Nietzsche et la pitié
Publié le 16/09/2018
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La pitié dangereuse
Celle ci apparaît quand quelqu’un qui est faible, sans courage, sans grandeur, demande au nom de l’humanité que l'on respecte sa faiblesse, en faisant honte* à ceux qui ne le font pas. On est alors en présence d’une inversion des valeurs. Le faible devient le trait même de l'humanité, alors que le fort devient un trait d'inhumanité. C’est contre cette pitié là que Nietzsche s’est insurgé, en voyant en elle un poison pour l’humanité. En effet, allons au bout de la logique induite par une certaine pitié. Que va devenir l’humanité si l’on poursuit dans ce sens ? Ses forces vives ne manqueront pas d'être annihilées, le courage apparaissant comme de la dureté et la démission comme de la douceur et de l'amour. En ce sens, il y a une injustice de la pitié,

«
qui
est toujours trop complaisante avec les faibles
et très dure avec les forts.
Pour preuve la vie difficile
qu'ont eue tous les génies et tous les grands esprits.
Combien d'entre eux ont vécu pauvres, ignorés,
méprisés, humiliés, avant d'être parfois emprisonnés
ou assassinés ! À l'inverse, combien d'êtres faibles,
médiocres, sans talent ni profondeur, ont reçu
richesses, honneurs, considérations de toutes sortes !
Pourquoi le monde est il si dur avec ses prophètes
et avec ses génies, qui lui apportent tant ? Et pourquoi
est il si complaisant avec ceux qui le pillent ?
C'est ce problème que Nietzsche a voulu soulever
à tra vers sa critique de la notion de pitié.
Mais là
ne se trouve pas le seul intérêt de celle ci.
Le sens de la hiérarchie
To ute rensée se fonde sur une hiérarchie* de valeurs,
en distinguant les valeurs les plus élevées et les plus
fo ndamentales de celles qui ne le sont pas.
Supprimons toute notion de hiérarchie, et c'est
la notion même de valeur* qui vient à s'écrouler,
et avec elle la pensée.
Car, tout devenant équivalent,
comment distinguer quoi que ce soit ? Et comment
affirmer que quoi que ce soit puisse être une valeur ?
Les pensées nobles sont celles qui savent et qui osent
hiérarchiser .
Ce qui demande force et courage.
Ta nt il est vrai que, en définitive, une valeur se met
à exister comme valeur quand on entreprend
de l'affirmer et de la vouloir.
En revanche, les pensées
basses refusent toute hiérarchie des valeurs.
L'alibi
qu'elles invoquent pour refuser toute hiérarchie
réside dans le fait que, selon elles, la hiérarchie étant
inégalitaire, elle est injuste et inhumaine.
En réalité,
ces pensées basses ne veulent ni penser ni affi rmer
quoi que ce soit, la pensée et plus généralement la vie
ne les intéressant pas.
La vraie pensée affirme
la pens ée et n'hésite pas, pour cela, à créer
des hiérarchies.
C'est en cela que la pensée est noble
et généreuse, et que, étant ainsi généreuse en ne nous
laissant pas végéter dans le magma de l'in diff érenciation,
elle est véritablement humaine.
La
véritable pitié
consiste à ne pas
sacrifier la part
noble de l'humanité
par complai sance
avec les « petites
fa iblesses
hu n1aincs »..
»
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