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Peut-on apprendre à aimer ?

Publié le 27/02/2008

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C'est bien Platon qui questionne, dans Le Banquet, la notion d'amour par le biais d'une série de discours (tenus par différentes figures telles que Socrate, Diotime, Phèdre, Pausanias, Éryximaque, Aristophane, Alcibiade). Ce sont six argumentations qui définissent différemment l'élément essentiel de l'amour. Là encore, l'amour ne semble pas devoir se réduire à un seul principe.   Retenons néanmoins le célèbre mythe d'Aristophane, que celui-ci imagine afin de mettre en évidence le caractère fusionnel que peut revêtir l'amour. L'espèce humaine, nous dit le poète, était alors différente. Les êtres humains étaient ronds, à deux visages, quatre bras et quatre jambes. Cette espèce se divisait elle-même en trois genres différents : les hommes doubles, les femmes doubles et enfin les êtres mixtes. Ils furent, après leur tentative de provoquer les dieux en gravissant le ciel, punit par Zeus. Il sépara chaque être en deux. Dès lors chaque être séparé recherche sa moitié perdue.

« Celui-ci relève entièrement de la volonté de l'individu à apprendre de ses expériences amoureuses passées pouraccéder, « dialectiquement », à l'amour idéal, parfait, sage. II.

La fausse éducation sentimentale C'est un des chefs d'oeuvre de la littérature française ( L'éducation sentimentale , G.

Flaubert) qui illustre bien le tragique existentiel qui régit le plus souvent la relation amoureuse.

L'amour est dépeint plutôt par Flaubert commeaussi foudroyant qu'éphémère, et illusoire dans sa quête d'éternité.

Le héros de son livre (F.

Moreau), aprèsplusieurs épisodes amoureux intenses et tragiques, finit seul et malheureux.

C'est avec son meilleur ami qu'il tire« l'ultime leçon de leur éducation sentimentale : rien ne vaut les souvenirs et les illusions de l'adolescence ».L'amour humain laisse plus de souvenirs et de regrets derrière lui que de connaissances.

Il ne s'apprend pas, il serencontre et se vit.

L'expression « tomber amoureux » parle d'elle-même.

L'idéal amoureux et son illusion« tombent », un jour ou l'autre, d'une manière ou d'une autre.

Cette peinture amère de l'amour flaubérien fait ellecependant s'effondrer la possibilité même d'une éducation sentimentale ? Il n'en est rien, l'amour se vit.

Puisqu'il se vit, s'éprouve, s' « expérimente » (pour les plus scientifiques d'entrenous), alors il est source de savoir pour la conscience.

Certes, l'apprentissage est forcément négatif : il fauttomber, se relever et essayer de ne pas retomber.

Cela nécessite courage et réflexion sur soi, sur autrui.

Chosemal-aisée tant l'amour, léger et enthousiaste lorsqu'il est proclamé, éprouve durement la sensibilité, lorsqu'il y arupture.

Cette notion d'épreuve, plus que d'apprentissage, est appuyée par Freud, dans son Malaise dans la culture . C'est comme tentative d'échapper au « malaise culturel » (créé par la pression civilisatrice contraignant les individusà réprimer leurs pulsions, en les transformant en aspirations inaccessibles pour la majorité), au désespoir et à lafrustration d'une vie réprimée et sans bonheur.

L'analyse freudienne retiendra de cette « possibilité », au-delà de lafuite qu'elle exprime, le danger qu'elle représente pour l'individu.

Peur de perdre l'être aimé, douleur extrême de laséparation.

L'amour fait, le plus souvent mal.

Apprentissage de la douleur, donc.

Aimer signifierait prendre le risquemajeur de souffrir. Freud parle cependant d'un « amour véritable » (Cf.

Essais de psychanalyse ), mixte de pulsions sexuelles et de « sentiments tendres », adressé à l'autre.

Lapsychanalyse peut en effet nous permettre de mieux distinguer lessentiments, et parmi eux l'amour.

Cet amour véritable passe bien par uneétape, selon Freud.

Il intervient à la suite du refoulement des souvenirstraumatisants, de la conscience vers l'inconscient.

Ce sont plusparticulièrement les pulsions sexuelles infantiles (et notamment le complexed'Œdipe) qui sont refoulées.

Les pulsions sexuelles prennent respectivementpour objet, dans le développement habituel de la sphère affective individuelle,soi, la mère, l'autre.

Mais ce processus de transfert du sentiment vers l'autren'est pas, à proprement parler un apprentissage.

Ce changement paraît sefaire en partie de manière inconsciente.

De la même manière, commentargumenter le fait d'aimer telle personne plutôt que telle autre ? Nes'expliquant pas, comment l'amour pourrait-il s'apprendre ? Une chose estcependant sûre.

Si l'amour n'est qu'une illusion, celle-ci résisteformidablement au temps.

Certes nombreux sont ceux qui dénonce l'aspectillusoire de l'amour idéal.

Mais nombreux aussi sont les couples qui nousprouvent chaque jour qu'il est possible. Conclusion Bien que l'amour passe le plus souvent par l'épreuve du manque et de la souffrance, n'est-ce pas l'amour àvenir qui incite à apprendre à se connaître soi-même (volonté socratique) pour ne pas reproduire les cerclesvicieux (jalousie, trahison, mésentente, égoïsme, narcissisme, etc.) qui entraînent fatalement et le plussouvent cette souffrance ? Une épreuve des malheurs sentimentaux peut, paradoxalement, apporter les leçons que chacun doit tirer pours'améliorer dans la relation future.

Un amour meilleur est possible si l'on ne reste pas l'enfant rêveur et égoïsteet qu'on se lance sur le chemin doublement ardu de la connaissance de soi et de l'ouverture à l'autre.Philosophie et amour semblent, en ce sens, interdépendants d'une volonté d'apprentissage.

En sommes-nousvraiment capables ?. »

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