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L'unanimité est-elle la base de l'ordre social ?

Publié le 05/04/2005

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En effet, elles ne seraient pas exemptes de conflits et il faudrait accepter qu'elles ne soient que des sociétés imparfaites. On voudrait pouvoir espérer quelque chose de plus achevé que cela. b) Nous pouvons trouver chez Kant des réponses à ces espérances. D'après lui, la nature de l'homme est celle de l'insociable sociabilité. Celle-ci consiste en cela que l'homme recherche la vie en communauté, mais en même temps ne peut s'empêcher de se préférer aux autres et de servir son moi aux dépens de la collectivité. Cette contradiction interne permet l'évolution et la conservation et constitue un moteur naturel de  l'histoire de l'humanité. Il écrit dans Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique (4e proposition) : « La nature a voulu que l'homme tire entièrement de lui-même tout ce qui dépasse l'ordonnance mécanique de son existence animale, et qu'il ne prenne part à aucune félicité ou perfection que celles qu'il s'est lui-même créées, indépendamment de l'instinct, par sa propre raison. » Si l'homme est ainsi tiraillé par cette insociable sociabilité, c'est par ailleurs parce que la nature lui a assigné un but, et que ce but est la culture. Cet avènement de la culture serait d'après ce philosophe un processus progressif. La culture serait le fruit d'un progrès qui passerait par l'avènement du droit.

Fonder la société sur l’unanimité impliquerait que l’on puisse trouver dans le concept d’unité le ciment assurant la cohésion sociale. Mais cela apparaît presque comme contradictoire, car l’objectif de la société semble résider dans la division du travail, or, tout corps de métier ayant son propre « esprit de corps «, il semble difficile que tous expriment la même opinion : ne considère-t-on pas en effet que la société existe pour lier entre eux des individus qui diffèrent et se complètent ? Par ailleurs, ces divergences d’intérêt ne peuvent légitimement mettre en péril cette société qui les fonde : des dissensions trop marquées charrieraient avec elles l’anomie sociale, mettant ainsi en péril la société. Or, que deviendrait chacune de ces opinions isolées sans la société qui leur permettrait d’exister ? Le problème qu’il nous faudra résoudre consistera à savoir dans quelle mesure il est possible d’assurer la cohésion sociale  sans faire perdre tout sens à la société.

« 2. des hommes, mais les reçoit de la nature pour en faire usage » ( Politiques , I, 10, 1258a21-23).

Ainsi semble-t-il vain de vouloir absolument créer une unité là où il n'y a que des individus.

Et si la nécessité des conventions indique bienqu'une telle unité est irréelle, placer toute ses attentes dans l'artificielle unanimité à laquelle donnerait lieu cesconventions semble bien plutôt relever de l'acte de foi que de la sagesse politique.b) Aristote affirme par ailleurs que la société ne doit pas viser une unité totale, car une telle unité dissoudrait ladiversité existant entre les parties qu'elle réunirait et n'atteindrait ainsi pas à l'autonomie nécessaire à toute cité.Pour Aristote, il faut maintenir les différences au sein de la société et non essayer de faire comme si ces différencesn'existaient pas.

Ce sont justement ces différences qui constituent la complémentarité, et qui permettent que lesindividus s'apportent des choses les uns les autres.

Dans une société où chacun est utile à autrui, l'ordre se fait jourde lui-même et l'on trouve alors bien moins de raisons de conflits.

Il ne faut donc pas chercher à abolir lesdifférences, mais à partager celles-ci.c) Comme ces différences relèvent d'orientations individuelles des citoyens en vertu de leurs intérêts privés, il estfatal que celles-ci génèrent tout de même tôt ou tard quelques conflits d'intérêts.

Mais de tels conflits sont unmoindre mal.

En effet, mieux vaut prendre en compte de manière réaliste ces différences individuelles en essayantde les harmoniser au sein de la société, que de se laisser bercer par l'illusion qu'on pourrait changer la naturehumaine et forcer l'humanité à l'unanimité.

Chasser la nature humaine mène en effet toujours à des catastrophes caron ne peut empêcher tôt ou tard que « le naturel revienne au galop », comme en témoignent les différentessociétés dans lesquelles la censure opère pour donner l'illusion d'une unanimité.

Ces sociétés présentent en fait leterreau le plus fertile à la guerre civile, car la réalité finit par surgir avec fracas et le ressentiment de ceux qu'on afait taire anime la haine.

Dans un tel ordre d'idées, la base de l'ordre social serait plutôt la complémentarité quel'unanimité.

Transition : Cette réponse ressemble cependant à un pis-aller.

Ne pourrait-on espérer plus que cette complémentarité partielle ? L'insociable sociabilité et le progrès de la culture.

3. a) On peut légitimement considérer que de telles sociétés, basées sur la complémentarité, ne font guère rêver.

Eneffet, elles ne seraient pas exemptes de conflits et il faudrait accepter qu'elles ne soient que des sociétésimparfaites.

On voudrait pouvoir espérer quelque chose de plus achevé que cela.b) Nous pouvons trouver chez Kant des réponses à ces espérances.

D'après lui, la nature de l'homme est celle del'insociable sociabilité.

Celle-ci consiste en cela que l'homme recherche la vie en communauté, mais en même tempsne peut s'empêcher de se préférer aux autres et de servir son moi aux dépens de la collectivité.

Cette contradictioninterne permet l'évolution et la conservation et constitue un moteur naturel de l'histoire de l'humanité.

Il écrit dansIdée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique (4e proposition) : « La nature a voulu que l'homme tire entièrement de lui-même tout ce qui dépasse l'ordonnance mécanique de son existence animale, et qu'il neprenne part à aucune félicité ou perfection que celles qu'il s'est lui-même créées, indépendamment de l'instinct, parsa propre raison.

» Si l'homme est ainsi tiraillé par cette insociable sociabilité, c'est par ailleurs parce que la naturelui a assigné un but, et que ce but est la culture.

Cet avènement de la culture serait d'après ce philosophe unprocessus progressif.

La culture serait le fruit d'un progrès qui passerait par l'avènement du droit.

Cette conceptionde la culture permet de rendre compte du fait que la nature ait voulu que l'homme soit à la fois un animal social,mais également qu'il n'existe pas de société sans conflits.c) Mais cette théorie kantienne permet aussi d'espérer que cette société puisse aboutir à une forme d'unanimitésous le signe de la culture.

En effet, le chaos apparent des individualités ne donne pas un bon aperçu de la réalitéhumaine.

L'histoire de l'humanité prise dans sa globalité manifeste une certaine cohérence qui s'incarne dans letriomphe de la culture et qui s'incarne dans le fait que l'homme apprend à user de sa raison.

D'après Kant, à l'échellede tous les hommes, ce progrès de la culture produira une unification politique de l'humanité.

La Raison nous montreen effet que la guerre est néfaste, aussi peut-on attendre de l'espèce humaine qu'elle renonce à la guerrepuisqu'elle s'achemine petit à petit vers le règne de la Raison.

Ceci se manifestera dans la création d'une société desNations visant à assurer la paix collective.

Paradoxalement, on peut donc considérer avec Kant que la base del'ordre social est également son objectif : la culture.

En effet, si l'insociable sociabilité est la raison d'être de lasociété, elle ne prend sens que par rapport à la culture.

Comme la culture est quelque chose de progressif et qu'elleest ce vers quoi tend toute société, elle est la base d'une future société parfaite que l'homme construit depuistoujours.

L'ordre social est quelque chose qui est à atteindre, et qui sera atteint lorsque sera édifiée sa basenécessaire qui est la culture.

Conclusion : Dans une première partie, nous avons avec Platon et Pascal tenté de penser l'ordre social fondé sur l'unanimité.Nous avons montré avec Aristote les manques d'une telle doctrine et avons par conséquent conclu que l'ordre socialdevait se baser sur la complémentarité.

Insatisfaits par ce compromis aristotélicien si imparfait, nous avons vu avecKant que l'ordre social était le résultat d'un processus fondé sur l'insociable sociabilité, et que ce processus devaitpermettre l'avènement de la culture entendue comme base de l'ordre social.. »

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