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OBJET ET DIVISIONS DE LA PHILOSOPHIE CHEZ EPICURE

Publié le 18/03/2011

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philosophie

   La philosophie est une théorie de la nature. Montrer ce qui subsiste sous ce qui passe, examiner s'il peut exister quelque principe immatériel ou si au contraire l'âme elle-même n'est que matière, si le monde a été créé, organisé par une intelligence souveraine, ou si au contraire il s'est formé de lui-même, rechercher enfin selon quelle règle nous devons juger, selon quelle règle nous devons agir, tel est l'objet de la philosophie.    Pourquoi se poser toutes ces questions et se donner la peine d'en chercher la solution? Est-ce par pure curiosité ? pour le simple contentement de posséder la vérité ?    Ce n'est pas la vérité que poursuit Épicure, ou du moins, s'il la cherche, ce n'est pas pour elle-même, mais seulement dans la mesura où elle est indispensable à la vie bienheureuse. Elle n'est pour lui qu'un moyen : la fin qu'il se propose est le bonheur.

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« réussissons qu'à nous persuader faussement que d'autres besoins nous pressent que nos besoins naturels ; etcomme ces besoins imaginaires, artificiels, ne peuvent jamais aboutir à une satisfaction qui en soit le terme, ilsdéterminent en nous une inquiétude qui nous prive à jamais de goûter la joie du repos.

« Vous n'avez point dans vosmaisons, dit Lucrèce d'après son maître, des figures de jeunes gens en or, tenant dans leur main droite des torchesenflammées, pour prodiguer la lumière à vos festins nocturnes? On ne voit point dans votre demeure l'éclat de l'or etle reflet de l'argent; on n'entend pas l'écho de la lyre sous les vastes espaces de vos lambris dorés? Qu'importe ; sivous pouvez avec vos amis vous étendre sur le frais gazon, près d'une source pure, sous le feuillage d'un arbreélevé? Là, sans beaucoup de frais, on apaise agréablement sa faim, surtout quand la saison sourit et que leprintemps sème de fleurs les vertes prairies.

Et la fièvre brûlante quittera-t-elle plus vite votre corps, parce qu'ils'agitera dans la pourpre et les broderies précieuses, au lieu d'être gisant sous la laine grossière du plébéien? C'estdonc pour notre corps quelque chose de vain que les trésors, la naissance et la majesté royale.

» Il y a deux voies pour atteindre le bonheur : l'une courte et droite, l'autre pleine de détours et indéfinie.

Par lapremière on atteint tout de suite le souverain bien ; ceux-ci la suivent qui bornent leurs désirs à leurs besoinsessentiels.

Quant à ceux qui suivent l'autre voie, qui veulent atteindre le bonheur en se laissant entraîner à sapoursuite par la meute toujours plus acharnée de leurs désirs insatiables, ils sont destinés à le voir fuir à chaquedétour de la route indéfinie, sur laquelle ils ont eu l'imprudence de s'engager.

« Épicure, dit Lucrèce, vit des hommesopulents, comblés d'honneurs et de gloire, fiers de la bonne renommée de leurs enfants, et cependant il n'en trouvapas un qui, dans le for intérieur, ne fût bourrelé d'angoisses, et dont la vie ne fût attristée par les vaines plaintesd'un cœur souffrant.

Alors il découvrit la cause de tant de plaintes amères et de reproches : il comprit que le malvenait de notre cœur même...

que c'était un vase mal clos et percé, qu'on ne saurait jamais remplir.

» Ce qui fait leplus défaut aux hommes, ce n'est donc pas l'art de satisfaire leurs désirs, c'est plutôt l'art de les limiter; ce n'estpas sur les choses qu'il faut leur apprendre à agir, c'est sur eux-mêmes.

Leurs désirs sont indéfinis ; c'est le signequ'ils ne sont pas naturels.

Qu'importe que le corps soit sain, si l'âme est malade? Ce n'est donc pas du corps deshommes qu'il faut se soucier, mais de leur âme.

Descartes, qui croit que l'âme est une substance immatérielle,déclare que s'il est un moyen de rendre communément les hommes plus vertueux, c'est de mieux satisfaire leursbesoins grâce aux inventions mécaniques, de mieux conserver leur santé grâce à la médecine, en un mot, d'agir surleur corps.

Le matérialiste Épicure assure, au contraire, que les hommes ne seront heureux que lorsqu'ilspratiqueront l'art de modérer leurs désirs. Puisqu'il s'agit, pour rendre les hommes heureux, de mettre une borne à leurs désirs, la religion s'offre pour cet officeet semble rendre inutile la philosophie.

La crainte des dieux paraît fort propre à modérer nos appétits excessifs : necroit-on pas qu'ils sont les maîtres des événements de ce monde, et qu'ils sont, en outre, les justiciers tout-puissants de l'autre monde, où les âmes, dit-on, pénètrent après la mort ? Favorable à la modération des désirs, la religion doit cependant être rejetée parce qu'elle est incompatible avec lebonheur.

Ce qui fait le malheur des hommes, ce n'est pas seulement que leur âme est un abîme sans fond, danslequel on n'aura jamais fini de verser de nouveaux plaisirs ; c'est que cet abîme est rempli de ténèbres et hanté pardes fantômes terrifiants.

L'humanité souffre d'un double mal : la multiplication dès besoins et la superstition.

Lareligion est peut-être un remède au premier ; mais elle est elle-même la cause du second.

Tant que les hommess'imagineront que les événements sont gouvernés par des dieux, maîtres du bonheur et du malheur des mortels, tantqu'ils craindront la mort, et croiront qu'une partie d'eux-mêmes survit à leur corps et se trouve exposée aux piresaventures dans un monde inconnu, ils auront beau être riches et puissants, ils auront beau être modérés dans leursdésirs, la peur d'avoir mécontenté la divinité les poursuivra toute leur vie, et empoisonnera leur cœur.

« C'est unvain avantage, dit Lucrèce, que de voir dés légions qui t'obéissent soulever la poussière de la plaine et présenter àtes yeux les images de la guerre, avec leurs puissantes réserves, leur forte cavalerie, leurs rangs qui brillent sous lesarmes, leurs mouvements animés d'un môme esprit; c'est en vain que tu vois les flottes soulever l'écume de la merdans leurs vastes évolutions, si tu ne peux par ces représentations mettre en déroute les craintes superstitieuses,et si les terreurs de la mort n'abandonnent alors ton cœur affranchi de ses inquiétudes.

Non, tout cela n'est qu'unjeu et une comédie: les terreurs de J'âme humaine ne craignent pas le fracas des armes, ni les glaives meurtriers ;elles séjournent hardiment parmi les rois et les puissants de la terre ; elles ne redoutent pas l'éclat des couronnesd'or, ni la splendeur des étoffes de pourpre.

Gomment donc peux-tu douter que le pouvoir de les conjurer soit leprivilège de la science? » C'est parce que la religion existe, que la philosophie doit exister.

C'est parce que le genre humain gît écrasé sous ledespotisme des dieux, que la philosophie doit s'employer à le relever, à l'affranchir, à faire évanouir par la purelumière de la raison les vains fantômes qui l'effraient.

Voilà pourquoi il faut prendre la peine de se faire une théoriede la nature, se demander si les dieux gouvernent le monde et si l'âme est immortelle. De ces considérations se déduisent aisément les divisions de la philosophie. La fin de nos recherches étant de découvrir comment nous devons vivre, la partie essentielle de la philosophie seracelle qui règle les mœurs, l'éthique.

Mais pour que nous puissions nous diriger avec assurance dans la vie, il faut quenous nous connaissions nous-mêmes, que nous sachions ce qu'est notre corps et surtout notre âme, dans quelrapport ils sont avec le monde et celui-ci avec l'univers : l'éthique suppose une théorie de la nature, une physique.Nous ne pourrons enfin établir avec certitude cette physique qu'à la condition de posséder le moyen de distinguerdans nos jugements le vrai du faux; la partie de la philosophie qui traite du critérium de la vérité se nommecanonique.

Théoriquement, c'est par celle-ci que nous devrions commencer l'exposé de la philosophie d'Épicure.

Maison comprendra, croyons-nous, plus facilement la canonique, si elle est précédée de la physique.. »

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