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Nietzsche: le brouillard de l'ignorance.

Publié le 22/04/2005

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nietzsche
La plupart des gens, quoi qu'ils puissent penser et dire de leur "égoïsme", ne font malgré tout, leur vie durant, rien pour leur ego et tout pour le fantôme d'ego qui s'est formé d'eux dans l'esprit de leur entourage qui le leur a ensuite communiqué. En conséquence, ils vivent tous dans un brouillard d'opinions impersonnelles ou à demi personnelles et d'appréciations de valeur arbitraires et pour ainsi dire poétiques, toujours l'un dans l'esprit de l'autre qui, à son tour, vit dans d'autres esprits : étrange monde de fantasmes qui sait pourtant se donner une apparence si objective ! Ce brouillard d'opinions et d'habitudes s'accroît et vit presque indépendamment des hommes qu'il recouvre ; de lui dépend la prodigieuse influence des jugements généraux sur "l'homme" -tous ces hommes qui ne se connaissent pas eux-mêmes croient à cette abstraction exsangue, "l'homme'; c'est-à-dire à une fiction ; et tout changement que les jugements d'individus puissants (tels les princes et les philosophes) entreprennent d'apporter à cette abstraction exerce une influence extraordinaire et d'une ampleur irrationnelle sur la grande majorité, - tout cela pour la raison que chaque individu dans cette majorité, ne peut opposer aucun ego véritable qui lui soit accessible et qu'il ait approfondi lui-même, à la pâle fiction générale qu'il détruirait de ce fait. Nietzsche

La conscience de soi est à la fois une donnée immédiate et le résultat d'un travail intérieur. De fait, nous sommes tous plus ou moins conscients de nos actes, mais nous ne connaissons pas toujours leur véritable sens.    Problématique.    Pour accéder à la connaissance de soi, il faut se détacher des images que nous nous faisons de nous-mêmes. Autrement dit, notre identité n'est pas de fait constituée, car la conscience de soi recèle des degrés. En effet, pour Nietzsche, les hommes sont dans des relations illusoires par rapport à eux-mêmes. Ils sont dépendants d'autrui.    Enjeux.    L'homme ordinaire est dans le "brouillard', dans l'ignorance, car sa pensée s'appuie sur la croyance. Il ne se sert pas de sa raison. Le monde dans lequel il vit est peuplé de fantômes, d'illusions, et il n'existe que par rapport aux autres. Le moi se confond avec autrui, empêchant ainsi la conscience de se développer.

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« L'homme est donc influencé par son entourage, et ne perçoit pas son ego véritable, puisqu'il est pensé àtravers les autres. 2ème partie : Les hommes vivent sans ego propre et constant.

Conséquences de la croyance en cet ego illégitime. Il résulte de cette création illusoire que les hommes vivent sans ego propre et constant.

Leur personnalitéest mêlée à celle des autres, de sorte qu'ils se trouvent dans « un brouillard d'opinions impersonnelles ou àdemi personnelles et d'appréciations de valeur arbitraires ». - Pour l'auteur, les hommes n'expriment pas leur véritable ego, ils n'ont pas de personnalité authentique,dans la mesure où elle est empruntée à leur entourage, reconstituée comme un agglomérat de diversaspects de personnalités réappropriées par un sujet.

Les hommes sont donc dans une confusion totale,croyant se penser comme des êtres unifiés et égocentrés sur leur propre moi, alors qu'ils sont éclatés dansla multitude des autres moi et soumis à leurs influences. - Nietzsche souligne à nouveau l'illusion dans laquelle sont plongés les hommes, en insistant sur le fait quecette illusion a une « apparence objective », et n'est donc nullement remise en cause par les hommes,victimes inconscientes de la fiction de l'ego. - Alors que Nietzsche postule que les hommes sont partie prenante dans ce simulacre, il ajoute cependantque le « brouillard d'opinion » dans lequel ils évoluent à cause de leur incapacité à cerner leur ego propre vitcependant « presque indépendamment des hommes qu'il recouvre ».

Ainsi, si la perte de l'ego est à l'originede la faiblesse des hommes, cet état de fait développe une situation dont ils ne sont plus maîtres.L'impossibilité à se ressaisir dans son propre ego, et la confusion des différents ego donne lieu à unesituation de confusion qui ne fait que s'accroître et se développer d'elle-même. 3ème partie : L'ego n'est qu'une abstraction et une fiction.

La thèse phénoméniste. - Cette situation de confusion n'est pas vécue comme telle par les hommes, mais au contraire parfaitementassimilée.

Ils ne se défont jamais de l'illusion de l'existence de leur ego, alors qu'il est mêlé à celui de leurentourage.

De cette certitude, il en résulte que les hommes émettent « des jugements généraux sur"l'homme" », c'est-à-dire qu'ils sont convaincus de l'existence positive d'un tel concept, « l'homme », alorsque pour Nietzsche, cette idée n'est qu'une « abstraction exsangue, (…) c'est-à-dire une fiction ».Nietzsche critique ainsi la thèse réaliste qui donnerait une réalité à un terme si universel que « l'homme ».Pour lui, ce concept ne signifie rien, puisque l'homme « ne se connaît pas lui-même ».

L'homme est doncindéfinissable, et cela n'a aucun sens d'y projeter l'idée d'un être unifié quand il est constitué d'opinionsempruntées et changeantes. - Nietzsche se range en fait du côté de la thèse phénoméniste, développée en particulier par le philosopheHume.

Le « moi » pour Hume et les phénoménistes n'est qu'un mot, la réalité n'est que le flux desimpressions, la diversité du changement intérieur.

L'idée de substance du moi apparaît à Hume un artifice del'imagination, pour donner consistance à une idée.

C'est ce qu'affirme Nietzsche en critiquant l'assurance deshommes qui pensent « l'homme » comme une unité, une existence stable, et s'inventent l'idée d'un moipermanent. - Nietzsche conclut que l'illusion est si bien ancrée dans l'esprit des hommes qu'il est difficile de les endéfaire.

En effet, l'assurance d'un moi permanent, d'un ego stable est constant est plus facile à admettreque l'existence d'un ego véritable, changeant et en devenir.

Car refuser l'illusion serait pour les hommes,renoncer à cette stabilité qu'ils se sont inventer, et opérer un effort introspectif pour rechercher leur egovéritable et « l'approfondir ».

Cela demande un effort que « la majorité » ne peut accomplir aux yeux deNietzsche.

Les hommes, selon l'auteur, préfèrent s'accrocher à « la pâle fiction générale » qu'ils se sontconstituée plutôt que de détruire tous les fondements sur lesquels repose leur idée d'eux-mêmes, et de serisquer vers l'inconnu, leur ego véritable, qu'ils n'ont pas la certitude de pouvoir atteindre et connaîtrejamais. Conclusion : En soulevant la question de l'existence d'un ego chez l'homme, c'est-à-dire d'un moi intérieur qui permette àl'individu de se définir comme être stable et unifié, Nietzsche n'entend pas dans ce texte résoudre le mystèrede son existence, mais réfute en revanche l'idée commune chez les hommes, qui prétendent connaître leurego.

Nietzsche soutient que l'ego auquel croient accéder les hommes n'est nullement leur « ego véritable »,mais n'est qu'une fiction, car lorsque les hommes se pensent eux-mêmes, ils sont en réalité influencés parleur entourage et leurs opinions ne sont donc jamais absolument personnelles.

Le concept d'ego tel qu'ilexiste chez la plupart des hommes n'est donc qu'une abstraction, puisqu'il n'a aucune réalité dans les faits,où les hommes sont incapables de se ressaisir eux-mêmes, et d'accéder à leur propre intériorité.

Laconnaissance de l'ego, pour Nietzsche, ne peut venir que « d'individus puissants », « tels les princes et lesphilosophes », qui seront capables de s'affranchir des opinions empruntées et du confort rassurant del'illusion.. »

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