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Ne respectons-nous autrui qu'afin qu'il nous respecte ?

Publié le 01/12/2005

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Le respect pour autrui est considéré dans notre société comme une preuve de bienséance. Nous respectons autrui en lui accordant des droits, autrui est un autre qui est comme moi. Respecter un individu est un acte moral, nous accordons à l'autre les mêmes droits qu'à nous même. Le respect est alors une marque de reconnaissance de l'autre mais c'est aussi un geste social. Le respect d'autrui est essentiel pour la cohésion du groupe. Si nous refusons de respecter l'autre, il faut craindre une anarchie. Le respect d'autrui est au fondement de la société pacifique, il lui est nécessaire. Si je décide de prendre arbitrairement le bien d'autrui alors inversement il risque de faire de même. Le respect aurait il donc une motivation intéressée? On ne peut nier que l'homme établit des lois pour forcer tout détournement du respect, il n'est donc pas un geste spontané et naturel. Si l'homme agissait par nature, il prendrait en compte son intérêt immédiat avant de penser à respecter autrui. Le respect a donc une part d'intéressement de l'homme pour sa propre personne, je ne vole pas autrui pour qu'il ne me vole pas. Cependant, peut on dire pour autant que l'homme a établi lui même le respect pour son confort personnel? Celui qui ne craint pas de représailles se préserve t il pour autant de respecter autrui?

« I) La contradiction : un respect « intéressé » L'idée d'un respect dû à autrui n'est certes pas étranger à l'opinion commune.

Qu'ils soient religieux, moraux,sociaux, les fondements (divers) d'une telle idée ne manquent pas. Six des dix commandements prescrivent, en effet, un respect « négatif » d'autrui (son « prochain ») en formulantles interdictions de nuire à celui-ci (« Tu ne tueras point ; tu ne convoiteras pas le bien de ton prochain », etc.).Les interdits du Décalogue donnent en effet à voir ce qui va à l'encontre du respect d'autrui.

Ils sont donc desproscriptions de l'irrespect mais prônent plus un « amour du prochain », une sympathie, que le respect.

Cetteinjonction apparaît dans l'Ancien Testament : « Tu ne te vengeras pas et tu ne garderas pas de rancune envers les enfants de ton peuple.

Tu aimeras tonprochain comme toi-même ».

(Lv 19,18) Cependant celle-ci se limite donc aux individus d'une même communauté.

Reconnaissons que cet impératif, cetteinjonction divine, ne va pas de soi ! Comment pourrais-je « aimer » de manière a priori cet Autre étrange ? N'est-ce pas, d'ailleurs, Dieu lui-même que j'aime en l'Autre ? Le fait est que cette injonction met en exergue une attitudenaturellement méfiante envers l'Autre, attitude qu'il faut donc combattre au profit d'une attitude accueillante,aimante, inconditionnelle. C'est justement ce facteur inconditionnel du devoir de respect envers autrui qui pose problème.

Rares sont, de fait,les individus faisant preuve d'un respect purement désintéressé.

Mon attitude respectueuse envers autrui sembletoujours être conditionnée par la réciproque ! Difficile, en effet, de respecter quelqu'un qui ne vous respectemanifestement pas.

L'idée d'un donnant-donnant dans mon approche respectueuse d'autrui semble être pertinente. Kant, en s'interrogeant sur la nature morale du respect, mettra en exergue la contradiction inhérente à une telleidée d'un respect intéressé.

En effet, Kant fonde l'idée du respect sur celle du sentiment moral.

Il affirme lecaractère universel de ce sentiment moral : « Deux choses remplissent le c œur d'une admiration et d'une vénération toujours nouvelles et toujours croissantes à mesure que la réflexion s'y attache et s'y applique : le ciel étoilé au-dessus de moi, et la loi morale en moi » (cf. Critique de la raison pratique , V) Mais ce sentiment d'un devoir moral de respecter autrui contredit justement l'idée d'un quelconque intérêt à agirrespectueusement ! La pureté de ce sentiment (Kant, dans les Fondements de la métaphysique des moeurs , parle du « pur joyau » que représente une « volonté bonne », une volonté moralement bonne).

En s'exprimant comme un« impératif catégorique », ce devoir de respect d'autrui contredit la possibilité d'agir par devoir en agissantsimplement en conformité au devoir.

Si j'attends, en effet, le respect d'autrui comme contrepartie à mon attituderespectueuse, Kant dénonce là un intérêt qui détruit les fondements « purs » du devoir moral ! Dès lors, une attitude respectueuse envers autrui afin qu'il me respecte en retour, est selon Kant une actionmoralement impure.

Elle n'est que conforme au devoir mais n'est pas accomplie par devoir. II) Vers une compréhension originelle du respect d'autrui Kant reconnaît par ailleurs qu'il n'est pas certain qu'une seule action humaine ait eu lieu dans la plus grande puretémorale.

L'homme est fait d'un « bois courbe », déclare-t-il : « En fait, il est absolument impossible d'établir par expérience avec une entière certitude un seul cas ou la maximed'une action d'ailleurs conforme au devoir ait uniquement reposé sur des principes moraux et sur la représentationdu devoir » (cf.

Fondements de la métaphysique des moeurs , IV). Reconnaissons donc, avec Kant, que nos actions sont le plus souvent accomplies conformément au devoir et non« par devoir », et non de manière désintéressée. Mais alors, quel intérêt profond gouverne cette attitude respectueuse envers autrui ? N'est-ce donc que le simpledésir d'une réciprocité ? Hegel nous aide à approfondir la question.

En effet l'Allemand voit dans le rapport desindividus entre eux, une véritable « lutte à mort des consciences » (cf.

Phénoménologie de l'Esprit ).

Hegel considère la rencontre des individus comme une opposition originelle.

Cet antagonisme, la « dialectique du maître et del'esclave », représente la relation humaine conflictuelle, universelle, de domination.

Ce que cherche tout individu,. »

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