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Pascal et sa philosophie

Publié le 22/02/2012

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Pascal est plus que Descartes, un savant authentique et génial. Même s'il n'a pas tout à fait réinventé la géométrie d'Euclide à 12 ans, il a dès F âge de 16 ans écrit son Essai sur les coniques dont le P. Mersenne disait qu'il « passait sur le ventre à tous ceux qui avaient traité du sujet ». Pour aider son père fonctionnaire des Finances à Rouen, il invente une machine arithmétique qui fait de lui, dit M. Chevalier « l'initiateur de la cybernétique ». Dans sa correspondance avec Fermât sur la « règle des partis », il fonde le calcul des probabilités, la « géométrie du hasard ». Son Traité du triangle arithmétique, ses écrits sur le vide, l'équilibre des liqueurs et la pesanteur de l'air, comptent parmi les chefs-d'oeuvre de l'esprit scientifique moderne. Véritable savant, Pascal, dit abruptement M. Bréhier, « n'est pas un philosophe ». Et il est bien vrai que Pascal n'a pas comme Malebranche ou Leibniz construit un système. Dans les grands systèmes philosophiques il ne voit que « libido sciendi », orgueil de la raison. Comme plus tard Kierkegaard, il ne se veut pas philosophe ; il l'est pourtant dans un sens original, dans un sens que l'on dirait aujourd'hui « existentiel ». Car il ne réfléchit qu'à partir de la condition humaine, à partir de l'expérience vécue. Il est, en ce sens, dira Schleiermacher « le plus profond » des philosophes français. On peut l'aimer ou le détester. On ne peut avoir pour lui d'indifférence.
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« pour fin à des actions coupables un objet permis : par exemple, il est interdit de refuser l'aumône à un mendiantpour le faire souffrir, il est permis de la lui refuser pour l'inciter à travailler ! ) Pascal dira durement de ces casuistes: « Ils contentent le monde en permettant les actions, ils satisfont l'Évangile en purifiant les intentions ».

LesProvinciales vont très loin, plus loin qu'on ne le dit d'ordinaire dans la revendication des droits de la vérité contretoute autorité.

Pascal, dans la 18e Provinciale, n'affirme-t-il pas, avec une ironie presque insolente, contre l'autoritépontificale, les droits de la recherche scientifique ? « Ce fut en vain que vous obtîntes contre Galilée ce Décret deRome qui condamnait son opinion sur le mouvement de la Terre Ce ne sera pas cela qui prouvera qu'elle demeure enrepos, et si l'on avait des observations constantes qui prouvassent que c'est elle qui tourne, tous les hommesensemble ne l'empescheroient pas de tourner et ne s'empecheroient pas de tourner aussi avec elle ».

Et encore : «Ne vous imaginez pas de mesme que les lettres du pape Zacharie pour l'excommunication de Saint-Virgile sur ce qu'iltenait qu'il y avait des antipodes aient anéanti ce nouveau monde et qu'encore qu'il eust déclaré que cette opinionest oit une erreur bien dangereuse, le Roy d'Espagne ne se soit pas bien trouvé de n'avoir plutôt cru ChristoffeColomb qui en venoit que ce pape qui n'y avoir pas esté ».

Ne nous étonnons pas de voir Pascal en 1661 tout prèsde résister au pape dans l'affaire de la Signature du formulaire portant condamnation de droit des cinq propositionsde Jansénius.

Pourtant après la mort de sa sœur Jacqueline, (4 octobre) il s'apaise, se retire de toutes les disputes.Il continue dans les moments de répit que lui laisse une maladie très douloureuse à réunir les matériaux, notes,indications de plan, morceaux inachevés ou achevés, de ce qui devait être sa grande Apologie du christianisme.Cependant la maladie et les mortifications l'épuisent.

Il reçoit du curé de Saint-Étienne-du-Mont l'extrême onction le17 août 1662, et meurt le 19 août, à 39 ans et deux mois.

Les fragments de son Apologie seront publiés en 1670 :c'est ce que nous appelons les Pensées de Pascal. PASCAL ET DESCARTES Pascal et Descartes se sont rencontrés à Paris le 23 et le 24 septembre 1647.

Ils se disputèrent sur la question du «vide », Descartes tenant pour un monde plein de « matière subtile ».

Et ils tombèrent d'accord, semble-t-il, au sujetde la pesanteur de l'air (Descartes ayant même toujours prétendu être l'initiateur de l'expérience que Pascal fitréaliser le 19 septembre 1648 au Puy-de-Dôme par son beau-frère Florent Périer, sur la variation de la hauteur de lacolonne de mercure avec l'altitude) .Leur accord était sur ce point plus accidentel que profond : Descartes, eneffet, déduisait la pesanteur de l'air de son système, tandis que Pascal disait:« les expériences sont les seulsprincipes de la physique ».

Le 24 septembre, au petit matin, Descartes trouvant Pascal souffrant lui donna unevéritable consultation médicale, l'incitant à garder le lit et à prendre « force bouillons ».

Quelle différence detempérament entre le gentilhomme-philosophe qui voyait dans la santé le « fondement de tous les biens de cettevie », et le jeune savant chrétien qui portera bientôt un cilice, voit déjà dans la souffrance un moyen privilégié desanctification et va écrire — quelques mois à peine après l'entretien — la prière pour demander à Dieu le bon usagedes maladies ! Et pourtant Pascal serait inintelligible sans la philosophie de Descartes ; Les Pensées ont retenu de lanouvelle philosophie cartésienne plus qu'on ne croit à l'ordinaire : est cartésienne chez Pascal et antiscolastique aupremier chef, la séparation absolue entre la pensée humaine et la nature dépouillée de tout sens, de toute finalité,entièrement livrée à l'explication mécaniste.

Le roseau pensant qui vaut mieux que toute cette matière aveugle quil'écrase c'est l'homme cartésien.

« Instinct et raison marque de deux natures » écrit Pascal.

Pascal accepte la thèsequi réduit la nature physique et même la nature biologique au mécanisme : d'où le mépris dans lequel Pascal, en vraicartésien, tient la preuve thomiste de l'existence de Dieu par la finalité :« Les fleurs et les petits oiseaux neprouvent pas Dieu ».

Cartésien aussi et rationaliste à sa façon, le conseil donné au libertin : Allez à la messe, prenezde l'eau bénite, Abêtissez vous ! ! ! Autrement dit faites jouer à plein le mécanisme de la bête, soumettez-vous enbon lecteur du Traité des Passions, au conditionnement des habitudes ! Détruisez par les habitudes de la dévotion,les réflexes conditionnés du libertinage ! Il est néanmoins facile de montrer que le cartésianisme n'est pour Pascalqu'un point de départ.

Si contre le monisme de saint Thomas (l'âme est la forme du corps), il prône le dualismecartésien (l'âme est jetée dans un corps), il va au-delà puisqu'il distingue non plus deux substances, mais troisordres dont chacun est séparé du suivant par un fossé infranchissable : l'ordre des corps, celui des intelligences etau sommet l'ordre de la charité.

L'intellect transcende la chair, mais la spiritualité transcende l'intellectualité.

Tandisencore que Descartes cherche l'unité de la méthode — reflet de l'unité de l'esprit — Pascal croit à la diversité desméthodes et des formes d'intelligence.

L'esprit de géométrie qui déduit avec rigueur des conséquences exactes àpartir de principes peu nombreux et bien définis accompagne rarement l'esprit de finesse qui joue sur des principesmoins précis, plus nombreux et suppose plus de tact que de rigueur (Pascal lui-même étant un des rares «géomètres » qui soient en même temps « fins »).

Enfin, Pascal inaugure une sorte de méthode dialectique quiprocède par « renversement du pour ou contre », le principe monarchique par exemple, évident pour le conformisteest absurde pour le demi-habile (n'est-il pas stupide de désigner le fils aîné du Roi, même s'il est sot, comme futurRoi ?).

Mais il est à nouveau acceptable pour le sage qui veut avant tout préserver l'ordre et la paix civile.

Lescontradictoires peuvent être vraies à des niveaux différents.

Il faut surtout ajouter que Pascal tire de la conceptionnouvelle, galiléenne ou cartésienne, de la nature, des conséquences capitales pour la condition humaine.

LorsqueDescartes enlève à la nature toute finalité, toute épaisseur ontologique, il ne conclut pas seulement de la fable « dumonde » à la profondeur métaphysique du Dieu créateur et de l'esprit humain.

Il pense à l'avenir de la technique,reine future du monde mécanisé et qui fera de nous « les maîtres et possesseurs de la nature ! » Pascal pensesurtout à la solitude de l'homme dans une nature que Dieu a quittée: «Le silence éternel de ces espaces infinism'effraie».

Dans le monde dont le centre est partout et la circonférence nulle part la condition humaine apparaîténigmatique et tragique.

A quoi bon la science et la technique ? La philosophie dit Pascal — il veut dire par là laphysique — « ne vaut pas une heure de peine ».

L'homme ne peut pas se contenter d'un « deus ex machina » d'unDieu qui donne la « chiquenaude » à la grande machine de l'univers.

L'homme réclame un Dieu qu'il puisse prier, unDieu auquel il parle et qui réponde.. »

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