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« Mets-toi à ma place ! » ?

Publié le 06/02/2004

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Elle nécessite ainsi une situation de communication et même une communication qui est passionnelle. L'expression est en effet une exclamation. On la prononce alors que l'on est énervé ou en proie à une forte émotion et surtout que l'autre ne nous comprend pas. En effet, tout le monde sait que l'on ne peut pas littéralement ou physiquement prendre la place de quelqu'un mais pourtant nous recourrons à la métaphore de la substitution des « places ». Or, de notre place nous avons un certain point de vue, une certaine émotion et l'échange des places permettrait à l'autre de nous comprendre, et particulièrement au sens étymologique du terme ou l'autre « embrasserait » notre expérience et une telle substitution nous faciliterait les choses. En effet, « Mets toi à ma place ! » est en général utilisée comme dernier argument, lorsqu'il n'y a rien d'autre à dire parce que chacun campe sur ses positions, qui sont irréductibles les unes aux autres. A mon « je », ma personne, s'oppose un « tu », une autre personne, qui ne pense pas nécessairement comme moi. Se mettre à la place de l'autre permettrait d'emprunter son regard et donc d'adopter son point de vue. Mais cela est impossible. Dès lors, ce dernier argument, prononcé parfois en hurlant devant l'incompréhension du locuteur pointe l'impossibilité de la communication, sa limite.

Je me dispute avec quelqu'un, il ne veut pas se rendre à ma position et ne comprends pas mes réactions. Je craque et je lui crie « mets toi à ma place ! «. Nous avons tous vécu cette situation mais savons nous vraiment ce que nous disons lorsque nous demandons à l'autre de se mettre à notre place ?

Nous proposons de mener une enquête philosophique sur cette expression, c'est à dire d'en clarifier le sens afin de savoir ce que nous disons.

Pour ce faire, nous montrerons tout d'abord que « le corps est un seuil « nous empêchant de nous mettre à la place de l'autre, ce qui nous mènera à voir pourquoi nous souhaitant métaphoriquement prendre sa place et enfin en quoi l'expression montre tout à la fois la nécessité et les limites du langage.

 

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