NATURE ET MÉTHODE DU PROBLÈME CRITIQUE

1.     Le critère de l'apodicticité. — La mise en question de la réalité du monde extérieur se présente comme fondée sur deux iodes d'arguments, tendant à établir que l'existence n'est pas apodictiquement certaine, c'est-à-dire absolument évi­dente. Or du point de vue critique, seul doit être admis, selon DESCARTES, ce qui est au delà du doute, fût-ce le plus extra­vagant, c'est-à-dire ce qui rend absolument inconcevable le non-être (ou l'assertion contradictoire) de ce qui est donné comme une certitude évidente. (Cf. E. HUSSERL, Méditations cartésiennes, p. 13.)

Nous pouvons admettre ce principe au point de départ, car il est clair que la Critique ne doit rien préjuger et doit au contraire porter la discussion jusqu'aux racines mêmes du con­naître. Toutefois, il convient d'observer que l'inconcevabilité absolue de la non-existence, qui définit l'évidence apodictique, ne doit pas être limitée à l'inconcevabilité abstraite ou logique. Celle-ci n'est relative qu'aux pures essences et ne vaut par conséquent que des possibles. Or, la Critique porte sur ce qui est, et par là-même, l'inconcevabilité qui servira de critère sera relative à l'expérience, sinon nous ne serions que dans l'ordre logique et non dans l'ordre réel, celui-ci étant défini par l'ensemble de l'expérience (mais ici sans affirmation d'objectivité et de. subjectivité)...