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MACHIAVEL: La fortune et la virtu, de la prévision en politique

Publié le 05/01/2010

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La fortune est femme. MACHIAVEL

  Machiavel (1469-1527) est conseillé politique de la ville de Florence, à une époque où elle est menacée par des crises intérieures, mais aussi par les royaumes voisins. Ces derniers n'hésitent pas à s'allier à la France et à l'Espagne pour affronter Florence, se pliant ainsi à la convoitise des deux grandes puissances étrangères. C'est pour éviter ce genre de crise et d'assujettissement que Machiavel écrit Le Prince qui soulève quelques paradoxes : dédicacé à Laurent de Médicis, il donne au prince des conseils des plus cyniques pour régner ; mais, en même temps, il dévoile au peuple les ficelles du pouvoir. On est donc à la fois dans la représentation et dans les coulisses du pouvoir.

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« l'Italie, qui est le siège de ces changements et qui leur a donné le branle, vous verrez qu'elle est unecampagne sans levées et sans aucune digue.

Que si elle se fut donné un rempart d'une force suffisante commel'Allemagne, l'Espagne ou la France, ou cette crue n'aurait pas fait les grands changements qu'elle a fait, ouelle ne se serait pas produite.

»Et voici l'idée de fortune contredite : la capacité des hommes à forger leur propre avenir est soit partielle (ilspeuvent minimiser les coups du sort) soit entière (les supprimer totalement).Cependant Machiavel fait rebondir la question en se demandant s'il vaut mieux, en politique, être prudent ouimpétueux.

En effet, le raisonnement précédent peut favoriser une illusion inverse de la croyance en la fortune: celle qui voudrait que les recettes ou des modèles d'action soient possibles : « Et l'on voit aussi, de deuxcirconspects, l'un parvenir à ses fins, l'autre non, et de même deux prospérer également par deux manières defaire différentes, étant l'un circonspect, l'autre impétueux : ce qui ne vient de rien d'autre que du caractèredes temps, qui se conforment ou non avec leurs procédés.

»On ne peut donner de modèle universel de l'action politique, qui vaudrait en tous temps et en tous lieux.

Ainsides procédés différents peuvent tous deux fonctionner, tandis que, appliqués à des contextes différents, lemême mode de comportement peut amener tout aussi bien à l'échec qu'à la réussite.Machiavel veut rappeler tout d'abord la nécessité d'insérer l'action dans son contexte historique propre puisqueréussite ou échec « ne viennent de rien d'autre que du caractère des temps, qui se conforment ou non avecleurs procédés ».Plus profondément, l'action politique dépend toujours de la saisie du « moment opportun », d'unecompréhension de ce qu'exige précisément le moment singulier de l'action.

autrement dit la réussite de l'actiondépend de la conjonction du « style » du dirigeant avec l'exigence de l'époque.

De cette conjonction on nepeut faire la théorie, il y a une part d'opacité irréductible, des données de fait qu'on ne peut déduire.

Ainsi, sinous avons un pouvoir sur le monde qui nous entoure, si l'action politique n'est pas vaine, elle n'est pasdéductible, ce pouvoir n'est pas total, et aucune « théorie de l'histoire » ne peut rendre l'acte politiquecertain.C'est pourquoi Machiavel déclare que : « La fortune est femme et il est nécessaire à qui veut la soumettre dela battre et la rudoyer […] en tant que femme elle est l'amie des jeunes, parce qu'ils sont moins circonspects,plus hardis, et avec plus d'audace la commandent.

»Ce qu'il met en avant, mais après avoir récusé la notion vulgaire de fortune ou de destin, c'est la partirréductible d'audace, de risque, d'aventure que contient toute action politique véritable.

La « virtù », laprévoyance et l'organisation dont tout le « Prince » fait l'apologie et démêle les conditions, ne va pas sans lasaisie du « moment opportun », une part de passion. A la phrase de Machiavel répond en écho celle de Nietzsche : « Insouciant, railleur, violent , ainsi nous veut lasagesse.

Elle est femme, elle n'aimera jamais qu'un guerrier.

»En luttant sur deux fronts, Machiavel entend à la fois récuser l'irrationalité de ceux qui croient à la « fortune »,au destin et à l'impuissance de l'action politique.

Mais s'il souhaite restaurer les droits des décisions efficaceset de la prévoyance, Machiavel ne cède pas à l'illusion d'une science politique ou historique, si l'audace et lerisque sont nécessaires, c'est qu'aucun procédé ne nous assure du succès, que la prudence se résout enroutine et en incapacité à saisir le moment opportun de l'action.A une époque où les modèles politiques sont déclarés en faillite et où les changements suscitent parfois plusd'inquiétude que d'enthousiasme ou d'imagination, le refus machiavélien de la prudence routinière et de l'inertiepolitique n'est peut-être pas passé de mode.

MACHIAVEL (Nicolas). Né et mort à Florence (1469-1527).

Secrétaire du gouvernement florentin, le retour des Médicis au pouvoir, en 1512, le conduisit en prison.

Il fut torturé et dut se retirer des affaires publiques.

Puis, ildevint historiographe de Florence, mais, de nouveau suspect, il se tint à l'écart et mourut la même année.

Il futsurtout un théoricien politique, conscient des dangers courus par son pays, et cherchant à les combattre.

Il tentaune analyse scientifique de la société.

S'il préconise l'hypocrisie ou l'immoralité comme moyens de gouvernement,c'est parce que, dans un pays réduit à l'immoralité, pays qu'il faut sauver, le prince ne doit reculer devant aucunmoyen.

On a souvent mal interprété la pensée de Machiavel, qui s'applique à l'Italie dans laquelle il vivait.

Il demeurecomme l'un des plus grands artistes de la Renaissance. Oeuvres principales : Le prince (écrit en 1513, publié en 1531), Discours sur la première décade de Tite-Live (1513), L'art de la guerre.. »

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