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Penser c'est dire non EMILE CHARTIER

Publié le 02/10/2016

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La philosophie « Penser, c'est dire non. Remarquez que le signe du oui est d'un homme qui s'endort ; au contraire le réveil secoue la tête et dit non. Non à quoi ? Au monde, au tyran, au prêcheur ? Ce n'est que l'apparence. En tous ces cas-là, c'est à elle-même que la pensée dit non. Elle rompt l'heureux acquiescement. Elle se sépare d'elle-même. Elle combat contre elle-même. Il n'y a pas au monde d'autre combat. Ce qui fait que le monde me trompe par ses perspectives, ses brouillards, ses chocs détournés, c'est que je consens, c'est que je ne cherche pas autre chose. Et ce qui fait que le tyran est maître de moi, c'est que je respecte au lieu d'examiner. Même une doctrine vraie, elle tombe au faux par cette somnolence. C'est par croire que les hommes sont esclaves. Réfléchir, c'est nier ce que l'on croit. Qui croit ne sait même plus ce qu'il croit. Qui se contente de sa pensée ne pense plus rien. » Emile Chartier, dit Alain 1) Comprendre la problématique Quel est le thème ? La pensée au sens fort : non pas avoir quelque en tête (le représentation) ; mais le jugement, la réflexion sur le valeur de nos idées. Quel est le problème soulevé ? On a tendance à croire que penser c’est « avoir une pensée », un avis, une idée, une opinion; or n’est-ce pas tout le contraire : penser c’est se défaire de ses pensées en tant qu’elles ne sont que des croyances. Penser c'est d'abord examiner nos opinions. Quelle est la thèse ? Que penser c’est renoncer à croire; lutter contre la tendance à croire et ses effets; d’abord réfléchir à ses propres croyances, en les examinant. De quels philosophes Alain se rapproche t il en disant cela ? Platon, Socrate, Descartes, Spinoza… Quel est l’enjeu ? Vivre en esclave ou en homme libre; vivre dans l’illusion ou la lucidité 2) Structure : Dégager les étapes de l’argumentation et leurs articulations. Relancer le passage d'une partie à l'autre par un questionnement. 1) « Penser ... et dit non ». affirmation de la thèse sous une forme im...

« Pas le tyran mais la croyance en sa supériorité : les illusions du pouvoir = soumission.

Croire qu'il a une puissance qu'il n'a pas.

Voir Discours sur la condition des grands de Pascal.

Soumission : croire qu’il est inutile de se révolter, c’est croire implicitement que le tyran est trop puissant, c’est s’imaginer une puissance qu’il n’a pas.

* la croyance (vérité / la religion): qu’est-ce qui fait la fausseté d'une théorie ? Pas son contenu mais le dogmatisme, cad la croyance à son caractère absolu et définitif, indiscutable (à la lettre plutôt qu’à l’esprit) : ce dogmatisme est aussi la source du fanatisme.

Le dogmatisme : La justice c'est l'égalité; certes.

Mais imposer de force et sans discernement l'égalité peut être la pire des injustices.

4) « C'est par croire...

pense plus rien » Conclusion généralisation : le lien entre la pensée et la liberté; lien entre la croyance et l'aveuglement qui conduit à l’esclavage .

la croyance et la pensée s’excluent mutuellement.

Que signifie « Cest par croire que les hommes sont esclaves » ? Expliquer la formule paradoxale : « Qui croit ne sait même plus ce qu’il croit.

» Comment peut on croire sans le savoir ? Il s’agit ici d’une forme de croyance qui ne serait plus que croyance, et ne laisserait aucune place au doute, qu’on peut appeler la naïveté ou stupidité.

Raisonnement : Celui qui croit totalement à une chose, ne sait plus ce qu’il pense de cette chose, il croit en elle.

Il ne juge plus, il n’exerce plus sa conscience.

Il est dans une forme de croyance qui s'ignore elle-même ; ce que Platon considérait comme la pire des ignorances.

Exemple : Telle personne croit aux fantômes, mais ne se rend pas compte que croire cela c’est supposer qu’un phénomène peut désobéir aux lois de la nature; cependant cette même personne serait elle prête à admettre qu’une objet va s’élever dans les airs si on le lâche ? Partie critique : La thèse fondamentale du texte : penser c'est refuser de croire, et d'abord à nos propres croyances ? 1) Quelle est la conception de la pensée qui est sous-jacente à ce texte ? On voit bien ici que ce que Alain appelle penser ici, ce n'est pas simplement « être conscient d'une idée », « avoir une représentation en tête ».

A priori c'est discutable, car on pourrait dire que la pensée est un phénomène d'abord psychologique : l'activité mentale.

Mais pour Alain la pensée c'est essentiellement l'acte par lequel le sujet prend conscience de lui-même, et des limites de son savoir.

Le problème de la pensée entendue comme phénomène psychologique, c'est que ce n'est que l'effet dans la conscience de processus qui nous échappent : par exemple la conscience d'avoir faim, le désir de s'alimenter, n'est que l'effet d'un mécanisme biologique.

Or cela peut être le siège d'une illusion : je crois que c'est la nourriture qui est appétissante, alors que c'est mon corps qui manifeste ici un besoin.

Cf Spinoza : Le fait d'avoir conscience de quelque chose, ne nous permet pas de comprendre pourquoi.

Donc la pensée véritable, implique que le sujet prenne conscience de lui-même, et affirme sa faculté de juger. 2) N'est-ce pas le démarche proprement philosophique qui est désignée ici ? Cette démarche est celle de la philosophie depuis ses commencements : les premiers philosophes s'interrogeaient sur la nature.

Socrate examinait les opinions.

Descartes de demandait : que sais-je d'une façon certaine ? Kant se demandait : quelles sont les limites de notre raison ? A chaque fois, la philosophie est un effort pour prendre conscience de notre propre pensée : en fait penser c'est penser sa pensée.

C'est un effort de réflexion.

Il s'agit de donner un sens rationnel aux mots, aux images que nous employons.

3) Est-il possible de ne plus croire du tout ? Est-il vrai que croire et penser s’excluent ? Certes non.

Nous aurons toujours besoin de croyances : elles sont des points d'appui, commencement et fin de nos réflexions.

Penser c’est toujours « penser que » ; et en ce sens, c’est toujours croire à ce que l’on pense.Disons donc que si la pensée n'est pas l'opinion, il faut bien que tôt ou tard elle se fige en opinions, qui seront objets à leur tour de nos réflexions.. »

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