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Pascal et la condition humaine

Publié le 12/02/2012

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Date de la publication posthume des Pensées en 1669.Pascal et la condition humaine« Il commença par une peinture de l'homme «. Relatant en ces termes la conférence que Pascal fit à Port-Royal en 1658, la préface de la première édition des Pensées confirme ce que nous savons aujourd'hui de leur ordonnance. Or, pour décrire l'homme, Pascal ne part pas de l'Ecriture, de données théologiques. Il recourt au contraire à l'expérience, dégage objectivement « l'image de la condition des hommes «.« Le roseau pensant «Qu'il y  ait de la grandeur en l'homme, Pascal n'a cessé de l'affirmer. Celle-ci ne consiste essentiellement ni dans les vertus morales : héroïsmes cornélien, « générosité « cartésienne, sainteté même, ni dans les dons exceptionnels de l'intelligence : ce sont là des privilèges. Elle réside dans l'activité de l'esprit sous sa forme la plus générale : « Penser fait la grandeur de l'homme «. Sans doute la pensée humaine peut-elle atteindre aux plus hautes spéculations scientifiques et philosophiques : « L'univers me comprend et m'engloutit comme un point ; par la pensée, je le comprends «. Mais c'est au niveau de la réflexion la plus courante et la plus modeste qu'elle manifeste le mieux notre grandeur. Tout homme en effet « sait qu'il meurt «, tandis que l'univers, qui souvent écrase le « roseau pensant « que nous sommes, ignore qu'il nous tue.

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« Amour-propre, mensonge et injustice L'amour-propre consiste à « n'aimer que soi et ne considérer que soi », « instinct qui porte l'homme à se faire Dieu » et dontle corollaire est que « tous les hommes se haïssent naturellement l'un l'autre.

L'amour-propre engendre le mensonge etl'injustice.

Nul homme en effet, s'il a pour lui un amour exclusif, n'est exempt de vanité : « Et ceux qui écrivent contre veulentavoir la gloire d'en avoir bien écrit » et notre vanité trouve toujours des adulateurs.

Mais si la séduction échoue, notre amour-propre, qui non moins que vanité est orgueil et égoïsme, emploiera la violence pour parvenir à ses fins.

La royautéhéréditaire en est un bon exemple : conquise à l'origine par la force, elle devient peu à peu un coutume et finit par sembler àce point naturelle que juges, police et armée lui servent de défense : « Ne pouvant faire qu'il soit force d'obéir à la justice, ona fait qu'il soit juste d'obéir à la force ».

Mais les sages, les « habiles » savent que le remède serait pire que le mal.

En effet, sile choix d'un roi dépendait non du privilège de la naissance, mais de la valeur personnelle des candidats au trône, ceux-ci,persuadés chacun d'être le plus méritant, en viendraient incontinent aux mains.

Ajoutons que du point de vue religieux lesimperfections de notre société peuvent apparaître comme une épreuve voulue par Dieu pour punir nos fautes et exercernotre patience.

L'ennui De quelque côté qu'on la considère, la condition humaine n'a donc rien de réconfortant.

L'homme « sent alors son néant, sonabandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide.

Incontinent il sortira au fond de son âme l'ennui, lanoirceur, la tristesse, le chagrin, le dépit, le désespoir ».

Chez Pascal le mot « ennui » garde l'expressivité de son étymologielatine : « in odio esse », être odieux.

C'est un dégoût, une haine de l'existence.

L'ennui repose en effet sur l'idée que la vieest dominée par un destin fatal et cruel, et d'autant plus injuste qu'il reste mystérieux.

L'imagination et le divertissement Ce tourment, qui ne chercherait à l'éviter ? Nous disposons à cette fin de deux moyens : l'imagination et le divertissement.

Refuge qui a tôt fait de devenir piège, l'imagination a été critiquée par de nombrables moralistes.

Mais Pascal a renouvelé celieu commun.

Ne croyons pas qu'instruits de nos déboires nous revenions vite de nos illusions : au contraire, l'imagination« remplit ses hôtes de satisfaction ».

Ne croyons pas enfin que l'imagination ne soit que mauvaise : « Fourbe, elle ne l'est pastoujours », mais nous n'avons aucun critère de sa véracité.

Aussi est-elle d'autant plus dangereuse : « maîtresse d'erreur et defausseté ».

De fausseté surtout, car nous utilisons ses pouvoirs non seulement pour abuser autrui, il n'est que de voircomment un roi, un juge, un médecin jouent du prestige que leur confèrent une escorte, un costume somptueux ou singulier,mais encore pour nous buser nous-mêmes, « nous crever les yeux agréablement ».

Qui d'entre nous en effet s'avoue sapropre médiocrité, qui ne se compose pour lui-même un personnage idéal ? Complice de l'amour-propre, l'imagination faitdéjà office de divertissement.

Le divertissement est en effet, selon Pascal, tout ce par quoi, volontairement ou inconsciemment, nous nous détournons dela dure et triste réalité.

Souvent simple détente ou amusement, le sport, la chasse, la danse, la conversation mondaine, lejeu, il peut aussi bien consister dans une occupation sérieuse, difficile, voire dangereuse : la diplomatie, la guerre, lecommerce.

Il peut être le métier de tous les jours : Certains (n'est-ce pas une allusion de Pascal à lui-même ?) « suent dansleur cabinet pour montrer aux savants qu'ils ont résolu une question d'algèbre qu'on n'aurait pu trouver jusques ici ».

Bref,autant d'activités, autant de divertissements, empêchant l'homme de « penser à soi ».

Penser à soi, prenons-y garde, nesignifie nullement pour Pascal se livrer au culte du moi.

Pour nous abandonner à des lectures passionnantes, à l'analysesubtile de nos sentiments, aux délices de la rêverie, rien de plus propice que la solitude.

Or s'il affirme que « tout malheurdes hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre », il veut dire que nousne pouvons sans tomber dans l'angoisse, dans l'ennui, rester entre quatre murs à méditer sur la condition humaine.

Penser àsoi : c'est, pour Pascal, regarder en face le tragique de notre existence : vue insoutenable.

De cette échappatoire qu'est pour nous le divertissement, Pascal a démonté admirablement le mécanisme.

Examinons-lesous sa forme la plus courante : la chasse et le jeu.

Que cherchent le chasseur et le joueur ? La prise ? Le gain ? ou le plaisir depoursuivre le gibier, d'affronter le partenaire ? Ni l'un ni l'autre de ces deux objets séparément, mais les deux à la fois.

Plusexactement ils recherchent « un sujet de passion », « une occupation violente et impétueuse » qui leur fera oublier unmoment leur misère.

Aussi le divertissement fait-il appel à notre imagination dont il présentera tous les dangers.

N'est-il pasen effet avant tout illusion ? Il ne saurait assouvir « la nature insatiable de notre cupidité » et tandis que le bonheur, nous lesentons d'instinct, consiste dans la quiétude, le divertissement « nous porte à tendre au repos par l'agitation ».

Ici encoreavec une complaisance inavouée nous nous prêtons à cette duperie ; bien plus nous refusons d'en mesurer les risques :« Nous courons sans souci dans le précipice, après que nous avons mis quelque chose devant nous pour nous empêcher de lavoir ».

Besoin vital, mais poison mortel : « La seule chose qui nous console de nos misères est le divertissement, et cependantc'est la plus grande de nos misères ».Misérable, l'homme l'est effectivement dans les deux sens du terme : il subit le mal et il. »

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