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Parler, est-ce le contraire d'agir ?

Publié le 01/02/2004

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Platon, Gorgias, la rhétorique comme ouvrière de persuasion).C. La puissance de la parole ne vient pas de la parole elle-même mais de la société (cf. Bourdieu. La parole n'est pas action en elle-même, mais parce qu'elle concentre des positions et des statuts sociaux. Ce troisième paragraphe relativise les deux précédents et constitue une transition). III. De la parole à la parole. A. La parole comme possession du monde ou pouvoir du langage et langage du pouvoir.

« de l'attitude du sujet à l'égard de ce dont on parle.

» (R.

Jakobson, Essais de linguistique générale, Seuil, p.

214).On note l'importance des interjections, marquées par des points d'exclamation : « Hélas ! je suis arrivé trop tard...

»ou « Super, tu as vu ce ciel bleu ! » La fonction impressive ou conative met l'accent sur le destinataire.

Le message exprime la volonté d'agir sur lui. Il s'agit de le convaincre, de le persuader, de l'émouvoir ou de le commander : « Allez vite ! Dépêche-toi ! » «[Cette fonction] trouve son expression grammaticale la plus pure dans le vocatif et l'impératif.» [Op.

cit., p.

216).Le vocatif, dans les langues à déclinaisons comme le latin, est le cas employé pour s'adresser directement àquelqu'un, ou à quelque chose.

En français, il est indiqué parfois par le «ô» : «ô jeunes gens ! quelle leçon !Marchons avec candeur dans le sentier de la vertu ! » (Beaumarchais, La Mère coupable, V, 7). La fonction référentielle prédomine lorsque la situation ou la réalité désignée par le message est l'élément essentiel de l'acte de communication.

Ainsi, lorsque je dis : « le train est en retard », je me contente de transmettreune information sur une situation.

C'est cette information qui est au coeur de mon message.

Le reste passe ausecond plan. La fonction phatique consiste à mettre l'accent sur le canal de la communication, sur l'établissement matériel du contact de la communication.

Il s'agit de s'assurer que le message est bien reçu, que la communication n'a pas étéinterrompue.

Cette fonction s'exprime par des interjections, par des expressions sans contenu précis : «Allô»,«heu», «hein».

« Il y a des messages qui servent essentiellement à vérifier si le circuit fonctionne [«Allô, vousm'entendez?»), à attirer l'attention de l'interlocuteur ou à s'assurer qu'elle ne se relâche pas («Dites, vousm'écoutez?» ou en style shakespearien : « Prêtez-moi l'oreille ! » - et à l'autre bout du fil : « hm hm !») [Op.

cit., p.219). La fonction métalinguistique est cette capacité du langage à se questionner lui-même.

« Chaque fois que le destinateur et/ou le destinataire jugent nécessaire de vérifier s'ils utilisent bien le même code, le discours est centrésur le code : il remplit une fonction métalinguistique (ou de glose).

«Je ne vous suis pas - que voulez-vous dire?»demande l'auditeur, ou, dans un style plus relevé : « Qu'est-ce à dire ? » Et le locuteur par anticipation s'enquiert :« Comprenez-vous ce que je veux dire ?» [Op.

cit., p.

217-218) La fonction poétique intervient lorsque la valeur rythmique, sonore ou visuelle du message (la face signifiante) devient aussi importante, voire plus importante que le contenu du message (la face signifiée) : « Quel pur travail defins éclairs consume / Maint diamant d'imperceptible écume.

» (Paul Valéry).

Elle n'est pas à l'oeuvre seulement enpoésie, mais aussi dans les slogans publicitaires, dans les jeux de mots et les tournures populaires : par exemple, leslogan d'une chaîne de supermarchés « Atac attaque les prix.

» Les principales références sont : * Platon, Gorgias, 449a-48 lb.* J.

L.

Austin, Quand dire, c'est faire, Le Seuil, 1970, pp.

41-42.* Pierre Bourdieu, Ce que parler veut dire, Fayard, 1982, pp.

103-118.* Georges Gusdorf, La parole, PUF. MISE AU POINT DU PLAN Dans l'introduction, on mettra à jour la contradiction qui fait le fond du problème.On pourra ici envisager le plan suivant :• Un bref exposé de l'opinion commune (parler, c'est le contraire d'agir).

On peut, par exemple, partir de la réflexionde Laverdure, le perroquet moqueur que met en scène Raymond Queneau dans Zazie dans le métro: «Tu causes, tucauses, c'est tout ce que tu sais faire» ou encore d'expressions souvent entendues : «Ce ne sont que des mots»,«N'écoutez pas ce qu'ils disent, regardez ce qu'ils font!», «assez de paroles, des actes !»...• Des objections qui vont dans le sens de la thèse dont l'opposition à l'opinion fait problème (parler, c'est agir).

Onpeut, par exemple, souligner qu'il y a des pratiques, comme la politique, où la parole et l'action s'entremêlent ouencore qu'il y a des moments où, au coeur du langage même, parler, c'est agir.

Lorsque le prêtre dit : «Je tebaptise», n'est-ce pas un acte au sens le plus fort du terme ? Le langage est une fonction d'expression verbale dela pensée, faculté qu'ont les hommes de s'entendre au moyen de signaux verbaux.

Selon Austin, dire, c'est faire,capturer l'auditeur dans le filet des mots.

Le langage est un art d'agir sur le monde, un pouvoir : parler, c'est agir;prendre la parole, c'est s'emparer du pouvoir (exemples de la propagande et de la démagogie).

Pouvoir d'influenceexemplaire qui charme, exerce une puissance magique (cf : les sophistes); puissance d'envoûtement : parolepoétique, parole magique du sorcier, parole de la thérapie analytique, parole de la calomnie, de la flatterie (quoi quel'on dise, il en restera toujours quelque chose !).

Art d'agir sur les autres, le langage crée les choses et les êtres.

"Nous prendrons donc comme premiers exemples quelques énonciations qui ne peuvent tomber sous aucunecatégorie grammaticale reconnue jusqu'ici, hors celle de l'« affirmation » ; des énonciations qui ne sont pas, nonplus, des non-sens, et qui ne contiennent aucun de ces avertisseurs verbaux que les philosophes ont enfin réussi àdétecter, ou croient avoir détectés : mots bizarres comme « bon » ou « tous » auxiliaires suspects comme« devoir » ou « pouvoir » constructions douteuses telles que la forme hypothétique.

Toutes les énonciations quenous allons voir présenteront, comme par hasard, des verbes bien ordinaires, à la première personne du singulier de. »

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