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Marx : l'homme, la nature et le travail

Publié le 20/02/2013

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« Le travail est de prime abord un acte qui se passe entre l’homme et la nature. L’homme y joue lui-même vis-à-vis de la nature le rôle d’une puissance naturelle. Les forces dont son corps est doué, bras et jambes, tête et mains, il les met en mouvement, afin de s’assimiler des matières en leur donnant une forme utile à sa vie. En même temps qu’il agit par ce mouvement sur la nature extérieure et la modifie, il modifie sa propre nature, et développe les facultés qui y sommeillent. Nous ne nous arrêtons pas à cet état primordial du travail où il n’a pas encore dépouillé son mode purement instinctif. Notre point de départ c’est le travail sous une forme qui appartient exclusivement à l’homme. Une araignée fait des opérations qui ressemblent à celles du tisserand, et l’abeille confond par la structure de ses cellules de cire l’habileté de plus d’un architecte. Mais ce qui distingue dès l’abord le plus mauvais architecte de l’abeille la plus experte, c’est qu’il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche. Le résultat auquel le travail aboutit, préexiste idéalement dans l’imagination du travailleur. Ce n’est pas qu’il opère seulement un changement de forme dans les matières naturelles ; il y réalise du même coup son propre but dont il a conscience, qui détermine comme loi son mode d’action, et auquel il doit subordonner sa volonté. Et cette subordination n’est pas momentanée. L’œuvre exige pendant toute sa durée, outre l’effort des organes qui agissent, une attention soutenue, laquelle ne peut elle-même résulter que d’une tension constante de la volonté. Elle l’exige d’autant plus que, par son objet et son mode d’exécution, le travail entraîne moins le travailleur, qu’il se fait moins sentir à lui, comme le libre jeu de ses forces corporelles et intellectuelles ; en un mot, qu’il est moins attrayant. «
 
Marx, Le Capital, Ed. Sociales, Livre I, Chap.7, p.136-137.
 
 
 
 
 
 
           
Questions :
 
1) Quelles idées essentielles Marx développe-t-il dans ce texte ? Dégagez les étapes de l’analyse.
2) Expliquez l’expression : « Cet état primordial du travail où il n’a pas encore dépouillé son mode purement instinctif «.
3) Expliquez la distinction entre un « mode instinctif « et un mode exclusivement humain du travail. Commentez les expressions : « qui appartient exclusivement à l’homme «, et « préexiste idéalement «.
4) D’après ce texte, quelles sont les différences fondamentales entre le travail de l’homme et celui de l’animal ?
 
On peut être surpris par cette approche de l’essence du travail par celui que l’on qualifie d’économiste. Ce qui n’est pas faux mais largement insuffisant. C’est en philosophe que Marx aborde ici le rapport entre la nature du travail, la nature et la nature humaine. Marx inaugure son propos par une définition du travail : « Le travail est de prime abord un acte qui se passe entre l’homme et la nature «. Ce qui signifie que le travail est une action de l’homme qui transforme la nature, c’est-à-dire la matière du monde. Il est donc un être naturel qui modifie intégralement le monde extérieur. Le travail comme modification du réel est avant tout le travail corporel, d’où la dimension naturelle de l’acte du corps et de l’esprit d’où sa caractéristique humaine. Ce qu’on a trop tendance à oublier. Tout en l’ouvrier œuvre pour rendre « utile « la nature en vue des fins de l’homme, à savoir pour l’essentiel la transformation de la nature humaine.

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« On peut être surpris par cette approche de l’essence du travail par celui que l’on qualifie d’économiste.

Ce qui n’est pas faux mais largement insuffisant.

C’est en philosophe que Marx aborde ici le rapport entre la nature du travail, la nature et la natur e humaine.

Marx inaugure son propos par une définition du travail : « Le travail est de prime abord un acte qui se passe entre l’homme et la nature ».

Ce qui signifie que le travail est une action de l’homme qui transforme la nature, c’est -à- dire la matièr e du monde. Il est donc un être naturel qui modifie intégralement le monde extérieur.

Le travail comme modification du réel est avant tout le travail corporel, d’où la dimension naturelle de l’acte du corps et de l’esprit d’où sa caractéristique humaine .

Ce qu’on a trop tendance à oublier.

Tout en l’ouvrier œuvre pour rendre « utile » la nature en vue des fins de l’homme, à savoir pour l’essentiel la transformation de la nature humaine.

Tant qu’il n’y a pas travail humain, la nature reste dépourvu e de sens.

Pourquoi et comment l’homme travaille -t-il ? Il travaille en niant doublement la nature comme réalité extérieure et sa propre nature.

Seul le travail assigne un sens à la nature extérieure et à la nature intérieure.

Mais le travail est -il le prop re de l’homme ? Est -il à lui seul un critère de démarcation entre la sphère humaine et le domaine de l’animalité ? Il faut opérer un retour à l’origine de l’essence du travail.

Certes les animaux sont capables de modifier la nature, d’ assigner à la mat ière une autre forme, mais uniquement dans la perspective de s’adapter à l’ env ironnement naturel.

Car l’animal n’est mu que par l’instinct.

Marx est soucieux de procéder à la généalogie du travail proprement humain.

« Notre point de départ c’est le travail sou s une forme qui appartient exclusivement à l’ homme. » Pour creuser le fossé entre l’humanité et l’animalité, il use d’un raisonnement analogique.

Il confronte l’animal qui se rapproche le plus de l’homme dans sa capacité à construire : l’araignée et le tis serand, l’abeille et l’architecte.

Mais ce qui se tient au point de contact est autant un point de rupture non de degré mais de nature.

La thèse est forte puisqu’il s’agit par la médiation du concept de « travail » de redéfinir l’homme par opposition aux a nimaux.

Assurément, l’animal a la possibilité de réaménager la nature, mais ce qu’il fait n’est rien d’autre que de refaire, de répéter ce que s es congénères ont toujours déjà fait.

C’est pourquoi, Marx met en place trois repères de distinction entre l’hum anité et l’animalité : la volonté, l’intelligence et l’imagination.

Aussi si l’animal modifie la forme de la matière, seul l’homme travaille en niant la forme première de la nature pour la re former .

L’homme est alors « animal laboran s », et par là il est u n être culturel et social .

L’expression : « Cet état primordial du travail où il n’a pas encore dépouillé son mode purement instinctif » risque de prêter à confusion.

En effet, d’une part, Ma rx cherche une cé sure radicale entre l’humanité et l’animalité , et d’ autre part, l’« état primo rdial du travail », c’est -à-dire le fond originaire de l’ acte de tra vailler serait commun à l’homme et aux animaux.

Marx n’en tre pas ici en contradiction.

Cet état premier du travail souligne la mise en mouvement d’une « puissance » physique pour laquelle l’homme est un être naturel, mais si Marx ne marque pas un arrêt à cet endroit c’est parce que l’être h umain est le seul être de la na ture à se dissocie de la nature en général par l’action qu’il impose à la matière pre mière.

La modalité pri mitive du travail repose sur l’instinct en apparence commun e entre animalité et humanité, mais préci sément p ar et dans le travail en tant qu e négation de la nature en général et de sa nature, l’homme s’éloigne de la seu le dimension in stinctive, sponta née de la transformation.

Par le travail, l’homme se « dép ou ille » c’es t-à-dire se défait de toute activité instinctive po ur se métamorphoser en un être spécifiquement humain.

Ce détachement de l’instinct se transforme en volonté.

In stinct et volonté se dissocie nt , voire s’opposent de telle sorte que l’homme quitte définitivement le socle de son. »

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