Peut-il exister un universel ?
Publié le 27/03/2004
                            
                        
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                                                                    Hume  engage ainsi un mouvement  qui tout à  lafois critique l'idée même d'une universalité objective, et ouvre la voie à unepensée de  l'universalité subjective.
                                                            
                                                                                
                                                                    Or  il est possible de se demander si  cen'est pas justement l'existence d'une universalité subjective qui tout à la foisrend possible la science physique - en tant qu'étude des relations de cause àeffet -, et explique que cette même science, au XXIe siècle, apparaisse, avecmoins de variabilité peut-être, soumise aux mêmes possibilités de remise encause que pouvait l'être la philosophie en son temps, et qu'elle ne soit pas,en fait, parvenue à une  vérité objective, universelle  et constante.
                                                            
                                                                                
                                                                    C'est letravail critique de Kant qui prend cette hypothèse  comme élément premier.Les catégories de la sensibilité et de l'entendement produisent une image dumonde qui est le phénomène.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ce phénomène est à la fois lié et distinct de lachose en soi, le noumène : il est ce que l'on perçoit du noumène, sans qu'ilsoit possible de connaître ce dernier pour ce qu'il est véritablement.
                                                            
                                                                                
                                                                    Or  lescatégories de la sensibilité et de l'entendement sont, pour Kant, communes àtous les hommes  : l'idéalisme  kantien permet ainsi la construction  d'une	universalité subjective de l'espèce qui peut à tout le moins assurer une connaissance humaine commune - ce quirevient à un réalisme de fait.
                                                            
                                                                        
                                                                    Aussi, si la théorie kantienne de la connaissance légitime la science en tant que cettedernière a un objet qui lui est fourni par la sensibilité (le nombre et l'étendue, comme la relation de cause à effet,sont des données du temps  et de l'espacé), elle n'en fait pas  une connaissance de  la chose en soi.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'universelexiste, mais il est limité à la  sphère de l'entendement  humain, qui laisse en dehors  de lui tout ce qui n'est pasd'expérience.
                                                            
                                                                                
                                                                    Or ce qui semblait être, précisément, l'universel avant la critique kantienne, c'est précisément ce quecette dernière interdit de penser : Dieu, l'âme, le monde comme totalité, les choses en soi que sont les noumènes.Dès lors est-il encore possible de parler d'universel ? Un universel subjectif ne constitue-t-il pas, quand bien même ilserait partagé par tous les hommes, un renoncement à l'idée de véritable connaissance universelle ?C'est bien ce que souligne la morale kantienne lorsqu'elle établit un universel pratique qui ne peut être questionné.Dans la morale, la raison commande par ce qui, en elle, est raison pure : or ce qui est raison pure est la faculté del'universel.
                                                            
                                                                                
                                                                    Elle  n'est pas connaissance, elle  est pratique, c'est-à-dire simplement  orientée vers l'action.
                                                            
                                                                                
                                                                    Or c'estprécisément dans la morale que les idées synthétiques a priori de la métaphysique - Dieu, l'immortalité de l'âme -trouvent leur véritable fonction comme postulats de la raison pratique.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ces postulats ne sont pas susceptibles d'êtredes objets de démonstration, ce qui aboutit - et c'est ce que Kant appelle le « primat de la raison pratique » - àplacer l'universel en  dehors de la connaissance et  de le restreindre  au champ de  la valeur.
                                                            
                                                                                
                                                                    Mais est-ce là  uneposition tenable ? Il semble que les deux critiques établissent une sorte de statu quo fragile, un partage du mondeimpossible à tenir.
                                                            
                                                                                
                                                                    S'il existe un universel, il doit concerner toute chose ; s'il n'en existe pas, tout doit être relatif..
                                                                                                                    »
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