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Pas de religions sans Eglises ?

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

  « Les croyances proprement religieuses sont toujours communes à une collectivité déterminée qui fait profession d'y adhérer et de pratiquer les rites qui en sont solidaires. Elles ne sont pas seulement admises, à titre individuel, par tous les membres de cette collectivité ; mais elles sont la chose du groupe et elles en font l'unité. Les individus qui la composent se sentent liés les uns aux autres, par cela seul qu'ils ont une foi commune.

« Ce qui fait la religion, c'est l'existence, à partir du sacré et d'un absolu, de la pratique religieuse, de cérémonies, derites, les prières, de pèlerinages… La religion, c'est le culte.

Comment définir le culte ? Le culte, quel qu'il soit, porte toujours sur deux objets : le sacré et la transcendance.

Rendre un culte,c'est d'abord prendre soin des choses sacrées, les respecter et les faire respecter, les défendre au besoin.

Ce cultevise à entretenir le lien qui unit le monde à son arrière-monde.

Mais à travers le culte des objets sacrés, c'est àl'absolu ou à la transcendance qu'on rend un culte.

Le culte rendu à cette transcendance n'est pas de l'ordre dusoin, comme pour les objets sacrés, parce que l'absolu n'a pas besoin de nos soins pour être ce qu'il est.

Ce culteest d'abord un hommage à la transcendance, une reconnaissance de sa dette envers elle à qui on doit sonexistence, son sens et sa valeur.

(On appelle idolâtrie la confusion entre les deux objets du culte, lorsqu'on prend lamarque de la présence de l'absolu dans ce monde-ci pour l'absolu lui-même, qu'on vénère les symboles et non cedont ils sont le symbole).

Le culte a deux formes : une forme intime, personnelle, intérieure qu'on appelle la piété et, dans le cadredes religions, une forme ritualisée, codifiée et sociale.

Enfin, le culte peut avoir d'autres visées que simplement le soin du sacré et l'hommage rendu à latranscendance : les soins et les hommages ne sont pas toujours désintéressés.

Dans Euthyphron de Platon,Euthyphron, expert en piété, dit que le culte, qui consiste à dire et faire ce qui est agréable aux Dieux par la prièreet le sacrifice, sert à se conserver, soi, sa famille et sa Cité.

Et que ce qui est impie est ce qui déplait aux Dieux.L'impie cause sa perte, provoque le renversement de l'ordre de la Cité et même du monde.

En ce sens, le culte viseà obtenir des faveurs des Dieux ou de l'absolu.

Cette attitude, qui est très courante si on songe par exemple aux prières ou au pèlerinages dont on espèreune guérison, définit ce qu'on appelle la superstition et rapproche les religions de la magie.La superstition qu'on oppose à la religion au sens strict, parce qu'elle vise à exercer une influence sur Dieu, les Dieuxou leur représentants afin d'en obtenir des faveurs, est jugée offensante pour le sacré à cause de sesconsidérations égoïstes, contraires à ce qu'exige le culte, c'est-à-dire à l'hommage et au recueillement.

Rq : Seulement, la distinction entre religion et superstition est fragile parce qu'on peut se demander ce qui ne prêtepas à la superstition dans la religion.Que resterait-il d'une religion une fois la superstition éliminée ? Car, la religion débarrassée de la superstition déçoitnécessairement la religiosité spontanée dans sa quête de sens, de valeur et de puissance.

Si de la croyance, duculte (et de la moralité religieuse), on n'a rien à espérer en retour, à quoi bon croire, rendre un culte et être moral ?Il y a de la magie également dans la religion lorsqu'elle suppose que des gestes, des pensées peuvent, parl'intermédiaire du divin, avoir des effets constatables qui ne sont pas obtenus par des voies naturelles, maissurnaturelles.Le principe de cette attitude tient à cela que la religion pose chacun comme créature relative, c'est-à-dire commeun être dont l'existence et les caractéristiques sont relatives à un absolu.

Il serait dans ces conditions possibled'obtenir de cet absolu une modification de son œuvre, dès lors qu'on fait les gestes nécessaires.Il faut noter aussi que la pensée magico religieuse recule avec les progrès de la connaissance rationnelle de lanature en tant qu'elle donne une maîtrise technique de la nature, mais se maintient toujours aux limites de laconnaissance et de notre pouvoir technique.

Cette pensée est liée à notre détresse lorsque la technique ne peutrien pour la soulager.

Dans les situations désespérées, on s'en remet à Dieu comme à un dernier recours.

Ce quiprouve que notre détresse nous paraît sans recours et non pas que Dieu existe.

Spinoza : les racinespsychologiques de la superstition se trouvent dans notre impuissance à dominer le monde conformément à nosvoeux.

La différence entre la superstition et la magie, qui n'est qu'une différence de degré, c'est que les faveurs qu'onattend, pour le superstitieux il faut s'en rendre digne, alors que le magicien pense pouvoir les obtenir par des gestespurement techniques, sans considération de mérite.

La religion, c'est le culte, c'est-à-dire donc les soins apportés au sacré et les hommages rendus à latranscendance, mais à condition de préciser que ce culte ne donne lieu à une religion que s'il est socialementorganisé.

Objection/transition : le théisme (croyance en l'existence d'un Dieu personnel auteur du monde) et le déisme(croyance en l'existence d'un Dieu, sans autre précision) sont des croyances religieuses courantes qui ne donnentpas lieu à des pratiques et qui ne fédèrent personne en Eglise.

Elles naissent d'ailleurs très souvent de la défianceenvers les Eglises et leurs dogmes, du refus de la pratique religieuse, mais se définissent par des croyancesproprement religieuses, une sorte de noyau des croyances propres aux Eglises.

Il semble donc que la religion ne peut pas être définie par le culte et le caractère communautaire oucollectif des croyances et des pratiques.

Alors, comment définir la religion ?. »

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