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Nietzsche : l'individu qui fait l'histoire

Publié le 30/09/2013

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nietzsche

C'est l'ignorance historique qui entretient l'illusion qu'il n'y a jamais rien de nouveau sous le soleil : vu de loin, en effet, tous les événements humains semblent se répéter. Le risque qu'encourt donc l'homme d'action qui récuse la connaissance historique, est de ne jamais pouvoir « élargir « la notion d'homme en étant incapable de reconnaître le caractère inédit d'une situation et de répondre à ses défis en inventant des solutions nouvelles. Contrairement à ce qu'affirme Nietzsche, l'authentique homme d'action se doit donc d'être aussi historien.

Nietzsche

« Afin de ne pas perdre courage et de ne pas succomber au dégoût, parmi des oisifs débiles et incorrigibles, ou parmi des compagnons qui ne sont actifs qu'en apparence mais en réalité seulement agités et frétillants, l'homme d'action jette un regard en arrière et interrompt un moment sa course, ne fût-ce que pour reprendre haleine. Mais son but est toujours un bonheur, pas nécessairement son propre bonheur, mais celui d'une nation ou de l'humanité tout entière. Il répugne à la résignation et il use de l'histoire comme d'un remède à la résignation. Il ne peut le plus souvent compter sur aucune récompense, si ce n'est la gloire, c'est-à-dire le droit d'occuper une place d'honneur dans le temple de l'histoire, où il pourra servir de maître, de consolateur ou d'avertissement pour la postérité3. Car la loi qu'il reconnaît, c'est que tout ce qui a jamais été capable d'élargir et d'embellir la notion de "l'homme" doit rester éternellement présent, afin de maintenir éternellement présente cette possibilité. «

1. Débiles : sans (vérirable) énergie.

2. Temple de l'histoire : ce que retient l'histoire.

3. Postérité : les générations futures.

Questions

1. Dégagez l'idée principale du texte en analysant la valeur originale que l'auteur accorde à l'histoire.

2. Expliquez : « il use de l'histoire comme d'un remède à la résignation «. Expliquez la dernière phrase.

3. À quoi l'histoire peut-elle servir ?

nietzsche

« masse et de s'opposer systématiquement à ceux qui s'en distinguent, il ose affirmer positivement sa singularité, sans se soucier du jugement des autres.

Cette conduite noble et hautaine peut toutefois trouver un certain secours dans la pensée du jugement que l'humanité future portera sur elle.

La foule en effet ne reconnaît jamais un être d'exception de son vivant : elle le hait au contraire et ne peut l'admirer qu'une fois mort .

.,..

N'est-ce pas un moment de faiblesse qui conduit l'homme d'action à prendre en compte sa gloire future pour pouvoir supporter l'impopu­ larité du moment? On pourrait en effet le penser, d'autant plus que cette considération survient, d'après notre texte, à un moment où cet être d'exception « interrompt un moment sa course, ne fût-ce que pour reprendre un moment haleine ».

En réalité, l'homme d'action, même essoufflé, ne se ressource pas selon Nietzsche dans n'importe quel souci de gloire : ce qui compte pour lui n'est pas de plaire à la postérité mais de porter témoignage auprès des générations futures.

Il s'agit de s'im­ poser à elles comme un souvenir incontournable, au-delà même des juge­ ments positifs ou négatifs des uns et des autres.

C'est dans cette pers­ pective que le grand homme nietzschéen envisage l'histoire et en use .

.,..

Attention : exceptionnellement, la question 1 ne réclame pas de donner la composition du texte mais seulement de formuler et d'expliquer sa thèse.

D Corrigé (commentaire de texte) Question 1 D'après Nietzsche, l'homme d'action a besoin de l'histoire.

Non pas de faire de l'histoire en historien : il ne s'agit pas pour lui de se tourner vers le passé.

Mais, en tant qu'agent de l'histoire, il a besoin de se repré­ senter lui-même comme appartenant aux futurs livres d'histoire.

L'homme d'action vit son présent comme un futur antérieur.

Il s'agit pour lui d'écrire l'histoire de demain.

L'homme d'action confère ainsi au présent une dimension véritablement positive : contrairement à l'homme du commun, il ne l'accepte pas hypocritement dans son caractère sin­ gulier et éphémère, sachant que chaque événement est condamné à dis­ paraître définitivement ; il assume au contraire chaque instant de sa vie comme s'il allait devenir éternel, fixé à jamais dans la mémoire de l'humanité.

Cette manière d'agir suppose une parfaite acceptation du. »

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