou de mon milieu culturel. Que désigne l'opinion ? Un jugement recueilli par expérience, à partir d'un minimum d'élaboration personnelle, en bref un simple avis résultant de l'expérience ou d'une tradition. Donc cette forme de connaissance purement empirique semble avoir tort. On pourra aussi argumenter cette thèse avec la thèse platonicienne en faisant valoir l'opposition entre opinion et Idée: Pour Platon, comme pour Socrate, l'opinion est vide de sens, elle ne traduit que l'intérêt, le désir, le caprice. Il faut lui substituer le concept (l'idée). La parole est l'outil de la justesse et de la justice dont on mésuse en en faisant l'outil de l'opinion. Grâce à la dialectique - cette entreprise critique radicale - le philosophe - ce spécialiste compétent - fait de la parole le seul usage qui soit conforme : ordonner le réel, harmoniser les rapports entre les hommes en les rendant intelligibles.

L'opinion, ce jugement intermédiaire entre l'être et le néant, la connaissance et l'ignorance, mais aussi l'énoncé dominant dans une société (opinion publique) se trompe-t-elle toujours ? L'opinion est-elle toujours dans l'erreur ou n'existe-t-il pas d'opinion droite ? Ne peut-elle pas alors se situer dans le cheminement dialectique vers le vrai ? N'est-elle pas une étape intermédiaire et nécessaire pour atteindre l'absolu ? A mi-chemin entre le faux et le vrai ?  Y a-t-il de "bonnes" opinions, accompagnées de raison ? A côté du certain, n'y a-t-il pas du vraisemblable et du probable ? Platon ne parlait-il pas d'opinion droite ? Qu'en est-il ?

« Transition. Toutefois, si l'opinion désigne un état intermédiaire, ne peut-elle mériter aussi, sous un angle, le nom deconnaissance ? A-t-elle toujours nécessairement tort ? Doit-on penser qu'il faille détruire l'opinion ignorant toutepensée véritable ? B.

L'opinion, faculté située entre deux extrêmes, n'est pas totalement inadéquate. Liée à la connaissance empirique, à la puissance du sensible, des sens et de la tradition, l'opinion est-elle, dans tousles cas et toujours, de manière nécessaire, rigoureusement condamnable ? Certes, elle peut aboutir à l'absencetotale de critique et s'accompagner de l'ignorance de soi-même mais, sous un autre angle, elle exprime le premierniveau de la vérité et au moins un cheminement initial dans la dialectique et la formation du vrai.Ainsi, dans l'Antiquité grecque, Platon, opposant opinion et science, établit le statut de l'opinion, statut qui marqueencore notre pensée et qui ne conduit pas à une condamnation radicale de l'opinion.

Toute la philosophie seconfond, en un sens, avec l'itinéraire de la dialectique : avec une montée progressive vers le vrai.

La pensée s'élèveainsi de l'opinion (la doxa), énoncé non justifié par un raisonnement rigoureux, mélange de vérité et d'erreur, sorted'intermédiaire entre le néant total et ce qui est, jusqu'à un savoir d'ordre intelligible et justifié en raison.

C'est cequ'exprime le célèbre Mythe de la caverne : notre monde sensible n'est qu'apparence, par rapport aux vraiesréalités.

L opinion désigne une connaissance inférieure, portant sur les objets du monde sensible.Or la doxa a-t-elle nécessairement tort ? Nullement.

Notre monde empirique et les jugements qui s'y rapportentacquièrent un sens à travers le mouvement de transcendance vers les essences, ces réalités idéales qui sauvent les phénomènes.

L'opinion n'est pas un néant, puisqu'elle exprime le premier niveau du vrai, la première prise deconscience du réel.

L''opinion saisit, encore très mal, le vrai et elle incarne le premier niveau du savoir.

Dans lamesure où le sensible est lui-même sauvé par l'Idée, qui lui donne sens, on peut dire que l'opinion n'a pasnécessairement tort puisqu'elle est passage vers le vrai, vers les essences mathématiques, vers les Idées et le Bien. Transition L'opinion, finalisée par l'Essence, son but ultime, mérite peut-être aussi le nom de connaissance.

Mais, dès lors, nepeut-on la fonder philosophiquement de manière encore plus rigoureuse ? C.

Les mille facettes de la vérité : le vrai, le vraisemblable, le probable. Si l'opinion est une croyance qui a conscience d'être insuffisante tant subjectivement qu'objectivement mais quitoutefois n'a pas nécessairement tort puisqu'elle incarne le premier chemin du vrai, ne faut-il pas la saisir dans sonmouvement fondateur ? Nous dirons que l'opinion se fonde dans le vraisemblable.

Le vraisemblable et l'utile, tels sontles deux soubassements de l'opinion.Le vraisemblable, c'est ce qui paraît vrai, ce qui comporte une apparence de vérité.

Or je puis parfois fonder ma viesur des hypothèses vraisemblables : par exemple, si j'ai tel niveau universitaire, je ferai, vraisemblablement, unecarrière honorable.

Rien ne peut me le prouver, mais dans le domaine existentiel, je puis m'appuyer sur cette idée.Donc, il existe le vrai, mais aussi le vraisemblable et le probable, rapport du nombre de cas favorables au nombretotal d'événements.

De ce point de vue, l'opinion est un fragment de la vérité se fondant sur le vraisemblable.

Ellen'a pas nécessairement tort.

L'opinion est affectée d'un indice de probabilité.Mais elle se fonde aussi sur l'utile et le pratique, elle désigne les objets par leur utilité, leur coefficient pratique : cetobjet sensible granuleux permet à mon corps de se nourrir; ce liquide empêche ma déshydratation.

Si l'opinions'interdit de connaître les objets, elle exprime des besoins et les traduit.

De ce point de vue, elle n'a pasnécessairement tort.

Peut-on avoir une opinion en matière scientifique ? Non car science et opinion ne sont pasidentiques.

Toutefois, apparentée au vraisemblable, l'opinion représente un assentiment portant sur une facette duvrai.

Elle se lie au vraisemblable, au probable et à l'utile.

Elle peut jouer un rôle dans la vie publique sous sa facettepolitique (cf.

le sondage, qui exprime un peu une opinion politique intermédiaire). 3) Conclusion L'opinion n'a pas nécessairement tort car la vérité n'est pas un absolu.

Il existe mille facettes du vrai.

Alors quepenser, c'est exercer une activité de type rationnel, se référer à l'opinion, c'est légitimer le vraisemblable et leprobable, qui ont leur place dans toute notre vie, pétrie d'utilité parce que l'homme est un être incarné.. »

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