Nietzsche et la liberté
Publié le 11/01/2004
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Le problème apparaît dans le rapport des trois notions. Nietzsche critique radicalement le libre arbitre. La souveraineté que nous nous attribuons n'est que l'effet inaperçu d'une dépendance dont nous avons pris l'habitude. Nous croyons être indépendants lorsque nous sommes accoutumés à obéir mais nous nous sentons désorientés et non libres quand nous nous dégageons d'une habitude. L'homme est donc dans l'illusion totale de sa situation.
« Nietzsche parle d'un "sophisme", terme qui désigne un raisonnement apparemment valide mais erroné dans sonprincipe. C'est donc ici le sentiment de soi qui est à critiquer. Nietzsche parle de son orgueil et de son despotisme. Ce qui annonce la réfutation du libre arbitre. La souveraineté de la volonté est un leurre dû à notre vanité. B - APPROFONDISSEMENT DE LA CRITIQUE (de "car" à "la perdre") Nietzsche exhibe le "postulat" de cette illusion. Postulat se dit d'une thèse jugée indémontrable mais devant être admise. Il a un sens légitime en science, mais ici, il s'agit d'un dogme que l'auteur entend détruire. Ce postulat est la racine de l'illusion du libre arbitre, car il nous fait croire au caractère habituel de l'indépendance. On comprend ainsi que le sentiment soit tenu pour un critère fiable. Je pense être libre tant que je ne sens rien qui s'oppose à moi, alors que cette aisance résulte de la dominationd'une accoutumance . C - RENVERSEMENT DU POSTULAT, DENONCE PLUS HAUT (de "mais" à "nouvelles") Nietzsche parachève sa critique par un renversement total du postulat. L'habitude a ôté leur virulence aux sentiments. Elle donne une facilité, un pouvoir de faire sans effort, elle est l'acte par lequel nous intériorisons les règles, lescontraintes. La souffrance signale donc un manque d'adaptation et non la perte d'une liberté. Elle est le moment de transition entre deux habitudes, deux disciplines. IV - CONCLUSION Le libre arbitre est une illusion totale qui consiste à croire que nous agissons souverainement alors que nous sommesentièrement conditionnés. V - INTÉRÊT PHILOSOPHIQUE Le rapport habitude - liberté On peut développer l'aspect sociologique du propos nietzschéen. En s'appuyant sur le concept de "fait social" chez Durkheim ou "d'habitus" chez Bourdieu, on pourrait ainsi réfléchir àl'existence d'une sorte d'inconscient social. Mais on aurait tort d'opposer rigidement libre et habituel. L'habitude est aussi pouvoir, maîtrise et il faut bien que l'homme n'y soit pas asservi comme à un destin puisque lessociétés changent. VI - RÉFÉRENCES POSSIBLES - PASCAL : Pensées - MONTAIGNE : Essais, livre I sur la puissance de la coutume. »
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