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Publié le 30/11/2014

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Pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » dit Jésus sur la croix. Ne pas savoir ce que l’on fait serait ici synonyme de méprise, erreur involontaire, de ne pas se rendre compte, de faire preuve malgré soi de cruauté, au point de ne pas comprendre que l’homme est fait pour la vie, et non pour la mort. Ne pas savoir ce que l’on fait, c’est donc être prisonnier de ses illusions, prisonnier de sa dureté de cœur, et de son péché au point de ne plus se rendre compte de ce qui est mal, d’avoir en somme tellement l’habitude du mensonge, aux autres et à soi-même, qu’on ne reconnaît plus la vérité. Et si je ne sais pas ce que je fais, si je pèche par ignorance, alors je ne suis pas responsable, et je suis excusable. A l’inconscience de mes actes et à l’opacité de leurs motivations, répondrait donc le pardon, qui serait une façon de laver la faute. Mais cette non-transparence à soi du sujet, si non-transparence il y a – ce qui ne va déjà pas de soi – ne reviendrait-elle pas à me mettre hors de cause ? Mon inconscience n’est-elle pas justement la « bonne excuse » par laquelle j’invoque des circonstances « atténuantes », comme si ma faute pouvait être atténuée par mon ignorance ? Est-il vraiment possible de ne pas « savoir » ce que l’on fait (au sens « de ne pas en avoir conscience »), ou n’est-ce pas qu’un prétexte pour faire tomber mes actions mauvaises et répréhensibles dans les oubliettes de la vie ? Il s’agit d’emblée de s’interroger sur les rapports de connaissance qu’un sujet peut entretenir avec ses propres agissements. Dans quelle mesure l’homme est-il parfois incapable d’agir en connaissance de cause, avec lucidité ? N’est-il pas, en pratique, souvent nécessaire de lutter contre des puissances trompeuses qui risquent à tout moment d’aveugler l’homme qui n’aurait plus pleinement conscience de tous ses actes, de leurs motivations et de leurs conséquences possibles, de sorte qu’elles l’empêcheraient d’accéder à une maîtrise de lui-même ?  Partons du constat que l’on est parfois surpris par certaines réactions ou certains comportements que nous adoptons dans une situation donnée. Par exemple sous le coup de l’émotion, nous allons agir de façon désordonnée ou inadaptée. De la même façon, nous pouvons être étonnés des conséquences de certains actes que nous n’envisagions pas. Il semble bien que nous ne soyons donc pas clairement conscients...

« que nous n'envisagions pas.

Il semble bien que nous ne soyons donc pas clairement conscients de ce que l'on fait. En effet, On peut agir émotivement et par impulsion.

On peut ne pas savoir ce qu'on fait lorsqu'on agit sous le coup d'une émotion violente.

La peur, par exemple, peut nous faire perdre notre maîtrise.

Ainsi, l'individu qui est pris d'une crise de panique, que sa peur soit fondée ou pas, n'est plus maître de sa volonté et ne peut plus agir rationnellement. Dès lors, il semble bien que nous ne soyons pas toujours responsables et que certaines personnes ne soient pas entièrement responsables de leurs actes.

C'est parce que la justice considère que les mineurs n'ont pas encore toute leur raison et ne mesurent pas les conséquences de leurs actes qu'elle leur accorde une responsabilité pénale limitée.

De même, celui qui agit sous le coup de la passion - colère, jalousie, dépit amoureux - peut faire des gestes qu'il regrettera par la suite. Le désir vient au sujet d'une manière que celui-ci ne maîtrise pas : il n'est donc pas responsable de certains mouvements qu'il tend à accomplir, soit en vertu de son histoire, soit en vertu de sa nature même d'être humain. Freud expose ainsi la manière dont tout désir dépend en définitive de nos expériences passées, qui ont façonné notre libido en particulier au cours d'une histoire infantile qui nous détermine encore à l'âge adulte, jusque dans nos désirs les plus élevés moralement.

Le rêve est peut-être l'exemple qui montre le mieux que nous ne sommes pas responsables de nos désirs, car ceux-ci ne se forment pas à un niveau conscient du psychisme, mais dans le ça, réservoir des pulsions.

Nous désirons sans savoir pourquoi et surtout sans le vouloir, nous n'en sommes donc pas responsables. On peut radicaliser cette obscurité à soi-même en invoquant, dans une toute autre perspective, les traditions platonicienne et chrétienne.

Le désir est une sorte de trouble, voire une maladie que le corps inflige à l'âme, et dont elle ne peut se défaire que par la philosophie (Platon) ou par le recours à la grâce divine (Saint-Augustin). Nous ne sommes donc pas responsables de nos désirs, mais il peut alors sembler paradoxal que les dernières perspectives évoquées, contrairement à la psychanalyse, n'échappent pas à un moralisme éthique qui condamne plus ou moins clairement le sujet pour ses désirs.. »

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