Devoir de Philosophie

MACHIAVEL (1469-1527) Rarement vit-on oeuvre plus secrète que celle de Machiavel : la résonance de ses écrits semble aller de pair avec leur ambiguïté : Discours sur Tite-Live, le Prince.

Publié le 21/10/2012

Extrait du document

machiavel
MACHIAVEL (1469-1527) Rarement vit-on oeuvre plus secrète que celle de Machiavel : la résonance de ses écrits semble aller de pair avec leur ambiguïté : Discours sur Tite-Live, le Prince. Victime de fluctuations politiques que toujours il voulut comprendre, mort dans l'adversité et presque inconnu, Machiavel n'avait-il pas cependant découvert les règles du jeu politique ? Il conçut la politique comme un ordre autonome et prétendit fournir une analyse « scientifique « de la société, théâtre où s'affrontent des forces qui ont leur source en l'homme et dont joue le Prince nouveau, lequel doit son pouvoir à sa science du maniement des hommes. Le politique est un technicien qui traite l'homme en objet. Un mot pourtant, entre autres, donne à réfléchir : Machiavel qualifie de « scélérats « les moyens dirigés contre le peuple. Par où l'on voit que le rôle du Prince s'inscrit dans la ligne générale de l'histoire, et que ce cynique était, au fond, un républi- cain. (H.D.) BOEHME Jacob (1575-1624) est traditionnellement considéré comme le dernier grand représentant du courant mystique qui commence en Allemagne avec Maître Eckhart, vers la fin du xme siècle. Il passa toute sa vie à Gôrlitz, en Lusace, où il naquit, s'établit maître cordonnier et mourut. De ses écrits (dont les principaux sont /'Aurora de 1612 et la Christosophia de 1624) se dégage une doctrine difficile à caractériser, où l'on retrouve tout à la fois la théologie de Jean Eckhart, l'influence de la Bible et du luthéranisme, mais aussi celle, non moins importante, des Alchimistes et de Paracelse. Une des idées maîtresses de Boehme demeure toutefois l'insuffisance de la thèse luthérienne du salut par intervention de la Grâce seule; le salut présuppose pour Boehme une régénération intérieure de l'homme que peut seule procurer une méditation approfondie sur Dieu et sur la création. Il est naturel, dans ces conditions, que l'on aboutisse à une véritable théosophie, d'ailleurs plus proche du mythe que de la réflexion philosophique. Jacob Boehme, qui croit fermement que l'illumination divine vient habiter l'âme de l'homme désireux de comprendre la volonté de Dieu, trouve son point de départ dans une théologie négative proche de celle de Maître Eckha rt: au début est Dieu, mais il échappe à toute qualification, il n'a ni nature, ni penchant, ni nom: au regard de la créature il semble un néant. Dès lors, le problème de Boehme est d'expliquer comment cet « Abîme infini « a pu se manifester et devenir ce Dieu concret, personnel, qui a créé le monde. Boehme voit Dieu comme une violence d'être absolue qui jaillit de l' « Ungrund « originel; « le oui suppose le non «, répètera-t-il inlassablement. De cette volonté d'être, Boehme déduit symboliquement la Trinité (la volonté, le coeur et l'entendement divins), et la Nature (Trinité infinie, Dieu veut se percevoir dans sa parfaite unité et y parvient en produisant la Nature). Puis, se fondant sur Paracelse, Boehme décrit les sept propriétés fondamentales qui constituent la Nature visible dans sa richesse infinie. Dans le Cosmos ainsi réalisé une double création a eu lieu : d'abord le monde parfait des Esprits détruit après la révolte de Lucifer, puis le monde actuel où règne l'homme. Perverti par Lucifer, l'homme s'est abaissé au rang de la bête, et seule une vie réglée sur l'exemple du Christ peut lui assurer le salut. C'est qu'en l'homme coexistent deux âmes: une âme sensitive périssable et impu...
machiavel

« de Dieu, et que la religion vient couron­ ner, plus proche de la « constance » des Stoïciens que de l'équilibre intérieur auquel Montaigne voulut atteindre.

Morale que Descartes et les jansénistes appré­ cieront, mais qui valut à son auteur d'être accusé d'athéisme.

( H.D.) SAINT JEAN DE LA CROIX ( 1542-1591) se voua, après ses études littéraires, à l'œuvre de riforme du Carmel entreprise par sainte Thérèse d' Avila.

Mais son activité répondait à l'exigence mystique la plus radicale : en lui, la Foi se sépare de la méditation philosophique avec laquelle elle avait cohabité durant tout le Moyen Age.

Jean de la Croix découvre les voies d'une connaissance au-delà (ou en-deçà?) de toute rijlexion, de toute perception, d'une quête que nulle découverte ne saurait achever.

L' expé­ rience mystique se vide ici de tout contenu, prend pour objet sa propre forme, devient expérience -et critique - de l'expé­ rience même et de ses conditions, expérience qui ne s'atteint elle-même qu'à travers l'acte d'expression, dans et par le poème La Montée du Carmel, la Nuit Obscure.

La vérité s'identifie au chemin abrupt, qui est aussi celui de la création poétique, par où l'âme rejoint la nuit première, s'abîme jusqu'à n'être plus que Dieu.

( H.D.) LIPSE Juste (1547-1606) né dans le Brabant, avait été élève de l' Université de Louvain, après avoir étudié chez les Jésuites de Cologne.

Il séjourna à Rome (auprès du cardinal de Granvelle), puis en Allemagne, où il abjura le catholicisme.

Lipse enseigna successivement aux Universités d'Iéna, de Leyde et de Louvain, où il mourut dans la communion catholique.

On lui doit de nombreuses éditions des auteurs latins et deux traités : Politicorum sive civilis doctrime ( 1 589) et De una religio ( 1590) : « Il n y a qu'une secte ...

la secte éclectique ...

compagne de la vérité ».

GUILLAUME DU VAIR ( 1556-1621) présidait le parlement de Provence en 1595; il avait été tour à tour conseiller au Parlement (1586), garde des Sceaux (1616) et fut nommé évêque de Lisieux en 161 7; il mourut à Tonneins, sur le chemin du siège de Nérac, où il accompagnait Louis XIII qui l'avait ànobli.

Il est connu par une estimable traduction du Manuel d'Epictète et ses ouvrages : Traité de la Constance, La Sainte Philosophie, La philoso­ phie morale des stoïques, ont large­ ment influencé Pierre Charron pour son traité : De la sagesse.

BRUNO Giordano (1548-16oo) Jeune moine dominicain, Giordano Bruno s'échappe très vite pour connaître le monde.

Séduit quelque temps par la Riforme, il se sent loin pourtant du rigorisme genevois, et c'est moins la foi luthérienne qui lui importe qu'une sorte de communion lyrique avec un Dieu immanent à la grande Nature.

Enthousiaste de Nicolas de Gues, il sait que le monde n'a plus ni centre ni circoriférence, mais, pour lutter contre l'ancienne cosmologie, il se fait le héraut du système copernicien, qu'il défend avec fougue, mêlant le sarcasme à la mathématique, dans une langue drue, de saveur napolitaine.

Ce n'est pas en Italie pourtant qu'il trouvera audience.

Protégé par l' ambas­ sadeur de France Castelnau, il écrit à Londres, puis à Zurich, ses œuvres les plus significatives, en italien d'abord, puis en latin, dialogues sur l'univers et sur l'amour, et finalement une Somme des termes métaphysiques par la­ quelle, disciple de Lulle, il prépare Leibniz.

Revenu imprudemment en Italie, Bruno tombe entre les mains de l'Inquisition; jeté en prison à quarante-cinq ans, il sera brûlé vif en 16oo, sans avoir pu constituer un véritable « système ».

Mais il se peut que ses suggestions éparses aient plus de sens qu'un bel édifice de concepts.

Au reste, rien n'est tout à fait nouveau dans sa pensée, sinon le style, proprement inimitable.

Les Pytha­ goriciens, et surtout les derniers Plato­ niciens lui ont fourni le thème de base : Dieu est l' Unité qui engendre toute unité.

La formule avait traîné dans maints écrits médiévaux; mais Bruno est plus sensible que personne à la richesse infinie de la source première, au cha­ toiement d'un univers tout entier pénétré d'une force sans limites.

C'est au cardinal de Gues qu'il emprunte sa conception de la puissance : matière et forme participent au même dynamisme, qui est à la fois pouvoir de faire et possi­ bilité de devenir.

Mais, tout disciple de Copernic qu'il se veut, le Nolain est bien plus loin que le Cusain d'une science de type galiléen ou cartésien.

Comme les Platoniciens, il voit dans les astres des âmes vivantes, qui participent, mieux que les nôtres, à l'effusion cosmique du « primo intelletto ».

Le paradoxe est d'emprunter aux Anciens une vision qui n'a de sens que pour la cosmologie finitiste de Ptolémée, qui pourrait sans doute s'accorder à une perspective hélio­ centrique, mais à condition justement de rénover les vieilleries pythagoriciennes sur le Feu central.

Bruno est trop nourri de cusanisme pour céder à cette tentation; mais, si les astres ne sont plus ordonnés, dans leur ronde éternelle, autour d'un centre fixe, si leur mouvement ne dépend plus de la rotation parfaitement simple d'un premier ciel, comment Jaire d'eux les transmetteurs divins de l'intelligible? En suggérant quelque part que la terre a moins de prix que l'homme, car elle ressemble à « l'âne qui porte le saint sacrement », Bruno retrouve pourtant le thème central de l'humanisme cusanien; et Cassirer lui fait hommage d'une vision du monde où le vrai centre divin serait l'homme lui-même.

Il faut con­ venir qu'elle n'est qu'en germe dans son œuvre, et que les résidus du platonisme ont très souvent stérilisé les intuitions d'un moine errant, qui fut en même temps l'un des poètes les plus vigoureux de la Renaissance italienne.

MAURICE DE GANDILLAC CAMPANELLA Thomas ( 1568-1639) On lit peut-être moins la Cité du soleil que l'Ile d'Utopie, mais le domini­ cain calabrais passe communément pour un esprit chimérique.

Son utopisme pourtant est plus « moderne » que celui de Thomas More, car, s'il rêva, comme tant d'autres en son temps, d'une unifica­ tion religieuse et politique du monde, il sut ouvrir les yeux sur son siècle et décou­ vrir ce qui échappait à beaucoup : la promesse d'un progrès fondé sur le travail de l'homme, sur l'avancement des sciences, sur le triomphe de la technique.

Entré très jeune chez les dominicains, brûlé d'une ardente soif de savoir, il lutte, avec son maître Telesio, contre l'aristotélisme dominant, mais son vita­ lisme biologique, qui accueille des élé­ ments magiques et réhabilite l'astrologie, fait place pourtant à des observations plus scientifiques.

Comme le Cusain, il oppose le livre de la Nature aux opinions des doctes et veut que la philosophie « se démontre par les sens ».

Mais, soucieux d'échapper à un pur « sensualisme », il prépare Descartes en empruntant à saint Augustin le primat du Cogito.

Son médium, il est vrai, est moins l'Idée de Dieu que l'existence même d'un Univers où Campanella retrouve, comme dans l'âme individuelle, l'immanence d'une Trinité définie comme Puis­ sance, Sagesse et Amour.

Rifusant avec Plotin le dualisme des Gnoses, il découvre jusque dans la matière un désir de plénitude, qui justifie les aspects optimistes de son œuvre politique.

Aussi bien est-ce par une entreprise étrangement prématurée que s'inaugure sa vie publique.

Après dix ans de voyages à travers l'Italie, le dominicain de Stilo, revenu au pays natal, prend la tête vers 1599 d'une révolte popu­ laire, dont les meneurs sont presque tous des moines.

Les astres ont parlé, l'heure est venue de chasser le vice-roi de Naples et d'instaurer l'Eglise évangé­ lique.

Les Turcs sont bien de cet avis et fournissent des armes aux insurgés.

Les «forces de l'ordre » l'emportent et le moine révolutionnaire connaît la longue épreuve des prisons espagnoles.

C'est là que, vingt-sept ans durant, il compose des poèmes et des sommes philosophiques, toujours corifiant dans son étoile et fier d'une mission qui consiste, comme il l'écrit lui-même dans un très beau sonnet, à « déraciner 1 'ignorance ».

Libéré à la mort du roi Philippe III d'Espagne, Campanella s'installe à Rome et conçoit le grand dessein politique dont on trouve l'ébauche dans ses Discours aux princes d'Italie.

Impressionné par les conquêtes espagnoles au-delà des océans, le moine calabrais s'imagine que Madrid est destinée à unifier le monde.

Encore faut-il que les rois catholiques sachent apprécier leurs sujets italiens et collaborent avec les papes humanistes.

Espoirs chimériques, naturellement.

A Rome même, Campanella se sent suspect; c'est rifugié en France qu'il écrira sa Cité du soleil, étrange cité théocratique gouvernée par des prêtres philosophes qui seront en même temps médecins et ingénieurs.

Sur les murs de la ville, de. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles