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PASCAL: combat et victoire

Publié le 27/02/2008

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pascal
Rien ne nous plait que le combat, mais non pas la victoire. On aime à voir les combats des animaux, non le vainqueur acharné sur le vaincu. Que voulait-on voir sinon la fin de la victoire ? Et dès qu'elle arrive, on en est saoul. Ainsi dans le jeu ; ainsi dans la recherche de la vérité : on aime à voir dans les disputes le combat des opinions, mais de contempler la vérité trouvée, point du tout. Pour la faire remarquer avec plaisir, il faut la faire voir naître de la dispute. De même dans les passions il y a du plaisir à voir deux contraires se heurter, mais quand l'une est maîtresse, ce n'est plus que brutalité. Nous ne cherchons jamais les choses, mais la recherche des choses. Ainsi dans les comédies, les scènes contentes, sans crainte, ne valent rien, ni les extrêmes misères sans espérance, ni les amours brutaux, ni les sévérités âpres. PASCAL: combat et victoire
pascal

« - Que pensez des relations entre l'homme et la cruauté ? Il est vrai que l'amour de l'homme pour le combat peutrevêtir un aspect morbide.

L'homme dans ce cas, aime peut-être la cruauté.

Schopenhauer dira ainsi plus tard, queles hommes aiment contempler la misère des autres hommes pour se rassurer sur leur bonheur.

Mais il n'est pasquestion de ça ici.

La cruauté semble n'intervenir véritablement que quand la victoire apparaît.

Dans le combat,deux parties égales s'affrontent.

Une fois que le combat est terminé, nous avons une force qui domine l'autre.

Levocabulaire employé par Pascal pour évoquer la victoire laisse à entendre cette cruauté.

Le terme « acharné »renvoie à deux actions selon le Littré : celle de s'attacher furieusement à sa proie et celle de dévorer la chaire.

Il ya donc la présence d'une notion de violence et de fureur.

La vérité ne se donne pas, elle doit se battre 1.

La vérité ne découle pas de la contemplation tranquille- De là découle une conséquence étrange quant à la vérité.

Pascal évoque plusieurs exemples de domaines où sonhypothèse se trouve illustrée.

Celui du jeu nous semble en effet plus « normal » et plus « évident ».

Le sport aaujourd'hui pris une grande place dans nos sociétés et des milliers de personne assistent à des matchs oùs'affrontent différentes équipes.

Il faut d'ailleurs remarquer que l'affrontement reste un des premiers principes dansle sport.

Mais, l'évocation de la vérité est plus originale.

Pascal la compare au jeu.

Qu'est-ce que cela signifie ? Celaa de nombreuses conséquences sur la transmission de la vérité.Pascal s'oppose ici à la thèse antique de la contemplation de la vérité.

En effet pour Platon, par exemple, le bonheurde l'homme résidait dans la contemplation des Idées intelligibles, qui représentaient la vérité de notre monde.

PourPlaton, la contemplation est la « vision » par l'âme.

Il s'agissait alors à l'homme de développer son âme et sa raisonpour pouvoir contempler dans une sérénité parfaite les vérités éternelles.

Schopenhauer reprendra cette idée.

Pourlui, seule la contemplation détachée des luttes de la volonté pouvait être digne et emmenait l'homme dans la voie dusalut.

La contemplation, dans son opposition à la pratique, est toujours conçue comme une activité désintéressée.De même, si on pense à la théorie des idées claires et évidentes de Descartes, la vérité s'impose à nous.

2.

Seul le combat des opinions intéresse- Pour Pascal, l'homme ne peut être intéressé par la vérité elle-même.

Il y a une notion très forte ici d'intéressementqui s'oppose justement au désintéressement.

Les affects des hommes se trouvent liés à la recherche de la vérité etcette dernière ne peut être aimée que dans le combat dont elle fait l'objet.

C'est pour cela que le philosophe écritque l'homme n'aime pas à « contempler la vérité trouvée ».

C'est bien la recherche qui intéresse l'homme, parcequ'elle confronte des opinions de force égale.

Ce qui signifie qu'il est vain d'essayer d'exposer la vérité aux hommesdans un exposé, sans montrer en même temps toutes les recherches et toutes les contradictions qui s'y trouvent.La vérité serait alors l'objet de joutes oratoires, où chacun défend son point de vue.

Sans combat, pas de vérité.On peut d'ailleurs se demander si la dialectique, c'est-à-dire le fait d'opposer des idées dans le dialogue, n'est pas lamanifestation de cette amour pour le combat.

3.

Le jeu des passions dans la véritéIl serait alors indéniable que les passions entrent dans la production de la vérité.

En effet, le vocabulaire employépar Pascal, comme nous l'avons déjà évoqué, insiste sur l'affectivité : « plaire », « aimer ».

Cela signifie alors que larecherche de la vérité est passionnée, dans le sens où elle est agitée par des combats incessants entre des thèsesdifférentes.

Il s'agit alors d'entrer dans le combat.

Il y a bien des notions de « plaisir » dans la recherche du vrai etce plaisir ne naît pas du calme, mais de l'agitation.

D'ailleurs, il est remarquable que Pascal évoque les passions justeaprès la recherche de la vérité.

On peut alors se demander si dans la recherche de la vérité, dans la dispute entrephilosophes, ce n'est pas les passions elles-mêmes qui se heurtent.

L'homme veut être toujours en mouvement, il préfère donc la recherche 1.

L'homme n'est heureux que dans la rechercheNous retrouvons de plus ici une thématique très importante dans l'œuvre de Pascal.

Il nous dit que l'homme nesouhaite pas la possession des « choses », mais il lui préfère la recherche.

Il y a une référence ici au désir, puisquecelui-ci se définit par la recherche d'une chose que l'on sait être source de satisfaction.

Pourtant, il semblerait icique ce n'est pas l'objet du désir même qui importe mais plutôt que le désir se suffit à lui-même.

On retrouve cetteidée chez Rousseau, pour qui le véritable plaisir dans le désir, ce n'est pas l'objet mais bien la promesse futur dubonheur.

L'objet, une fois qu'on le possède, est déception : il ne correspond pas véritablement avec ce qu'on avaiten tête.

Mais tout le temps que l'on est à sa recherche, nous ressentons du bonheur parce que nous dotons l'objetde tout ce qu'il n'est pas là.

C' est pour cela que Rousseau écrit dans La nouvelle Héloïse « Malheur à celui qui n'a plus rien à désirer ! […] On est heureux qu'avant d'être heureux ».

Pascal avec sa phrase est très proche de cetteidée : pour être satisfait l'homme doit être à la recherche d'un objet, une fois que celui-ci est en notre possession, ilne nous intéresse pas parce que la victoire ne nous intéresse pas.

2.

L'homme a besoin d'une agitation permanentePour Pascal, les raisons de cette incessante recherche des choses sont à chercher dans la nature même del'homme.

Nous l'avons dit en introduction, l'homme est un être unique dans la nature, parce que sa conscience lui. »

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