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Paul ÉLUARD : Les Dessous d'une vie, «La Dame de carreau».

Publié le 04/10/2013

Extrait du document

La Dame de Carreau

TOUT jeune, j’ai ouvert mes bras à la pureté. Ce ne fut qu’un battement d’ailes au ciel de mon éternité, qu’un battement de coeur amoureux qui bat dans les poitrines conquises. Je ne pouvais plus tomber.

Aimant l’amour. En vérité, la lumière m’éblouit.

J’en garde assez en moi pour regarder la nuit, toute la nuit, toutes les nuits.

Toutes les vierges sont différentes. Je rêve toujours d’une vierge.

A l’école, elle est au banc devant moi, en tablier noir. Quand elle se retourne pour me demander la solution d’un problème, l’innocence de ses yeux me confond à un tel point que, prenant mon trouble en pitié, elle passe ses bras autour de mon cou.

Ailleurs, elle me quitte. Elle monte sur un bateau. Nous sommes presque étrangers l’un à l’autre, mais sa jeunesse est si grande que son baiser ne me surprend point.

Ou bien, quand elle est malade, c’est sa main que je garde dans les miennes, jusqu’à en mourir, jusqu’à m’éveiller.

Je cours d’autant plus vite à ses rendez-vous que j’ai peur de n’avoir pas le temps d’arriver avant que d’autres pensées me dérobent à moi-même.

Une fois, le monde allait finir et nous ignorions tout de notre amour. Elle a cherché mes lèvres avec des mouvements de tête lents et caressants. J’ai bien cru, cette nuit-là, que je la ramènerais au jour.

Et c’est toujours le même aveu, la même jeunesse, les mêmes yeux purs, le même geste ingénu de ses bras autour de mon cou, la même caresse, la même révélation.

Mais ce n’est jamais la même femme.

Les cartes ont dit que je la rencontrerai dans la vie, mais sans la reconnaître.

Aimant l’amour.

 

Paul Eluard - Le dessus d'une ville (1926)

• la force directe de persuasion que donnent les caractères « autobiographique « du poème et discursif" du récit.

• les «syllogismes du rêve«, expression employée par un commentateur du texte pour désigner «des formes impeccables de raisonnement dont les termes sont à peine altérés, mais qui

nous étonnent toujours lorsque, à notre réveil, il nous arrive de nous ressouvenir du dernier, que nous trouvions évident dans notre rêve« (Georges Mounin). C'est le cas dans les évocations successives des lignes 10-27, où l'insolite s'introduit par ce biais.

Vous ferez de ce poème un commentaire composé. Vous vous

interrogerez, par exemple, sur l'originalité de la voie qu'emprunte

Éluard et de la voix qu'il fait entendre.

Voici un plan schématique de commentaire. Il vous appartiendra:

1. d'élaborer une introduction et une conclusion,

2. d'élaborer aussi les transitions entre les différentes parties,

3. de rédiger l'une des sous-parties en faisant porter votre effort

sur la technique des citations.

« Ou bien, quand elle est malade, c'est sa main que je garde dans les miennes, jusqu'à en mourir, jusqu'à m'éveil- 20 Ier.

Je cours d'autant plus vite à ses rendez-vous que j'ai peur de n'avoir pas le temps d'arriver avant que d'autres pensées me dérobent à moi-même.

Une fois, le monde allait finir et nous ignorions tout de 2s notre amour.

Elle a cherché mes lèvres avec des mouve­ ments de tête lents et caressants.

J'ai bien cru, cette nuit-là, que je la ramènerais au jour.

Et c'est toujours le même aveu, la même jeunesse, les mêmes yeux purs, le même geste ingénu de ses bras autour 30 de mon cou, la même caresse, la même révélation.

Mais ce n'est jamais la même femme.

Les cartes ont dit que je la rencontrerai dans la vie, mais sans la reconnaître.

Aimant l'amour.

© Éditions Gallimard.

Vous ferez de ce poème un commentaire composé.

Vous vous interrogerez, par exemple, sur l'originalité de la voie qu'emprunte Éluard et de la voix qu'il fait entendre.

Voici un plan schématique de commentaire.

Il vous appar­ tiendra: 1.

d'élaborer une introduction et une conclusion, 2.

d'élaborer aussi les transitions entre les différentes parties, 3.

de rédiger l'une des sous-parties en faisant porter votre effort sur la technique des citations.

1.

Un poème surréaliste* a) La fusion du souvenir et du rêve Elle est caractéristique de l'intérêt que portent les surréalistes* à l'activité psychique, consciente ou onirique.

• L'expression directe de souvenirs d'enfance : «Tout jeune, j'ai ouvert mes bras à la pureté» (1.

1 ), «À l'école, elle est au banc devant moi» (1.

10); thème de la jeunesse : «sa jeu­ nesse est si grande» (1.

16-1 7), «la même jeunesse» (1.

28).

• Un «rêve étrange et pénétrant» (Verlaine, Poèmes saturniens, «Mon rêve familier») : importance de la 1.

1 re PARTIE a) 1 re sous-partie. »

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