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Maïmonide

Publié le 28/10/2009

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Appelé aussi dans la tradition juive le « Rambam « (acrostiche des lettres initiales de Rabbi Mochè Ben Maïmon).  Il naquit à Cordoue d'une famille de savants talmudistes. A l'âge de treize ans, il fut témoin de la conquête de Cordoue par les Almohades (58bls), ces «Confesseurs de l'Unité« dont la politique à l'égard des juifs pourrait se résumer en cette alternative : «Convertissez-vous ou partez ! «. Scénario qui, comme nous le savons, sera repris plus tard par l'Espagne catholique de la Reconquête.  Fuyant la persécution des Almohades, et se refusant, bien sûr, à la conversion, la famille de Maïmonide quitta finalement l'Espagne pour Fez (Maroc). De là elle gagna le royaume chrétien de Jérusalem, enfin l'Egypte où Maïmonide devint médecin à la cour du sultan Saladin en 1180, et chef, pour un temps, de toutes les communautés juives d'Egypte. Il mourut en Egypte sans avoir revu son Espagne natale.  A l'époque de Maïmonide, non seulement les juifs vivaient, en Espagne comme au Maghreb, des temps difficiles, mais encore étaient confrontés à cette «nouvelle pensée«, née de la redécouverte de la philosophie grecque, véhiculée dans cette langue de culture, commune et aux musulmans, et aux juifs et aux chrétiens «orientaux« : l'arabe.  Cette double situation critique amena Maïmonide à relever un double défi : celui d'accorder philosophie et judaïsme, celui aussi d'harmoniser convivialement culture arabe et judaïsme, car, ne l'oublions pas, c'est en arabe que Maïmonide s'adressait à ses coreligionnaires, c'est en arabe qu'il écrivit son célèbre Guide des égarés, qui ne sera traduit en hébreu qu'un bon siècle plus tard.

« Il existe des péchés dont il est décidé que le châtiment atteint les coupables en ce monde-ci et les frappe dans leurpersonne, leurs biens ou leurs jeunes enfants — car les jeunes enfants d'un homme, qui sont dépourvus de raison,et ne sont pas encore astreints aux Commandements, sont comme les biens de cet homme — et s'il est écrit «chaque homme sera mis à mort pour sonpropre péché » (Deutéronome, XXIV 16, cité dans II Rois, XIV, 16), il est clair que le verset ne concerne que lespersonnes qui sont entrées dans la classe des hommes faits.

(O.c.

pp.

396-397). La Lettre aux Juifs du Maroc Baignant dans cette culture arabe dont il fait partie, mais attentif encore plus à la fidélité, à la «Loi écrite » et à la«Loi orale», Maïmonide encourage ses frères en l'Alliance à persévérer en celle-ci.

Néanmoins, averti des dangersencourus sous le pouvoir almohade, Maïmonide autorise la conversion forcée (61) à l'islam, pour autant qu'elles'accompagne d'une fidélité secrète à l'Alliance. C'est déjà, trois siècles avant le marranisme, une justification de celui-ci. En effet, pour sauver sa vie (surtout si on n'a pas eu l'occasion de fuir) ou celle d'autrui, il est permis non seulementde transgresser la Loi, sauf en ce qu'elle prohibe absolument : idolâtrie, assassinat, union sexuelle illicite, maisencore de se convertir apparemment, «en surface».

Tout se passe comme si le «caché» prime l'apparent, lemanifeste, de même que le sens ésotérique prime le sens exotérique et qu'il soit permis, au nom même de la valeurdu «caché» ou de l'ésotérique, de «pactiser» avec l'apparent, avec les rites, les coutumes, dont tout compte faitl'importance n'est que secondaire par rapport à la fidélité essentielle du cœur et a la connaissance véritable. Le Guide des égarés L'œuvre majeure de Maïmonide, qu'il composa dans la cinquantaine, traduit bien par son titre même le service queMaïmonide veut rendre : supprimer l'état de perplexité de ceux que la philosophie et son discours rigoureuxinterpellent et qu'une foi, non éclairée par l'intelligence, ne peut pleinement satisfaire. De cette œuvre, qu'il ne nous est pas possible d'analyser ici, retenons tout de même qu'elle vise à résoudre lesdifficultés de ceux qui se mettent eux-mêmes dans l'embarras en n'accédant pas à une étude suffisammentprofonde, c'est-à-dire philosophique, du texte de la Torah et de son commentaire obligé, le Talmud.

La Torah étantun tout organique, dont chaque mot, chaque lettre même, renvoie à tous les autres mots, paragraphes, chapitres, ilconvient de tout mettre en œuvre pour dévoiler le sens caché qu'elle recèle sous les apparentes contradictions ouinsuffisances de qui n'en perçoit que le sens manifeste, littéralement localisé dans tel ou tel passage. Dire ce «sens caché » que le « sens manifeste» enveloppe, tel est le but que se donne Maïmonide et par lequel ilconcilie la foi et la philosophie. Le lecteur philosophe est, selon Maïmonide, le lecteur averti de cette vérité cachée qu'il lui appartient de dévoiler enscrutant comme il convient le texte, en prêtant attention à tout détail qui ne peut être que significatif, à tellechose dite une fois mais dont l'intérêt est majeur, à cette litote qui dit peu pour dire énormément. Tout cet art herméneutique, d'interprétation, Maïmonide le met au service de cette lecture philosophique, gage devérité, que l'étude, bien conduite, seule fait mériter.

En somme, on pourrait dire que pour Maïmonide la Torah estvraie en soi, parce que révélée, mais que cette vérité ne se dévoile qu'à celui qui, parce que philosophe, estcapable de l'y déceler, au-delà du sens manifeste. Aurait-il été jusqu'à penser que le sens manifeste qui n'est que le support ou la coquille du sens caché, essentiel,véritable, pourrait, tout comme les sacrifices (et pourquoi pas ensuite les rites et la prière), n'être plus nécessaire àqui s'unit intellectuellement à Dieu ? Certains passages de son œuvre ésotérique le laissent supposer.. »

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