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N'y a-t-il de violence que pour l'homme ?

Publié le 03/12/2005

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Hobbes affirme que l'homme est un loup pour l'homme, indiquant par ces mots que la violence est un phénomène naturel chez l'humain. Mais pourtant, le loup n'est pas un loup pour le loup, alors qu'il peut tuer violemment sa proie. La violence, force brutale qui contraint ou détruit un être, semble être l'apanage spécifique de l'humain, mais seulement parce qu'elle n'est pas humaine, mais animale, bestiale, ou simplement naturelle. On peut donc se demander s'il n'y a de violence que pour l'homme. On peut constater en effet, et ce sera l'objet de notre première partie, que la violence est un fait de nature, et que l'homme n'est pas le seul qui soit capable de l'exercer ou de la subir, encore qu'il soit apparemment le seul à pouvoir désigner comme violence un acte qui vise à la destruction d'un autre être. La violence, nous le montrerons dans un second moment, semble n'avoir de sens que pour l'homme, précisément parce qu'elle est l'absolument non humain, et exprime l'animalité dans laquelle il peut se dégrader. Cette double nature, humaine et non humaine, qui fait peser sur l'homme la menace permanente de l'inhumanité, semble donc la condition pour que la violence prenne sens comme ce contre quoi l'homme doit lutter pour construire son humanité.

« dans l'immanence, il n'y a pas de visée intentionnelle vers l'autre comme autre, il y a seulement expression, enquelque sorte, d'un mouvement naturel qui vient d'eux, mais ne va pas spécifiquement vers l'autre, il n'Y va que demanière contingente, il se trouve que cet autre est un gibier potentiel, une proie.

L'homme qui veut tuer soncongénère vise, au delà de la destruction du corps de cet autre, la destruction de sa conscience comme conscienceautre. E – On peut en conclure que la violence se distingue du simple rapport de force lorsque l'on vise l'anéantissement del'autre pour son anéantissement, ce qui suppose une conscience de l'altérité, de l'identité, toute chose dont seull'homme semble capable.

Mais la violence reste cependant, et paradoxalement, un fait naturel, l'exercice d'une forceextrême pour détruire, contraindre un autre corps.

Nous avons donc le paradoxe d'un fait naturel qui n'existe et nepeut exister que pour celui qui n'est pas uniquement soumis aux lois de la nature, l'homme. II – Il n'y a de violence que pour l'homme, parce qu'elle exprime ce qui en l'homme n'est pas humain, maispurement naturel. A – L'homme, nous le disions, reconnaît la violence dans la nature et la désigne comme telle, en tant qu'elle seprésente à lui comme le moment d'un pur rapport de force qui vise à ou produit effectivement la destruction d'unêtre.

Il ne peut la désigner comme violence que s'il a conscience de cette unité et de la distorsion temporelle queproduit l'explosion de violence.Lorsque l'homme est violent, il accomplit ce qu'il a reconnu comme existant dans la nature, une œuvre dedestruction brutale.

Le moment de la violence, c'est celui où l'homme se conduit comme une brute, comme unanimal, justement.

Mais pour être désigné comme brute, il faut précisément ne pas en être une, ou avoir une natureautre.

Il n'y a que de l'homme que l'on dira qu'il se conduit comme une brute, ce terme n'est utilisé à propos desanimaux, par exemples, que pour désigner un caractère naturel, non pour dénoncer un comportement.

L'animal, lui,ne peut jamais quitter son animalité, qui ne lui est pas reprochée.

L'homme au contraire est cet être qui a lapossibilité de quitter sa nature humaine pour redescendre jusqu'au statut de brute.

La violence ne peut donc fairesens que pour quiconque est capable de distinguer entre la naturalité et un autre de la nature, en l'occurrencel'humanité.

Ce qui rend possible la notion de violence, ce qui la fait émerger, c'est la séparation opérée par laconscience et la raison, qui nous permet de dire : ceci est violent, comme on dirait : ceci n'est pas humain,n'appartient pas en propre à l'humain, ceci appartient à la nature, c'est le fait naturel en l'homme. B – La violence est donc ce qui, issu de la nature où elle n'a pas de sens comme tel, vient s'immiscer dans notrehumanité pour détruire l'humain.

Même lorsqu'elle vise la destruction d'une chose, la violence vise plus loin quel'objet, la chose appartient à l'ennemi, ou elle symbolise ce que nous haïssons. C – Cela explique que la violence soit rationalisée par les sociétés.

Les lois vont décider des violences permises ouinterdites, pour ne garder le nom de violence qu'à celles dont on estimera qu'elles ne relèvent que de la barbarie, dela brutalité.

Les religions qui sacrifient des humains, les inquisiteurs qui brûlent les hérétiques, les chefs politique quienvoient les soldats à la guerre, ne le font pas au nom de la nature, mais au nom de la loi : l'ennemi est celui quiincarne la force destructrice, et c'est l'unité (la religion, l'état, la communauté) qui, pour justifier la destruction enretour de l'ennemi, déclare se défendre contre la force violente et destructrice de l'ennemi.

Il y a toujours undiscours qui justifie l'action violente, pour lui ôter son caractère de violence, et ce discours désigne l'ennemi commele vrai agresseur, la violence en retour n'étant dans ce cas considérée que comme les forces de résistances àl'ennemi.

Il faut donc légiférer autour de l'acte de destruction, pour distinguer celui qui préserve l'unité et celui qui ladétruit.

Celui qui préserve l'unité, comme le coup de scalpel du chirurgien, sera désigné d'un autre nom que violenceen tant qu'il relève non pas de la brute, mais de l'humanité : mettre à mort celui qui menace notre religion et lacommunauté des croyants, mettre à mort l'ennemi qui n'est plus un homme mais un simple soldat, instrumentanonyme de l'autre État, celui qui veut me détruire.

Les lois de la guerre sont faites pour séparer l'homme de labête, elles nous indiquent que les hommes, même dans la guerre qui comprend des actes brutaux, veulent s'éleverau-dessus de la bête.

Il y a des règles de guerre, et le soldat qui les transgresse pour commettre des forfaits estpassible d'un châtiment parce qu'il a agit non pas au nom de la cause supérieure qu'il était supposé servir, mais aunom d'un instinct, d'un désir, de la cupidité ou la bestialité, autant de mouvements qui rappellent l'animal en lui. D – Celui qui est désigné comme purement violent, c'est le barbare, la brute, autrement dit, celui qui commet unacte de destruction non pas pour préserver une unité considérée comme plus haute, mais parce qu'il suit les loisnaturelles de son désir ou de ses pulsions, celui qui se conduit comme le ferait un animal.

Le discours de légitimationqui accompagne toutes les violences "légales" servent à distinguer entre une destruction dite valide, et une autrequi serait la vraie violence, la mouvement impulsif, brutal, de la bête.

La violence est donc, au sein de l'humain, lemoment où l'humain disparaît, paradoxalement, le moment où j'agis sans contrôle sur mes émotions, mes passions,sans conscience de mon humanité ou de celle de ma victime, le moment où la raison a disparu, cette raison qui mepermettait de percevoir, précisément, l'autre en face de moi et de lui donner un sens.

Cet autre ne devient, commepour l'animal, qu'une proie, alors qu'il est avant tout, pour le discours légitimant, l'ennemi, l'hérétique, le danger,l'agresseur.

Inversement, celui qui veut dénoncer comme violence ce qui se donne le masque de la loi, celui-làmontrera que derrière ce masque se cache une vraie violence : vous dites que vous tuez cet homme parce qu'ilmenace votre religion ou votre état, mais en réalité, je dénonce ce faux discours et je vous montre que ce qui vaut,. »

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