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Peut-on avoir peur de la nature ?

Publié le 09/12/2005

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STUART MILL, La nature : la nature = « le système entier des choses avec l'ensemble de leurs propriétés ». C'est un « état de fait » de ce qui est simplement là sous forme de choses douées de propriétés spécifiques, et de ce qui a toujours déjà été là.  Il n'y a aucune normativité inhérente à la nature. Il ajoute, la nature, c'est «  les choses telles qu'elles seraient en l'absence d'intervention humaine ». D'où l'opposition entre naturel/artificiel. Le naturel est ce qui n'est pas encore transformé par l'action de l'homme à la différence de l'artificiel. Il semble en conséquence que la nature ne peut servir, considérée sous cet angle, de norme. Pour qu'elle serve de norme, il faudrait accepter, comme les Anciens le font, une finalité naturelle. Aux yeux des découvertes de la physique moderne, cela est intenable. La nature est indifférente à nous, et comme elle est ce qui existe sans l'intervention humaine, il apparaîtrait logique que nous lui soyons indifférentes.

« Peut-on avoir peur de la nature ? « Cette question prête à l'étonnement. Avoir peur d'éléments naturels est quelque chose de courant. Qui n'est pas phobique des guêpes ou des araignées, ou à défaut de l'être qui n'a pas parmi ses connaissances des victimes de ce genre de phobie ? Cependant la question ne porte pas sur les éléments naturels mais sur LA nature. Autrement dit la question portera vraisemblablement moins sur la nature dans son immédiateté que la représentation qu'on en a. Car immédiatement la nature n'est en rien source de peur, elle l'est au travers de la représentation qu'on s'en fait. Un autre élément problématique de la question tient dans le « peut-on? « qui dénote deux acceptions : la capacité et la légitimité. La capacité ne semble pas réellement poser problème. Nous avons tous la capacité d'éprouver de la peur envers un élément de la nature, et nous sommes tous capables de nous forger une représentation de la nature qui suscite en nous la peur. La question est plus problématique si on prend le verbe modal dans l'acception normative, autrement dit dans le sens : a-t-on le droit d'avoir peur de la nature ? D'où notre question : Dans quelle mesure ne peut-on pas faire l'économie de la peur de la nature ?

« (entoure toujours) la grippe aviaire.

Cependant notons justement par le biais de cette exemple que c'estmoins la grippe aviaire en soi qui provoque en nous une peur panique que la représentation qu'on en a,représentation de ce qu'elle pourrait engendrer.

On le voit la peur de la nature n'est pas une peur immédiatemais une peur médiate de la nature, une peur de la représentation qu'on se fait de la nature. La peur de la nature engendre la superstition 2. SPINOZA, Ethique , appendice livre I « Et voyez, je vous prie, où les choses en sont venues! Au milieu dece grand nombre d'objets utiles que nous fournit la nature, les hommesont dû rencontrer aussi un assez bon nombre de choses nuisibles,comme les tempêtes, les tremblements de terre, les maladies, etc.Comment les expliquer ? Ils ont pensé que c'étaient là des effets de lacolère des dieux, provoquée par les injustices des hommes ou par leurnégligence à remplir les devoirs du culte.

C'est en vain que l'expérienceprotestait chaque jour, en leur montrant, par une infinité d'exemples,que les dévots et les impies ont également en partage les bienfaits dela nature et ses rigueurs, rien n'a pu arracher de leurs âmes ce préjugéinvétéré.

Il leur a été en effet plus facile de mettre tout cela au rangdes choses inconnues dont les hommes ignorent la fin et de resterainsi dans leur état actuel et inné d'ignorance, que de briser tout cetissu de croyances et de s'en composer un autre.

» L'ignorance de la nature aboutit à la peur de la nature.

Peur de lanature qui pour être surmontée aboutit à la constructiond'interprétations symboliques qui engendrent à nouveau la peur.

C'estainsi que la foudre serait le symbole de la colère de Dieu.

Ce n'est pasdans ce cas de la nature qu'on a peur mais bien de la représentation divine et divinisée qu'on s'en fait. Transition : la peur de la nature tient dans notre méconnaissance de celle-ci.

Ainsi on peut penser que le développement de la science et de la technique peut permettre d'en venir à bout. II.

Le développement de la science et de la technique permet d'en venir à bout Le développement de la physique comme science permet de mieux comprendre la nature et donc de ladémystifier. 1. KANT, préface à la Critique de la raison pure (seconde édition) « Au lieu de se laisser conduire par elle comme en lisières ; carautrement nos observations faites au hasard et sans aucun plan tracéd'avance ne sauraient se rattacher à une loi nécessaire, ce quecherche et exige pourtant la raison.

Celle-ci doit se présenter à lanature tenant d'une main ses principes, qui seuls peuvent donner àdes phénomènes concordants l'autorité de lois, et de l'autrel'expérimentation, telle qu'elle l'imagine d'après ces mêmes principes.Elle lui demande de l'instruire, non comme un écolier qui se laisse dire tout ce qui plaît au maître, mais comme un juge enfonctions, qui contraint les témoins à répondre aux questionsqu'il leur adresse .

La physique est donc redevable de l'heureuse révolution qui s'est opérée dans sa méthode à cette simple idée,qu'elle doit chercher (et non imaginer) dans la nature, conformémentaux idées que la raison même y transporte, ce qu'elle doit enapprendre, et dont elle ne pourrait rien savoir par elle-même.

C'estainsi qu'elle est entrée d'abord dans le sûr chemin de la science, aprèsn'avoir fait pendant tant de siècles que tâtonner.

» Le passage souligné de notre extrait souligne le changement deposition de l'homme à l'égard de la nature.

La science le fait passer de la position de l'écolier craintif à la position de juge. La science et la technique rendent l'homme COMME maître de la nature.

Cette maîtrise de la nature a pourcorrélat la maîtrise de la peur à son égard. 2. DESCARTES, Discours de la méthode VI "Au lieu de cette philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique,par laquelle, connaissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux et de tous lescorps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans,. »

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