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Nous sommes» les enfants de la flèche du -temps I. PRIGOGINE

Publié le 09/01/2020

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temps

[Depuis la théorie de la relativité], la flèche du temps a [...] été reléguée dans le domaine de la phénoménologie. Ce seraient nous, humains, observateurs limités, qui serions responsables de la différence entre passé et futur. Cette thèse, qui réduit la flèche du temps au caractère approximatif de notre description de la nature, est encore soutenue dans la plupart des livres récents.

On sait qu'Einstein a souvent affirmé que « le temps est illusion ». Et en effet, le temps tel qu'il a été incorporé dans les lois fondamentales de la physique, de la dynamique classique newtonienne jusqu'à la relativité et à la physique quantique, n'autorise aucune distinction entre le passé et le futur. Aujourd'hui encore pour beaucoup de physiciens, c'est là une véritable profession de foi : au niveau de la description fondamentale de la nature, il n'y a pas de flèche du temps. Or le chimiste llya Prigogine a démontré pourtant la signification incontestable de cette flèche dans la physique. On peut alors parler d'un véritable paradoxe du temps. Comment incorporer la flèche du temps sans détruire les constructions scientifiques antérieures ?

D’autres auteurs renoncent à demander aux sciences la clé du mystère insoluble que constituerait l’émergence de la flèche du temps. Or, depuis Boltzmann1, la situation a profondément changé. Le développement spectaculaire de la physique de non-équilibre et de la dynamique des systèmes dynamiques instables associés à l’idée de chaos nous force à réviser l’idée du temps telle qu’elle est formulée depuis Galilée.

En effet, au cours des dernières décennies, une nouvelle science est née, la physique des processus de non-équilibre. Cette science a conduit à des concepts nouveaux tels que T auto-organisation et les structures dissipatives qui sont aujourd’hui largement utilisés dans des domaines qui vont de la cosmologie jusqu’à l’écologie et les sciences sociales, en passant par la chimie et la biologie. La physique de non-équilibre étudie les processus dissipatifs, caractérisés par un temps unidirectionnel, et ce faisant elle confère une nouvelle signification à l’irréversibilité. Précédemment, la flèche du temps était associée à des processus très simples, tels que la diffusion, le frottement, la viscosité. On pouvait en conclure que ces processus étaient compréhensibles à l’aide des seules lois de la dynamique. Il n’en est plus de même aujourd’hui. L’irréversibilité n’apparaît plus seulement dans des phénomènes aussi simples. Elle est à la base d’une foule de phénomènes nouveaux tels que la formation des tourbillons, des oscillations chimiques ou du rayonnement laser. Tous ces phénomènes illustrent le rôle constructif fondamental de la flèche du temps. L’irréversibilité ne peut plus être identifiée à une simple apparence qui disparaîtrait si nous accédions à une connaissance parfaite. Elle est une condition essentielle de comportements cohérents dans des populations de milliards de milliards de molécules. [...] Sans la cohérence des processus irréversibles de non-équilibre. l’apparition de la vie sur la Terre serait inconcevable. La thèse selon laquelle la flèche du temps est seulement phénoménologique devient absurde. Ce n’est pas nous qui engendrons la flèche du temps. Bien au contraire, nous sommes ses enfants.

I. Prigogine, La Fin des certitudes, Éd. Odile Jacob, 1996, pp. 11-12.

temps

« D'autres auteurs renoncent à demand er aux sciences la clé du mystère insoluble que constituerait l'émergence de la flè_che du temps .

Or, depuis Boltzmann 1, la situation a profondément changé.

Le développement spectaculaire de la physique de non­ équilib re et de la dyna mique des systèmes dynamiques instab les associés à l'idée de chaos nous force à réviser l'idée du temps telle qu'elle est fon nulée depuis Galilée.

En effet , au cours des dernières décenni es.

une nouvelle science est née, la physique des processus de non -équilibre.

Cette scie nce a conduit à des concepts nouveaux tels que l'auto -organi ­ sation et les struc ture s dissipatives qui sont aujourd'hui large­ ment utilisés dans des domaines qbi vont de la cosmologie jusqu'à l'éco logie et les sciences sociales, en passa nt par la chi­ mie et la biologie.

La phy sique de non-équilibre étudie les pro­ cessus dissipat ifs, carac térisés par un temps unî direct ionnel, et ce faisant elle contèr e une nouvelle signification à l'irrévers ibiHt é.

Précédemment, la flèc he du temps était associée à des processus très simples, tels que la diffusion.

le frotteme nt, la viscosi té.

On pouvait en conclure que ces processus éta ient compréhensib les à l'aide des seules lois de la dyn amique .

Il n'en est plus de même aujourd 'hui.

L'irréversibilité n'apparaît plus seuleme nt dans des phénomènes auss i simp les.

Elle est à la base c!'u ne foule de phé­ nomènes nou veaux tels que la formation des tourb illons, des oscillations chim iques ou du rayonne men t laser .

Tous ces phéno­ mènes illustrent le rôle cons tructif fonda mental de la flèche du tem ps.

L'irré versibilité ne peut plus être identifiée à une simp le apparence qui disparaît rait si nous accédions à une connaissance parfaite.

Elle est une condition essentie lle de comportements cohére nts dans des populations de milliards de milliards de mo lé­ cules .[ ...

] Sans la cohérence des processus irréversibles de non­ équ ilibre, l'apparit ion de la vie sur la Terre serait incon cevable.

La thèse selon laquelle la flèche du temps est seu lement phéno ­ ménologique devien t absurde .

Ce n'es t pas nous qui engendrons la flèche du temps .

Bien au contraire, nous sommes ses enfants.

I.

PRICJOOINE, LA Fin des certi tudes, Écl.

Odile Jacob, 1996 , pp.

11-12.

1.

Ludwig Bo ltzmann.

physicien vie nnois (1844- 1906).

avait cru pouvoir suivre l'exemple de Darwi n en biologie et donner une des· cription évo lutio nniste des phénomènes physiques.. »

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