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Peut-on aimer la vérité sans la connaître ?

Publié le 26/08/2005

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-         Les Lois, VIII, 837. 3-     L'agapè chrétien (caritas), et son sens du prochain, correspond à une transmutation des valeurs antiques : « Dieu est amour « et l'Autre singulier (autrui) compte pour lui-même, il n'est pas une apparence dont l'Aimable en soi serait l'essence. -         Nouveau Testament, saint Jean, 1er Epître, Epîtres catholiques. -         Scheler, Nature et formes de la sympathie. 4-     En psychanalyse, l'amour véritable est défini comme une synthèse des pulsions sexuelles et des « sentiments tendres « qui se produit à la suite du refoulement des pulsions sexuelles infantiles. -          Freud, Essais de psychanalyse.   ·        Angles d'analyse   ® Il s'agit d'emblée de remarquer que la question soulève un véritable paradoxe : car en effet, comment aimer ce qu'on ne connaît pas ? Car même si selon la formule de Pascal, on n'aime jamais quelqu'un que pour ses qualités empruntées, encore faut-il connaître ces qualités qui nous ferons aimer une personne ou une chose. On ne la connaît pas et pourtant on n'a de cesse de la rechercher (dans la science, etc.).

  • Il s’agit d’emblée de remarquer que la question soulève un véritable paradoxe : car en effet, comment aimer ce qu’on ne connaît pas ? Car même si selon la formule de  Pascal, on n’aime jamais quelqu’un que pour ses qualités empruntées, encore faut-il connaître ces qualités qui nous ferons aimer une personne ou une chose. On ne la connaît pas et pourtant on n’a de cesse de la rechercher (dans la science, etc.). Il semble donc que nous ayons une attirance naturelle qui nous pousse à la vérité, comme un élan d’amour qui nous pousse vers sa quête.
  • Or, il s’agit ici de s’interroger sur ce que c’est que connaître la vérité : est-ce en connaître les propriétés intrinsèques ? Comment dans ce cas précis aimer quelque chose dont on n'a aucune idée (u du moins dont on a pas l’idée de sa nature propre) ?
  • Il s’agira donc de dénouer ce paradoxe en cherchant une définition non seulement de ce que c’est que connaître, mais aussi de la vérité elle-même. On comprend en ce sens que ce qui se joue ici c’est le sens et l’importance de la quête de la vérité : car si on n’aime la vérité qu’en tant seulement qu’on la connaît (et donc qu’on l'a trouvée), alors cette quête de vérité sera dénuée de sens, ou en tout n’aura pas sa fin ultime pour elle-même (mais pour autre chose : on pourrait alors rechercher la vérité non pas parce qu’on l’aime mais parce que l’on veut être reconnu comme savant, ce qui n’est pas du tout la même chose). Il s’agit donc de savoir si cette quête vaut en elle-même et pour elle-même.
  • De la même manière, le « peut-on « nous invite à nous interroger à la fois sur le fait mais aussi sur la droit : si donc l’on croit aimer la vérité (amour qui nous fait détester le mensonge), est-ce encore un véritable amour si on ne la connaît pas en elle-même et pour elle-même ? Il s’agira donc de s’interroger non seulement sur la possibilité concrète d’un tel amour mais aussi sur la légitimité de cet amour : peut-on parler d’amour de la vérité lorsqu’on ignore son essence ?

 

« et l'importance de la quête de la vérité : car si on n'aime la vérité qu'en tant seulement qu'on la connaît (etdonc qu'on l'a trouvée), alors cette quête de vérité sera dénuée de sens, ou en tout n'aura pas sa fin ultimepour elle-même (mais pour autre chose : on pourrait alors rechercher la vérité non pas parce qu'on l'aimemais parce que l'on veut être reconnu comme savant, ce qui n'est pas du tout la même chose).

Il s'agitdonc de savoir si cette quête vaut en elle-même et pour elle-même.® De la même manière, le « peut-on » nous invite à nous interroger à la fois sur le fait mais aussi sur ladroit : si donc l'on croit aimer la vérité (amour qui nous fait détester le mensonge), est-ce encore unvéritable amour si on ne la connaît pas en elle-même et pour elle-même ? Il s'agira donc de s'interrogernon seulement sur la possibilité concrète d'un tel amour mais aussi sur la légitimité de cet amour : peut-onparler d'amour de la vérité lorsqu'on ignore son essence ? Problématique Est-il légitime d'identifier amour de la vérité et attirance vers cette dernière ? Peut-on, en droit comme en fait, affirmer quel'on aime la vérité alors même qu'on a encore aucune idée de sa nature précise, bref de son essence ? Il s'agit donc des'interroger sur la nature même de cet amour de la vérité : de quel ordre est-il ? En quoi est-il spécifique ? Ne peut-on pas direque l'amour de la vérité réside dans sa quête ? Est-ce la vérité en elle-même et pour elle-même que l'on aime, ou est-ce bienplutôt l'idée de vérité, voire l'idéal de vérité ? Plan I- On ne peut aimer la vérité qu'on ne connaît pas : l'aporie · Il semble impossible, de fait comme de doit d'ailleurs, d'affirmer que l'on aime la vérité quand on ne laconnaît pas.

Pour aimer quelque chose, encore faut-il en avoir une idée précise, une connaissance,même si celle-ci repose sur des « qualités empruntées ».

Il semble en fat que l'on ne puisse aimer (oudétester d'ailleurs) que ce dont nous avons connaissance : mais en ce sens l'amour peut être signed'aveuglement, puisqu'on peut tout à fait prendre pour vrai ce qui ne les pas.

C'est ainsi que peuvent,à ce propos se définir l'opinion, ou encore le préjugé. · On comprend alors en ce sens qu'on ne saurait aimer ce dont on a pas la connaissance : c'est en cesens que l'on peut utiliser le mythe platonicien de la caverne (Livre VII de la République).

Celui quiest privé de la vérité ne peut ni vouloir la rechercher, et encore moins l'aimer.

Cependant, si l'hommede la caverne de recherche pas la vérité, c'est précisément parce qu'il croit déjà la posséder : l'ombreprojeter sur le mur de la caverne lui semble être la vérité alors qu'elle n'est qu'un leurre.

Il aime alorscette pseudo vérité, qu'il croit être la vérité en elle-même.

On s'aperçoit alors du paradoxe : si aimerla vérité réside dans le seul fait de la connaître, c'est-à-dire d'en posséder déjà effectivement laconnaissance, alors l'on peut tout à fait s'illusionner dans ces croyances qui peuvent n'être que desopinions voire des préjugés. · Pourtant, il s'agit de partir de cette aporie énoncée par Socrate dans le Ménon : « il n'est pas possibleà un homme de chercher ni ce qu'il connaît ni ce qu'il ne connaît ».

On ne cherche pas ce que l'onconnaît puisqu'on l'a déjà trouvé, mais l'on ne cherche pas non plus ce que l'on ne connaît pas (carcomment chercher ce dont on a pas connaissance, c'est-à-dire encore conscience de l'existence ?) · Il s'agit alors de comprendre, avec Platon , la connaissance de la vérité comme reconnaissance.

Il faut ainsi faire appel à la théorie de la réminiscence : l'âme a contemplé les idées avant d'être jetée dans lecorps, et ainsi l'on reconnaît la vérité (cf.

l'esclave et la quadrature du cercle dans le Phédon).

Il y adonc une certaine connaissance première de la vérité qui doit bien expliquer le pourquoi de notrerechercher.

Cette connaissance n'est pas de l'ordre d'un savoir absolu, mais plutôt d'un manque sur lemode de la mémoire : c'est parce qu'on a une idée de la vérité que l'on a déjà contemplée, que l'onveut la retrouver.

On l'aime avant de la connaître vraiment, car la connaissance de la vérité se fait surle mode d'une reconnaissance.. »

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