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N'imagine-t-on jamais qu'à partir de rien ?

Publié le 30/08/2012

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L'imagination est entièrement libre, nous dit Hume. Toutefois, elle ne peut «déborder le stock primitif des idées fournies par les sens externes et internes«. Ce qui ne l'empêche pas de pouvoir indéfiniment «mêler, composer, séparer et diviser ces idées dans toutes les variétés de la fiction et de la vision« [Enquête sur l'entendement humain).L'image comme copie.Platon, fidèle à la pensée socratique, affirme dans « Timée « que le monde dans lequel nous vivons n'est qu'une image. Il n'est que la copie d'un modèle, le monde des « Idées « , monde parfait, éternel et immobile qui se conserve  identique à lui-même. Le temps n'est que l'image mobile de l'éternité. Et dans le livre VII de la « République «, par la fameuse allégorie de la caverne, il nous est montré que le monde sensible est le monde de l'ombre et de l'illusion, celui où triomphent la sensation et l'imagination. Ceux qui croient que les choses naturelles ou fabriquées sont réelles sont semblables à des prisonniers enchaînés au fond d'une caverne, tournant le dos à l'ouverture et n'ayant devant eux, projetés sur la paroi, que les ombres d'objets divers portés par des gens qui défilent derrière un feu qui brûle au-dehors.Au-dessous des naturelles ou fabriquées de la réalité desquelles l'illusion nous est donnée, il y a les fictions des arts qui imitent. Ainsi la représentation peinte d'un lit n'est pas la production du lit tel qu'il est, mais une simple image en trompe-l'oeil. Le lit lui-même qui est un objet fabriqué n'est que la copie de l' « Idée « du lit. L'art est donc doublement

« selon laquelle tous les phénomènes psychologiques résultent d'association d'idées purement atomatique.[2] Empirisme: Doctrine selon laquelle toute connaissancedérive de l'expérience, s'oppose à l'innéisme de Platon ou de Descartes: Bacon, Hobbes, Locke, Hume, Berkeley.

L'imagination a la sensation pour origine Pour Spinoza, enfin, l'imagination est une forme de connaissance appauvrie , fondée sur des ouï-dire.

A l'inverse de la raison qui considère les choses commenécessaires ou plutôt dans leur nécessité, l'imagination nous les représente comme contingentes et fait ainsi naître en nous deux passions fondamentales : l'espoir et lacrainte.

Or, la crainte est la cause qui « engendre, entretient et alimente la superstition ».

Et la superstition est elle-même à l'origine de toutes les horreurs du monde.L'imagination est pour Spinoza la "connaissance selon l'ordre commun de la nature", ou connaissance "du premier genre"; elle est le premier degré de lareprésentation humaine.

Comme telle, elle doit être dépassée pour que puisse être atteinte la connaissance rationnelle par notions abstraites ("connaissances dudeuxième genre"), puis la connaissance rationnelle intuitive des choses singulières ("connaissance du troisième genre") qui permet de saisir l'union des parties avec letout dans la nature.

L'imagination, représentation trompeuse et inadéquate, source de toutes les illusions qui dominent le genre humain, n'en est pas moins pour autantune "puissance" de l'homme, à condition que celui-ci sache ne pas en être le jouet, c'est-à-dire la distinguer soigneusement et rigoureusement de l'entendement et dela raison afin de mieux en faire usage.

La source de l'imagination se situe «dans quelques sensations fortuites (si l'on peut dire) et isolées, qui ne sont pas produitespar la puissance même de l'esprit, mais par des causes externes, selon les mouvements divers qui affectent le corps endormi ou éveillé» [De la Réforme del'entendement).

L'imagination ne procède donc pas de rien. L'imagination est faculté de recomposer des idéesL'imagination est entièrement libre, nous dit Hume.

Toutefois, elle ne peut «déborder le stock primitif des idées fournies par les sens externes et internes».

Ce qui nel'empêche pas de pouvoir indéfiniment «mêler, composer, séparer et diviser ces idées dans toutes les variétés de la fiction et de la vision» [Enquête sur l'entendementhumain).L'image comme copie.Platon, fidèle à la pensée socratique, affirme dans « Timée » que le monde dans lequel nous vivons n'est qu'une image.

Il n'est que lacopie d'un modèle, le monde des « Idées » , monde parfait, éternel et immobile qui se conserve identique à lui-même.

Le temps n'est que l'image mobile de l'éternité.Et dans le livre VII de la « République », par la fameuse allégorie de la caverne, il nous est montré que le monde sensible est le monde de l'ombre et de l'illusion, celuioù triomphent la sensation et l'imagination.

Ceux qui croient que les choses naturelles ou fabriquées sont réelles sont semblables à des prisonniers enchaînés au fondd'une caverne, tournant le dos à l'ouverture et n'ayant devant eux, projetés sur la paroi, que les ombres d'objets divers portés par des gens qui défilent derrière un feuqui brûle au-dehors.Au-dessous des naturelles ou fabriquées de la réalité desquelles l'illusion nous est donnée, il y a les fictions des arts qui imitent.

Ainsi lareprésentation peinte d'un lit n'est pas la production du lit tel qu'il est, mais une simple image en trompe-l'oeil.

Le lit lui-même qui est un objet fabriqué n'est que lacopie de l' « Idée » du lit.

L'art est donc doublement illusionnisme puisqu'il n'est que l'imitation de quelque chose qui n'est déjà elle-même qu'une apparence.Dans lelivre X de la « République », Platon soutient qu'il convient de récuser le jugement des poètes et de leur retirer leur fonction éducative.

Si les poètes passent pourconnaître « tous les arts, toutes les choses humaines qui se rapportent à la vertu et au vice, et même des choses divines », c'est parce que leur compétence ne serapporte pas à l'être mais à un simple « fantôme ».

Autrement dit, si l'art peut tout exécuter, « c'est, semble-t-il, qu'il ne touche qu'une petite partie de chaque chose, etcette partie n'est qu'un fantôme » (livre X).

L'art n'est donc qu'imagerie ou copiage.Il y a donc, dans le platonisme, une dévalorisation de l'image et de l'imagination.L'image est l'art de produire l'illusion.

Elle est illuminante.

Or ce n'est pas d'illusion mais de vérité que l'on doit nourrir l'âme.

La vérité, la vraie réalité est ailleurs,dans un lieu supraterrestre où résident les purs objets de la contemplation, cad des « Idées ».Or ces « Idées », ces choses incorporelles, qui sont les plus grandes et lesplus belles de toutes, on ne peut les faire connaître clairement « que par le raisonnement, et par rien d'autre ».

Il est donc vain de vouloir comprendre par l'imaginationce qui ne peut l'être.

D'autant plus que l'imagination abuse la raison.

Elle n'est que le pouvoir de créer des images imparfaites et des copies dérisoires. L'imagination déforme les images premièresGaston Bachelard a renversé la traditionnelle définition de l'imagination, selon laquelle imaginer, c'est former des images.

Dans ses riches études consacrées àl'imaginaire, il montre que l'esprit qui imagine part d'images premières, habituelles, qui ont perdu tout pouvoir de nous étonner puis les déforme et leur confère unedimension poétique.

| Dans une certaine limite, effectivement, on peut montrer que l'on n'imagine jamais à partir de rien.

La sirène est un être purement imaginaire, mais cet être estcomposé de deux éléments quant à eux bien réels: un buste de femme et une queue de poisson.

Tant que l'on en reste à cette imagination qui renvoie au réel, on peutdonner raison à Hume.

Mais plus on s'élève au niveau de l'abstraction, plus on est confronté à un mystère fondamental.

Comment, en mathématiques, l'esprit est-ilcapable d'imaginer de nouveaux concepts, de nouvelles solutions? Pour répondre à cette question, l'on est tenté évidemment de répondre que l'imagination produit, exnihilo, de nouveaux outils permettant à la raison d'avancer.

L'explication associationniste est donc une reconstruction très artificielle, qui ne rend pas vraimentcompte de la vie de l'esprit.

Si l'on me donne un arbre, on peut bien faire de la sciure, mais avec de la sciure, on ne peut faire un arbre.L'associationnisme essaie de refaire la vie de la conscience avec des éléments simples, mais en laissant échapper l'essentiel.------------------------------------------------- ------------------------------------------------- ------------------------------------------------- ------------------------------------------------- -------------------------------------------------« Rien n'est plus libre que l'imagination humaine; bien qu'elle ne puisse déborder le stock primitif des idées fournies par les sens externes et internes, elle a un pouvoirillimité de mêler, composer, séparer et diviser ces idées dans toutes les variétés de la fiction et de la rêverie.

» Hume, Enquête sur l'entendement humain, 1748. « Par l'imagination nous abandonnons le cours ordinaire des choses.

[...] Imaginer c'est s'absenter, c'est s'élancer vers une vie nouvelle.

» Bachelard, L'Air et lesSonges, 1943. « Grâce à l'imaginaire, l'imagination est essentiellementouverte, évasive.

Elle est dans le psychisme humain l'expérience même de l'ouverture, l'expérience même de la nouveauté.

» Bachelard, L'Air et les Songes, 1943. « L'imagination [...], c'est la conscience tout entière en tant qu'elle réalise sa liberté.

» Sartre, L'Imaginaire, 1940.-------------------------------------------------« L'imagination est la folle du logis.

» Malebranche, De la Recherche de la vérité, 1674-1675. « Imagination — C'est cette partie dominante dans l'homme, cette maîtresse d'erreur et de fausseté, et d'autant plus fourbe qu'elle ne l'est pas toujours.

» Pascal,Pensées, 1670 (posth.) « Les hommes jugent des choses selon la disposition de leur cerveau et les imaginent plutôt qu'ils ne les connaissent.

» Spinoza, Éthique, 1677 (posth.) « Il est vraisemblable que le principal crédit des miracles, des visions, des enchantements et de tels effets extraordinaires, vienne de la puissance de l'imaginationagissant principalement contre les âmes du vulgaire, plus molles.

» Montaigne, Essais, 1580-1588. « Qu'on loge un philosophe dans une cage de menus filets de fer clairsemés, qui soit suspendue au haut des tours Notre-Dame de Paris, il verra par raison évidentequ'il est impossible qu'il en tombe, et pourtant, il ne se saurait garder [...] que la vue de cette hauteur extrême ne l'épouvante et ne le transisse.

» Montaigne, Essais,1580-1588.. »

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