Devoir de Philosophie

Lorsque les animaux parlent, disent-ils la même chose que nous ?

Publié le 29/11/2005

Extrait du document

Le sujet repose sur deux ambiguités qu'il s'agit avant tout d'éclaircir. Premièrement, il présuppose que les animaux parlent, en employant le terme "lorsque" et non "si". Or il n'est nullement évident que la parole puisse être attribuée aux animaux. Certes, nous remarquons chez eux un système de communication parfois assez élaboré, que ce système soit phonatoire, gestuel ou autre. Mais il est nécessaire de distinguer ce qui relève, chez l'animal du simple signal, et chez l'homme du signe. En effet, là où le signal dans la communication animale, renvoie à et vise une réaction physique fixe et instinctive, le signe employé dans le langage humain vise une réalité que est déjà pensée sous la forme du concept. Le signe humain vise ainsi une pensée consciente, douée d'une rationnalitée développée et de la capacité d'associer des concepts abstraits. Plus encore, là où l'ensemble des signaux employés dans la communication animale est fixe, le langage humain est conditionné par notre capacité à comprendre les signes de manières diverses, de jouer sur les différents aspects de ces derniers, voire d'en inventer de nouveaux. Le simple fait que les humains aient plusieurs langues, là où au sein d'une même espèce animale, nous ne rencontrons qu'un système fixe de communication par signaux montre que ces deux réalités sont essentiellement différentes. C'est le langage, comme système mobile de signes renvoyant à une perfectibilité, à une conscience capable de se déterminer par rapport à un sens arbitraire et multiple, qui caractérise justement l'homme au sein du monde animal. Ainsi, alors que l'homme dit dans le langage ce qui le constitue comme tel, c'est-à-dire y exprime sa pensée, l'animal lui, ne dit rien et ne fait que communiquer des réalités sous la pression du besoin (protection contre un danger souffrance, rut, faim). Cependant, la deuxième ambiguïté du sujet vient poser ici une question intéressante. En effet, le sujet présuppose que l'homme n'est pas un animal dans la mesure où il pose deux entités, sous les termes "les animaux" et "nous". Or, malgré ce que nous venons d'exposer sur la différence entre communication animale et langage humin, il ne faut pas oublier que l'humain est une espèce du genre animal. Sa spécificité ne l'empêche pas de partager avec lui le fait d'être un être d'abord sensible. Et bien que l'expression du sensible dans notre langage se fasse de manière différente que celle des animaux, nous ne pouvons nier que certaines expression employées par les hommes dans la douleur notamment nous rattachent à l'animalité. Ainsi, le sujet, s'il demande de poser une distinction très nette entre l'hommme et l'animal sur la question de la communication, invite peut-être aussi à nous demander si tout langage humain n'a pas en lui un fond (gestuel, instinctif) qui le renvoie à son appartenance à l'animalité comme genre. Dès lors, il est possible d'envisager, malgré les nettes différences exposées la possibilité d'une forme de compréhension non pas de l'homme par l'animal mais de l'animal par l'homme qui se lit notamment dans la sympathie (souffrir avec) que nous éprouvons à leur égard. Plus qu'un anthropomorphisme, il s'agirait du rappel d'une communauté originaire, particulièrement sensible dans l'expression de la souffrance chez les animaux. C'est d'ailleurs sous cet angle qu'une position éthique vis-à-vis de l'animal semble possible.

« 2) La communication animale repose en outre sur des signaux fixes là où le langage révèle la capacité humaine d'associer des idées,d'interpréter des signes et de fonctionner avec des termes ambigus, voire nouveaux.

Le terme de parole désigne ainsi l'aspectpersonnel, et empreint de liberté du langage.

Ainsi, les animaux communiquent mais ne parlent pas, ne disent rien, dans la mesure oùle dire est signe de la conscience, de la pensée et de la liberté vis-à-vis de la détermination de la nature, ce qui définit justementl'homme comme espèce particulière au sein du genre animal. Si [...] les fourmis, par exemple, ont un langage, les signes qui composent ce langage doivent être en nombre bien déterminé, et chacun d'euxrester invariablement attaché, une fois l'espèce constituée, à un certain objet ou à une certaine opération.

Le signe est adhérent à la chosesignifiée.

Au contraire, dans une société humaine, la fabrication et l'action sont de forme variable, et, de plus, chaque individu doit apprendre sonrôle, n'y étant pas prédestiné par sa structure.

Il faut donc un langage qui permette, à tout instant, de passer de ce qu'on sait à ce qu'on ignore.

Ilfaut un langage dont les signes - qui ne peuvent pas être en nombre infini - soient extensibles à une infinité de choses.

Cette tendance du signe àse transporter d'un objet à un autre est caractéristique du langage humain.

On l'observe chez le petit enfant, du jour où il commence à parler.

Toutde suite, et naturellement, il étend le sens des mots qu'il apprend, profitant du rapprochement le plus accidentel ou de la plus lointaine analogiepour détacher et transporter ailleurs le signe qu'on avait attaché devant lui à un objet.

" N'importe quoi peut désigner n'importe quoi ", tel est leprincipe latent du langage enfantin.

On a eu tort de confondre cette tendance avec la faculté de généraliser.

Les animaux eux-mêmes généralisent,et d'ailleurs un signe, fût-il instinctif, représente toujours, plus ou moins, un genre.

Ce qui caractérise les signes du langage humain, ce n'est pastant leur généralité que leur mobilité.

Le signe instinctif est un signe adhérent, le signe intelligent est un signe mobile.

Bergson Tout animal a des idées puisqu'il a des sens, il combine même ses idées jusqu'à un certain point, et l'homme ne diffère à cet égard de la bête quedu plus au moins.

Quelques philosophes ont même avancé qu'il y a plus de différence de tel homme à tel homme que de tel homme à telle bête ; cen'est donc pas tant l'entendement qui fait parmi les animaux la distinction spécifique de l'homme que sa qualité d'agent libre.

La nature commande àtout animal, et la bête obéit.

L'homme éprouve la même impression, mais il se reconnaît libre d'acquiescer, ou de résister ; et c'est surtout dans laconscience de cette liberté que se montre la spiritualité de son âme : car la physique explique en quelque manière le mécanisme des sens et laformation des idées ; mais dans la puissance de vouloir ou plutôt de choisir, et dans le sentiment de cette puissance, on ne trouve que des actespurement spirituels, dont on n'explique rien par les lois de la mécanique.

ROUSSEAU Radicale est la différence entre la conscience de l'animal, même le plus intelligent, et la conscience humaine.

Car la conscience correspondexactement à la puissance de choix dont l'être vivant dispose ; elle est coextensive à la frange d'action possible qui entoure l'action réelle :conscience est synonyme d'invention et de liberté.

Or, chez l'animal, l'invention n'est jamais qu'une variation sur le thème de la routine.

Enfermédans les habitudes de l'espèce, il arrivera sans doute à les élargir par son initiative individuelle ; mais il n'échappe à l'automatisme que pour uninstant, juste le temps de créer un automatisme nouveau : les portes de sa prison se referment aussitôt ouvertes ; en tirant sur sa chaîne il neréussit qu'à l'allonger.

Avec l'homme, la conscience brise la chaîne.

Chez l'homme, et chez l'homme seulement, elle se libère.

Bergson 3) Cependant, nous faisons bien partie du genre animal.

Dès lors, il est possible de noter les remarques suivantes: Notre langage se base sur un système d'habitudes certes spécifique mais qui reste parent avec une forme d'instinct. a. L'usage qu'un homme fera de son corps est transcendant à l'égard de ce corps comme être simplement biologique.

Il n'est pas plus naturel ou pasmoins conventionnel de crier dans la colère ou d'embrasser dans l'amour que d'appeler table une table.

Les sentiments et les conduitespassionnelles sont inventés comme les mots.

Même ceux qui, comme la paternité, paraissent inscrits dans le corps humain sont en réalité desinstitutions.

Il est impossible de superposer chez l'homme une première couche de comportements que l'on appellerait « naturels » et un mondeculturel ou spirituel fabriqué.

Tout est fabriqué et tout est naturel chez l'homme, comme on voudra dire, en ce sens qu'il n'est pas un mot, pas uneconduite qui ne doive quelque chose à l'être simplement biologique - et qui en même temps ne se dérobe à la simplicité de la vie animale, nedétourne de leur sens les conduites vitales, par une sorte d'échappement et par un génie de l'équivoque qui pourraient servir à définir l'homme.Merleau-Ponty Si l'animal ne peut pas comprendre ce que nous disons, nous pouvons néanmoins, sur le fond de notre communauté avec eux, comme êtressensibles, reconnaître leur besoins physiques et, notamment, leur souffrance.

Sur la base de cette reconnaissance d'un "même” originairepeut peut-être se constituer une position éthique vis-à-vis de l'animal. b. Émile, ayant peu réfléchi sur les êtres sensibles, saura tard ce que c'est que souffrir et mourir.

Les plaintes et les cris commenceront d'agiter sesentrailles ; l'aspect du sang qui coule lui fera détourner les yeux; les convulsions d'un animal expirant lui donneront je ne sais quelle angoisseavant qu'il sache d'où lui viennent ces nouveaux mouvements.

S'il était resté stupide et barbare, il ne les aurait pas; s'il était plus instruit, il enconnaîtrait la source : il a déjà trop comparé d'idées pour ne rien sentir, et pas assez pour concevoir ce qu'il sent.

Ainsi naît la pitié, premiersentiment relatif qui touche le coeur humain selon l'ordre de la nature.

Rousseau Conclusion .

La communication animale est essentiellement différente du langage qui reste le propre de l'epèce humaine.

En effet, c'est dans le langage que se révèlent non seulement la conscience et la rationnalité humaines mais également la capacité de l'homme à se déterminer, à dépasserles formes fixes de l'instinct.

Cependant, l'homme reste une espèce du genre animal.

C'est sur le principe de ce "même” qu'évoque le sujet, de cettecommunauté, que peut se comprendre le fait que nous pouvons reconnaître certains besoins des animaux et que leur souffrance sensible, nousrenvoyant à la nôtre, nous semble intolérable et éthiquement condamnable.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles