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Peut-on avoir peur de penser ?

Publié le 25/02/2004

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Penser ses maux c'est panser ses plaies. La pensée nous libère. La libération est joie Selon Platon, la pensée est le moyen par lequel le philosophe parvient à se libérer de son corps. La pensée nous rend insensibles aux désirs, aux maladies, aux impressions trompeuses. Libérés des contraintes corporelles, nous pouvons enfin atteindre le Vrai, le Beau, le Bien. Loin d'être dangereuse, la pensée est donc libératrice. Que l'on songe ici à la célèbre allégorie de la caverne où le philosophe se défait de ses chaînes pour contempler la réalité extérieure. Penser ne représente aucun danger. Au contraire, c'est ne pas penser qui nous livre, pieds et poings liés, à toutes les séductions et les manipulations du monde. La réflexion nous protège contre les vicissitudes du monde extérieur et nous conduit au bonheur.
La pensée peut nous faire peur car elle introduit en notre esprit doute et remise en question. Trop penser peut conduire à des désordres mentaux. De plus, la pensée peut être paralysante en ce qu'elle nous empêche d'agir. Mais, la pensée est l'essence même de l'homme. Un homme qui aurait peur de penser ne serait plus un homme mais une bête. De plus, l'activité intellectuelle est libératrice. Penser sa peur, ce n'est pas avoir peur deux fois, mais s'en libérer... être courageux.

« QU'EST-CE QUE LES LUMIÈRES? (PREMIER ALINÉA) [1] "Les Lumières sont la sortie de l'homme de la minorité où il est parsa propre faute.

La minorité est l'incapacité de se servir de sonentendement sans la direction d'autrui.

Cette minorité, nous la devonsà notre propre faute lorsqu'elle n'a pas pour cause un manqued'entendement, mais un manque de décision et de courage pour seservir de son entendement sans la direction d'autrui.

Sapere aude! Aiele courage de te servir de ton propre entendement ! Telle est donc ladevise des Lumières." DÉFINITION DES LUMIÈRES Kant définit les " Lumières " comme un processus par lequel l'homme, progressivement, s'arrache de la " minorité ".

L'état de " minorité " est un état de dépendance, d'hétéronomie (1).

Dans un tel état l'homme n'obéit point à la loiqu'il s'est lui-même prescrite mais au contraire vit sous la tutelle d'autrui.Altérité aliénante empêchant l'individu de se servir de son propreentendement.

Autrement dit, le principe d'action subjectif de l'individu n'estplus sa propriété, son œuvre propre mais l'œuvre d'un autre.

Que l'on songeici aux implications politiques d'un tel renoncement à la pensée et à l'action.Tous les despotismes n'ont-ils pas pour soubassement l'abdication des sujets soumis? Et à Kant d'imputer la " faute " (morale) et non l'erreur (épistémologique) que constitue l'état de minorité non point aux oppresseurs (de quelque nature fussent-ils) mais à ceux qui consentent à leur autorité, à ceux qui parlâcheté, par " manque de décision et de courage " laissent leur entendement sous la direction de maîtres, de tuteurs. Ici, Kant rejoint Rousseau et sa scandaleuse affirmation au chapitre 2 du " Contrat social ": " Aristote avait raison, mais il prenait l'effet pour la cause.

Tout homme né dans l'esclavage naît pour l'esclavage, rien n'est plus certain.Les esclaves perdent tout dans leurs fers, jusqu'au désir d'en sortir; ils aiment leur servitude comme les compagnonsd'Ulysse aimaient leur abrutissement.

S'il y a donc des esclaves par nature, c'est parce qu'il y a eu des esclavescontre nature.

La force a fait les premiers esclaves, leur lâcheté les a perpétués. " Mais ne nous y trompons point, il ne s'agit , ni pour Rousseau , ni pour Kant , de légitimer le fait de l' " esclavage " ou de la " minorité ", mais, de reveiller les consciences de leur somnambulisme du renoncement, de leur léthargie de l'acceptation de l'inacceptable. On l'aura compris la maxime (2) des Lumières est de susciter cette reprise en mains de soi par soi, et ce, enaccomplissant cet acte de courage de penser par soi-même en toutes les circonstances de l'existence: " Sapere aude ! ", "Ose te servir de ton entendement ! ". En effet, qu'est-ce que l'entendement sinon cette faculté de connaissance, capable de juger le vrai du faux, le biendu mal et de se positionner par rapport à eux.

L'entendement, capable d'activité, de délibération fonde au plus hautpoint notre humanité et indissociablement notre dignité (3): " Or je dis : l'homme, et en général tout être raisonnable, existe comme fin en soi, et non pas simplement comme moyen dont telle ou telle volonté puisse user àson gré ; dans toutes ces actions, aussi bien dans celles qui le concernent lui-même que dans celles qui concernentd'autres êtres raisonnables, il doit toujours être considéré en même temps comme un fin.

Tous les objets desinclinations n'ont qu'une valeur conditionnelle ; car, si les inclinations et les besoins qui en dérivent n'existaient pas,leur objet serait sans valeur.

Mais les inclinations mêmes, comme sources du besoin, ont si peu une valeur absoluequi leur donne le droit d'être désirées pour elles-mêmes, que, bien plutôt, en être pleinement affranchi doit être lesouhait universel de tout être raisonnable.

Ainsi la valeur de tous les objets à acquérir par notre action est toujoursconditionnelle.

Les êtres dont l'existence dépend, à vrai dire, non pas de notre volonté, mais de la nature, n'ontcependant, quand ce sont des êtres dépourvus de raison, qu'une valeur relative, celle de moyens, et voilà pourquoion les nomme des choses ; au contraire, les êtres raisonnables sont appelés des personnes, parce que leur natureles désigne déjà comme des fins en soi, c'est-à-dire comme quelque chose qui ne peut pas être employé simplementcomme moyen, quelque chose qui par suite limite d'autant toute faculté d'agir comme bon nous semble (et qui estun objet de respect) ". (" Fondements de la métaphysique des mœurs "). En sommant l'homme de sortir des nimbes d'un sommeil que l'on pourrait qualifier de dogmatique, les " Lumières " affirme le primat de la détermination pratique (5) sur le savoir théorique (5) .

Passage de la contemplation à laresponsabilisation. (1) Hétéronomie : Condition d'un individu ou d'un groupe obéissant à une loi reçue de l'extérieur.

Kant nomme principes hétéronomiques de la moralité les déterminations de la volonté faisant appel à d'autres ressorts que laseule idée de loi en général: éducation, constitution civile, sentiment (physique ou moral), idée de perfection ouvolonté de Dieu - tous ayant en commun de situer l'existence morale soit trop bas (épicurisme), soit trop haut(morales théologiques), mais jamais au niveau requis. (2) Principe : au sens normatif, règle ou norme d'action. (3) Dignité : En morale, caractère de la personne humaine ayant une valeur telle qu'elle doit toujours être traitée. »

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