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N'y a-t-il de bonheur que dans l'instant?

Publié le 08/01/2005

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.. » Kant, « Fondements de la métaphysique des moeurs ». L'objet de la « Dialectique » de la raison pure pratique, c'est le souverain bien , défini comme l'accord de la vertu et du bonheur, dont nous avons besoin en tant qu'êtres doués d'une sensibilité. La vertu et le bonheur sont liés dans le concept du souverain bien. Par suite, il faut déterminer la nature de cette liaison, de cette unité. Ou bien elle est analytique et il faut affirmer l'identité de la vertu et du bonheur ; ou bien elle est synthétique et il faut dire alors que la vertu engendre le bonheur. Les deux grandes écoles morales de l'antiquité, stoïcisme et épicurisme, ont adopté le principe commun de l'identité du bonheur et de la vertu, mais elles l'ont conçu de façons différentes. Tous deux se trompaient en ceci qu'ils considéraient l'unité du concept de souverain bien comme analytique, alors qu'elle est synthétique ; en d'autres termes, leur erreur commune était de considérer comme identiques deux éléments hétérogènes ou du moins de regarder l'un des deux comme faisant partie de l'autre : « Le stoïcien soutenait que la vertu est tout le souverain bien et  que le bonheur n'est que la conscience de la possession de la vertu, en tant qu'appartenant à l'état du sujet. L'épicurien soutenait que le bonheur est tout le souverain bien -et que la vertu n'est que la forme de la maxime à suivre pour l'acquérir, cad qu'elle ne consiste que dans l'emploi rationnel des moyens de l'obtenir. » Or, les maximes de la vertu et les maximes du bonheur relèvent de principes totalement différents. Si la vertu et le bonheur sont liés, cad si le souverain bien est pratiquement possible, ce ne peut être qu'en vertu d'une liaison synthétique.

« pas son intérêt : lorsqu'il est là, j'en profite pleinement, et lorsqu'il n'est pas là, je peux attendre, sinon prévoir, sonretour (on sait que chez les épicuriens, le souvenir d'un moment heureux permet de rendre supportable une situationprésente pénible).

Ces ponctuations de bonheur rendraient la vie plus riche, plus satisfaisante.

Et c'est précisémentpour les multiplier que l'on peut alors être tenté de mieux maîtriser le bonheur, d'en faire autre chose que le résultatd'une chance.C'est bien ce qu'ont tenté la plupart des sagesses de l'Antiquité, qui affirment une relation entre le bonheur et lavertu.

En pratiquant la vertu, ce qui relève de notre volonté, nous devons atteindre un bonheur qui, même s'il n'estpas permanent, sera plus durable.

Cela suppose que l'on sépare cette fois le bonheur du simple plaisir, décidémenttrop éphémère, et que l'on admette que la vie heureuse est celle qui vise le Souverain Bien.

Ainsi Aristote peut-ilaffirmer que le bonheur réside dans l'activité, et la vertu dans l'aptitude qui est propre à chaque être : il en déduitque, puisque la vertu de l'homme est de penser (d'user de sa raison), une vie heureuse consiste pour l'homme à êtredélivré des besoins primaires et à pouvoir se tourner vers l'activité intellectuelle. Dans l'Éthique à Nicomaque, Aristote conduit l'analyse de ce qui motive lesactions humaines.

Chacun conçoit le bien et le bonheur d'après sa propre vie.Pour le plus grand nombre, le bonheur se définit par une vie de jouissance etde plaisirs ; on en trouve d'ailleurs souvent l'exemple parmi ceux quigouvernent.

Pour un nombre plus restreint ("l'élite et les hommes d'action"), lebonheur est placé dans la récolte des honneurs et des louanges : tel est lebut en général recherché par ceux qui font de la politique.

Il existe enfin untroisième type de bien, relatif à un tout petit nombre ("cette fin a davantagerapport avec ceux qui accordent les honneurs qu'avec ceux qui lesreçoivent").

Ce vrai bien est individuel et inaliénable.

Ce ne sont ni leshonneurs qui rassurent — où l'on cherche la reconnaissance de gensintelligents —, ni même la vertu.

Car on peut être vertueux et rester inactiftoute sa vie ; ou, bien pire, endurer bon gré mal gré "les pires maux et lespires malheurs" : on peut être vertueux et terriblement malheureux.

Lesouverain bien est un bien qui est recherché pour lui-même et non en vued'autre chose (comme l'argent par exemple), il est tout à la fois moyen et fin.Seul le bonheur est en mesure de répondre à cette définition et Aristote lefait résider dans l'activité de l'esprit, partie la plus haute et la plus noble del'homme, dont l'activité est plus durable et continue que tout autre actionpratique.

Elle procure un plaisir certain, tant il est vrai qu'il y a plusd'agrément à vivre dans le savoir que dans l'ignorance, et enfin elle est indépendante, ne répondant que d'elle-même : sa finalité lui est immanente (elle ne dépend pas d'un résultatextérieur plus ou moins bon), et elle se nourrit du loisir à la différence de toutes les autres activités qui sontlaborieuses. L'objection est facile : on sait - et par expérience ! - que le bonheur, quelle que soit la conception que l'on en a, nese laisse pas maîtriser si facilement.

Même s'il est déplaisant de le considérer comme un « don du ciel », il n'estguère réaliste de prétendre qu'il survient à volonté, ou à force d'entraînement.

Nous voici renvoyés à la satisfactiondu moment, mais en constatant qu'il nous appartient, au moins en partie, de la préparer : j'aurai plus de chanced'être satisfait en allant voir un filin dont je pense qu'il peut nie plaire, plutôt qu'un autre dont je sais à l'avance queje l'aimerai pas. [III.

Le bonheur introuvable] Mais on doit considérer aussi que.

quelles que puissent être les précautions que je prends pour en favoriser l'arrivée.le bonheur dépend simultanément de trop nombreux facteurs indépendants de ma volonté pour que je puisseprétendre le maîtriser, même partiellement.

Rien, de plus, ne me permet d'affirmer que ce qui me rend heureux agitde même pour tous les hommes : il y a dans le bonheur trop d'éléments liés à la subjectivité ou même à la simplesensibilité individuelle, pour que ce qui le produit paraisse universalisable.Kant préfère en conséquence considérer que le bonheur n'est rien d'autre qu'un idéal de l'imagination, qu'on ne peutdonner comme fin à la vie morale, et qui n'est en rien lié à la vertu (on peut être malheureux en pratiquant la vertu,pourquoi pas heureux sans être vertueux ?).

Les « petits bonheurs » restent évidemment possibles dans lequotidien, mais ils sont sans véritable importance.

Si le bonheur doit nous échoir, nous devons le penser «idéalement » comme une plénitude totale, ce qui implique qu'elle soit sans fin : il devrait concerner l'âme dans son. »

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