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MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la perception, IIIe partie, chap. II (extrait)

Publié le 11/04/2012

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« Nous entrons et n’entrons pas, nous sommes et nous ne sommes pas dans les mêmes fleuves «. Tel est l’un des fragments les plus connus du philosophe grec Héraclite. Mais qu’est-ce que cette métaphore implique-t-elle réellement ? En quoi nous renseigne-t-elle sur notre manière de concevoir le temps ?

            Dans le chapitre II de la troisième partie de la Phénoménologie de la perception, Merleau-Ponty s’interroge sur le temps et sur la subjectivité qu’il implique, en se demandant si celui-ci peut être comparé à une rivière, comme le pensait Héraclite. En faisant cela, il dégage les implications de la métaphore héraclitienne et il en explique les contradictions. Nous pouvons donc nous interroger sur les enjeux de cette métaphore et nous demander quelle va être la position du célèbre phénoménologue. En effet, la problématique du texte implique bien plus qu’un simple parti-pris vis-à-vis d’une métaphore du temps avec le fleuve : il s’agit véritablement de savoir quelle vision du temps Merleau-Ponty tente de défendre. Car selon lui, on ne peut comparer le temps à une rivière, sans savoir ce qui se cache réellement derrière ce qui nous semble évident.

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« présent » nous montre l’omniprésence du temps dans le langage courant.

De plus, cela laisse croire que l’eau pourrait s’être arrêtée, comme si elle était saisissable.

Bien sûr, nous savons que cela est impossible, et pourtant nous utilisons de telles expressions (« devant moi à présent »).

L’homme, depuis le rivage, perçoit une unité liquide.

Or il néglige le fait que l’eau est en perpétuel mouvement.

Il la considère comme l’eau d’un lac, comme si elle était immobile par instants.

En effet, on dit que l’eau « s’est préparée » (passé), qu’elle « est » (présent) et qu’elle se « jettera » (futur) : on décline le fleuve en différentes étapes spatiales (« vers », « où ») et temporelles. Héraclite, en comparant l’eau à un fleuve, voulait signifier le devenir du temps (« tout passe et rien ne demeure »).

En étant dans le fleuve, nous sommes dans le devenir en devenant nous-mêmes.

Pour le philosophe grec, le temps tout comme le fleuve est un processus fait d’évènements.

L’eau du fleuve est soumise à un devenir cyclique (cycle de l’eau) et ce qui est dans le temps est soumis à une sorte d’éternel retour (destin). De plus, dire que l’eau « va vers », qu’elle « s’est préparée », donne une impression d’intentionnalité…comme si l’eau voulait ,choisissait d’aller là où elle va (personnification). L’homme projette dans la nature un langage peut-être inapproprié. Dans les deux dernières phrases de cette partie du texte, Merleau-Ponty dégage ce qu’implique cette théorie, cette métaphore (« Si… »).

Cela abouti à une sorte d’enchainement, de déterminisme temporel (le passé est la cause du présent et ce-dernier est la cause de l’avenir). Jusque-là, MP ne fait qu’énoncer une thèse et en dégager les implications.

Mais en quoi cette métaphore pose problème dans ce qu’elle implique ? … Merleau-Ponty nous a expliqué la potentielle cohérence de la métaphore d’Héraclite, mais il va maintenant en dégager les contradictions, en allant au-delà de ces « idées reçues » sur le temps. L’auteur utilise un procédé d’insistance pour faire ressortir l’écart entre la métaphore d’Héraclite et la réalité : « à considérer les choses elles-mêmes ».

En utilisant l’italique, Merleau-Ponty cherche à mettre en évidence ce qu’il va dire par la suite.

«Les choses elles- mêmes » désignent les choses « en soi » (« la fonte des neiges et ce qui en résulte »), telles qu’elles sont réellement, et cela signifie que ce que l’on croit être la réalité ne serait qu’une apparence peu fidèle à ce qui est vraiment.

La thèse d’Héraclite place des évènements (par exemple la fonte des neige, l’arrivée à l’estuaire etc…) dans le monde objectif, dans le monde tel qu’il est.

Placer des évènements, un avant et un après, c’est briser la continuité du mouvement en tant que phénomène spatial. Merleau-Ponty parle de « notion ».

Une notion est un terme utilisé par les hommes pour désigner ce qu’ils dégagent et ce qu’ils perçoivent de ce qui les entoure.

C’est ainsi que l’individu utilise la notion « d’évènements » pour désigner les changements successifs qu’il perçoit dans la nature.

La première thèse de Merleau-Ponty est de dire que cette notion d’évènement ( ce qui advient ) n’a pas sa place dans le monde objectif, c’est-à-dire dans le monde tel qu’il est quand il n’est pas perçu par le sujet.

En effet, aucuns évènements ne. »

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