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NATURE & CULTURE: L'état de nature - L'état de culture

Publié le 19/07/2011

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Par rapport à la nature, qui renvoie étymologiquement à l'innéité (naturel de natus, nascor), à ce qui engendre et au produit de la création, la culture se réfère à un modèle agraire (colo signifie cultiver, défricher la terre). Ainsi, le modèle de toute culture est l'agriculture dans la mesure où la terre peut porter des moissons, mais à la condition qu'un travail (fait social) soit produit. Nous essaierons de montrer que le couple de la nature et de la culture, ne doit plus constituer un problème.

 

— I — Y a-t-il un « état de nature «?

 

Le problème est ici fort comparable à celui que posait autrefois le couple Sensation et Perception. On a vu que la sensation n'existe que comme abstraction commode pour des recherches expérimentales. Il doit en être de même du couple Nature et Culture, puisque l'on ne peut qu'arbitrairement isoler la nature de la culture, ou réduire la culture jusqu'à trouver la substance sans mélange qui serait la nature. Il ne semble pas qu'existe une entité qui constituerait la nature originelle de l'homme, mais des interactions immédiates entre d'une part le physiologique et le génétique, et d'autre part le   social.

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« analyse complaisamment cet aspect dans la deuxième partie de «De la grammatologie ». Lucien Maison afait justice de ce mythe àpropos des «enfants sauvages ».Ils sont véritablement des animaux. «Au lieu d'un état de nature où l'homo faber se laisserait apercevoir, (on observe) une condition aberrante ». Pour Spinoza etHobbes, l'état de nature est défavorable àl'homme. Spinoza affirme la faiblesse et l'impuissance de «l'état de nature » où chacun risque toujours de rencontrer une force supérieure à la sienne. D'où l'utilité du pacte social(cf. La violence). Pour Mircea Eliade («Mythes, rêves et mystères ») le « mythe » du bon sauvage, «inventé »aux xviie-xvme siècles, est la revalo risation d'un mythe plus ancien : le mythe du Paradis terrestre. Il écrit : « l'état d'innocence, de béatitude spirituelle de l'homme avant la chute... devient dans le mythe du bon sauvage l'état de pureté, de liberté de l'homme exemplaire au milieu d'une nature maternelle et généreuse ».Et malgré les observations précises sur ledegré hautement organisé de civilisation des «primitifs »observés, ou sur leurs mœurs féroces, on continuait alors àpenser que l'on peut rencontrer un être attardé dans un Paradis retrouvé. Freud a par son œuvre renforcé le mythe en posant une époque primordiale : le stade prénatal et la période jusqu'au sevrage (avec le principe de plaisir) qui seraient assimilables au Paradis, et une époque subséquente, avecle commencement de la discipline (frus trations et obligations) ;c'est-à-dire finalement une nature inter rompue et traumatisée par une culture. Voilà sans doute pourquoi leproblème de la nature et de la culture reste siimportant encore aujourd'hui : il s'y trouve des implicites nombreux et forts (cf. Tome 2, chapitre Laviolence). 2— La culture, pour prendre conscience d'elle-même, crée le concept de «Nature » comme Anti-Culture. Nous commençons d'entrevoir dans cette relégation du primitif dans l'Altérité de la sauvagerie une attitude commune àtoute raison, non seulement occidentale, logocentrique et métaphysique, mais aussi bien mythique et primitive. L'Antiquité confondait en effet tout les non-grecs dans l'extérieur massif du Barbare, dont lenom, onomatopéïque, renvoyait à un balbutiement inarticulé, ce qui rejoint lesens desauvage (étymologiquement «être de la forêt »). Or, il est évident que par là, les sociétés ne font que perpétuer des modes de penser primitifs : « cette attitude de pensée, au nom de laquelle on rejette les sauvages, est justement l'attitude la plus marquante... des sauvages eux-mêmes, àtel point que certaines populations primitives se désignent comme «hommes », « bons », « excellents », « complets », les autres ayant les noms de « méchants », «singes de terre », « œufs de pou ». Pour que le mythe du Bon Sauvage existe, et par là celui d'une Nature dispensatrice de tous les bienfaits, ilfaut qu'existe le stade primitif où chaque société a conscience d'elle-même, en même temps qu'elle dénigre les autres, fait. »

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