Nietzsche: Notre serenite
Publié le 23/04/2005
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«
en Dieu : par 'là seulement nous sauvons le monde».
Ce qui importe à Nietzsche, c'est donc moins d'apporterune critique en forme de la morale et de la religion que de montrer que cet « autre monde », créé par elles,et en particulier par «les deux religions universelles, le bouddhisme et le christianisme» est synonyme dunon-être, du non-vivre, de la volonté de ne pas vivre».
Par elles, «les instincts de décadence se sontrendus maîtres des instincts de l'épanouissement »9.
Face à cette volonté du néant, doit se dresser une«liberté du vouloir», à la faveur de laquelle «l'esprit congédierait toute croyance, tout désir de certitude[...].
Pareil esprit serait le libre esprit par excellence».Cette liberté du vouloir, c'est ce que Nietzsche appelle la volonté de puissance, qui « est l'essence la plusintime de notre être ».Quelle sera l'oeuvre de la volonté de puissance? L'« immoralisme » de Nietzsche, ce sera positivement lamorale du surhomme.
Qu'est-ce que le Surhomme ?
Le Surhomme est une forme d'humanité supérieure qui laisse parler en lui la totalité des instincts, etprécisément ceux-là mêmes que la Culture christianisée a étouffés parce qu'ils étaient des formes de lavolonté de puissance, « ce qu'il y a de pire » en l'homme : égoïsme, instinct de domination, sexualité.
Mais ilconvient ici de souligner un point important.
L'homme est de toute façon un être de culture.
Il n'est donc enaucun cas possible de retourner au moment où les Barbares étaient encore indemnes des effets de lavolonté de puissance de leurs esclaves, moment fondateur de la culture.
Les instincts doivent être libéréspour être spiritualisés : « L'homme supérieur serait celui qui aurait la plus grande multiplicité d'instincts, aussiintenses qu'on peut les tolérer.
En effet, où la plante humaine se montre vigoureuse, on trouve les instinctspuissamment en lutte les uns contre les autres...
mais dominés.
» Ce surhomme parvient à la connaissancevéridique de l'humanité, qui est la connaissance « tragique » qui a été décrite précédemment.
Il se réalisedans les seules issues que Nietzsche a réservées : celle de l'art, qui est une fiction connue comme telle, oucelle de la connaissance intellectuelle.
Il réalise ainsi le sens de l'humanité même, car il est celui qui adhère àla doctrine de l'Éternel Retour et qui donc est le sommet de la volonté de puissance.
«Hommes supérieurs, maintenant seulement la montagne de l'avenir va enfanter.
Dieu est mort : maintenantnous voulons que le Surhumain vive ».
Dans le poème de Zarathoustra, il n'est guère contestable que lesurhomme doit être un individu doué de pouvoirs surhumains.
« Je vous enseigne le Surhumain.
L'hommen'existe que pour être dépassé.
» Le surhomme sera à l'homme ce que l'homme est au singe.
«L'homme estune corde tendue entre la bête et le Surhumain — la grandeur de l'homme, c'est qu'il est un pont et non unterme ».
Ultérieurement, ce lyrisme prophétique semble n'avoir plus qu'une signification symbolique, celled'imaginer un type supérieur, quelque chose qui «par rapport à l'humanité tout entière constitue une espèced'hommes surhumains ».
Pour cela, il faudra « sélectionner une caste dominante — celle des futurs maîtresde la terre, car il faudra préparer un renversement des valeurs pour une race humaine vigoureuse et biendéfinie».
Ces maîtres «préparés et prédestinés à commander» seront les chefs.
«Toute élévation du typehumain a toujours été et sera toujours l'oeuvre d'une société aristocratique », qui saura sacrifier le grandnombre au petit nombre, et c'est en ce sens que Nietzsche déclare : « Non, nous n'aimons pas l'humanité ».Il faut proscrire toute compassion, toute pitié, et «interdire toute faiblesse sentimentale : vivre, c'estdépouiller, blesser, violenter le faible et l'étranger, l'opprimer».
Il faut, à tout le moins, l'exploiter, car«l'exploitation n'est pas le fait d'une société corrompue, imparfaite ou primitive, c'est la fonction organiqueprimordiale, une conséquence de la volonté de puissance proprement dite, qui est la volonté même de la vie».Telle est «l'aurore» que Nietzsche voit luire à l'horizon.
«Voici venir les nouveaux Barbares : les cyniques, lesséducteurs, les conquérants, qui uniront à la supériorité intellectuelle la santé et la surabondance desénergies ».
Mais c'est sans doute dans la Généalogie de la morale que Nietzsche a poussé au-delà deslimites de l'imaginable sa magnification brutale de la morale aristocratique.
Les «aristocrates », s'ils sontrespectueux de leurs pairs, se déchaînent à l'égard des autres et «se dédommagent dans la sauvagerie detoutes les tensions que leur ont longuement imposées les limites et les barrières de la tranquillité sociale, ilsretournent à la conscience innocente de la bête de proie, comme des monstres allègres, qui reviennentpeut-être d'une suite atroce de meurtres, d'incendies, de viols, de tortures, pleins de joie et l'âme enéquilibre au retour d'une frasque d'étudiant [...].
Au fond de toutes ces races supérieures il ne faut pasméconnaître la bête de proie qui rôde, magnifique, à la recherche de la victoire et du butin, la brute blonde».Nietzsche aboutit, on le voit, à un individualisme forcené.
Selon l'idéal nietzschéen, «à l'endroit où l'arbremûrit ses fruits », nous trouvons «l'individu souverain, l'individu qui n'est semblable qu'à lui-même, l'individuaffranchi de la moralité des moeurs [...], celui qui possède en lui-même la conscience fière et vibrante de cequ'il a enfin atteint par là, de ce qui s'est incorporé en lui, une véritable conscience de la liberté et de lapuissance, enfin le sentiment d'être arrivé à la perfection de l'homme »..
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