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Nos paroles sont-elles aliénées ?

Publié le 13/09/2018

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D’un point de vue sociologique, on peut noter, de manière complémentaire, qu’un tel phénomène révèle mon appartenance à un groupe, à une collectivité : en utilisant des mots et des formules que je ne pense peut-être pas intégralement, je m’inscris malgré moi dans un environnement culturel. Mes capacités à parler dépendent en effet d’un apprentissage, lui-même déterminé — au moins en partie — par mon milieu d’origine et par les milieux que j’ai pu côtoyer ou traverser ultérieurement (école, amis, etc.). En parlant, c’est l’histoire de mon rapport à la langue que je fais affleurer.

 

Dans la langue, l’héritage réside aussi bien dans le vocabulaire et la syntaxe que dans des formules convenues, des expressions toutes faites, des clichés qui peuvent s’imposer au locuteur pour peu qu’il ne soit pas en permanence attentif à ce qu’il dit, et qu’il se laisse ainsi entraîner par le poids des habitudes linguistiques de son milieu. On peut évoquer à ce propos les risques de dérapage que peut connaître n’importe qui en recourant à des tics verbaux qui peuvent, soit aller au-delà de ce qu’il avait initialement l’intention de dire, soit au contraire demeurer trop faibles pour exprimer sa pensée.

« CORRIGÉ [Introduction] Alors que, lorsque nous parlons, nous avons en général l'intention de dire uniquement ce que nous voulons, et d'assurer ainsi une complète maîtrise sur nos paroles, il nous arrive d'avoir l'impression que ces mêmes paroles dépassent notre pensée, ou qu'au contraire nous ne parve­ nons pas, ou ne parvenons qu 'insuff isamment, à signifier ce que nous voulons.

Une discussion un peu vive, une classique «scène de ménage >> nous amènent à monter le ton et à regretter ensuite que nos paroles aient dépassé ce que nous voulions dire.

Indépendamment de ces situations excessives, pouvons-nous réellement nous considérer comme maîtres de nos paroles ? [1.

Dimension collective du langage ] Les mots que j'utilise ne sont pas de mon invention.

En conséquence, toute formule à laquelle je recours peut véhiculer davantage de signi­ fication que je lui en donne, parce qu'elle est dotée d'une sorte de « mémoire >> collec tive que je ne peux prétendre maîtriser entièrement.

On peut en déduire, avec Nietzsche, que le vocabulaire ou la langue n'en finit pas de nous aliéner, en nous obligeant à fo rmuler ce qui nous concerne dans des énoncés communs, ordinaires, qui trahissent nécessairement ce que peut être notre singularité.

D' un point de vue sociologique, on peut noter, de manière complémen­ taire, qu'un tel phénomène révèle mon appartenance à un groupe, à une collect ivité : en utilisant des mots et des formules que je ne pense peut­ être pas intégralement, je m'inscris malgré moi dans un environnement culturel.

Mes capacités à parler dépendent en effet d'un apprentissage, lui­ même déterminé - au moins en partie -par mon milieu d'origine et par les milieux que j'ai pu côtoyer ou traverser ultérieurement (école, amis, etc.).

En parlant, c'est l'histoire de mon rapport à la langue que je fais affleurer.

Dans la langue, l'héritage réside aussi bien dans le vocabulaire et la syntaxe que dans des formules convenues, des expressions toutes faites, des clichés qui peuvent s'imposer au locuteur pour peu qu'il ne soit pas en permanence attentif à ce qu'il dit, et qu'i l se laisse ainsi entraîner par le poids des habitudes linguistiques de son milieu.

On peut évoquer à ce pro­ pos les risques de dérapage que peut connaître n'importe qui en recourant à des tics verbaux qui peuvent, soit aller au-delà de ce qu'i l avait initiale­ ment l'intention de dire, soit au contraire demeurer trop faibles pour exprimer sa pensée.. »

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