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Peut-on avoir peur d'être libre ?

Publié le 17/01/2022

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  • Question qui peut dérouter: en quoi la liberté serait-elle source de crainte ? La liberté ne serait-elle pas un fardeau Comment peut-elle constituer une menace, un danger. Dans l'opposition classique de la liberté et du déterminisme, ce dernier peut-il sembler rassurant à l'homme ? Dans quelles conditions ? Si la liberté est une menace, comment s'en protéger ? Comment faire pour que l'homme nait plus peur de la liberté ?

 

  • Intro et problématique:

 
 La vision commune fait de la liberté un bien ne pouvant apporter que bénéfices à celui qui en jouit. La liberté serait un bien en soi. Mais cette liberté ne peut-elle pas être inquiétante, bien plus un fardeau ? L'homme devant toujours déjà décider de ce qu'il doit et veut être, et, au nom de quelles valeurs doit-il fonder ses actions ? Au cas où ces valeurs feraient défaut; l'individu ne pourrait-il pas ressentir sa propre liberté comme un danger, facteur de peur, mieux d'angoisse, de regret, de remords, de repentir permanents ? Peut-on alors avoir peur de la liberté ?

« [Il.

Liberté et loi morale] « Si Dieu n'existe pas, alors tout est permis ».

La formule de Dostoïevskirésume magistralement la situation : une liberté absolue, privée de normestranscendantes, peut faire le mal comme le bien.

C'est pourquoi la plupart desthéoriciens de la morale ont affirmé, chacun à sa façon, que la volonté del'individu devait être déterminée par un principe extérieur - ce que Kantnomme une détermination « hétéronomique ».

Le recours au divin n'est pas la seule solution : on peut également admettre que ce qui nous oblige à bienagir provient de la société, de l'éducation, des sentiments, etc.

Dans tous lescas, il reste notable cependant que la loi, d'où qu'elle vienne, implique pardéfinition la possibilité de lui désobéir, parce que cette possibilité marquel'existence de la liberté, en l'absence de laquelle aucune moralité ne seraitpossible.

Le choix de ma conduite doit être libre, faute de quoi on ne pourraiten aucun cas me la reprocher : lorsqu'il élabore son interprétation de lamoralité par l'autonomie de la volonté, Kant réaffirme, plus fortement peut-être encore que ses prédécesseurs, le lien nécessaire entre liberté etresponsabilité.Il y a, pour Kant, une norme, qui nous est précisément indiquée par la loi, etqui correspond à la nature rationnelle de tout individu et, au-delà, del'humanité dans son ensemble.

De sorte que le risque de mal faire se trouveconsidérablement amoindri : en suivant la loi, je sais que j'agis comme pourraitle faire n'importe quel homme à ma place ; la liberté n'est plus un poids dèslors qu'elle est ainsi guidée par ma raison trouvant d'elle-même la loi à suivre. L'homme kantien, qui évolue dans un univers rationnel, ne peut avoir peur d'être libre. [III.

Liberté absolue et responsabilité universelle] Il n'en va plus de même pour l'existentialiste sartrien.

Car Sartre déduit de la formule citée de Dostoïevski desconséquences dramatiques.

L'homme étant doté d'une liberté absolue, rien ne peut l'aider dans sa conduite.

Rien,c'est-à-dire ni un tuteur, ni un conseiller, ni un prêtre, ni même - et c'est sans doute le plus grave - une loi qu'iltrouverait en lui, parce qu'une telle loi ne peut exister : son universalité signifierait que l'homme peut être définiessentiellement ; or, dans l'homme, « l'existence précède l'essence ».

Ce qui a pour conséquence une solituderadicale de chacun.

Sartre en donne, dans L'existentialisme est un humanisme, une illustration simple : à l'étudiantqui cherche conseil pour savoir s'il doit s'engager dans la Résistance en laissant sa mère vivre seule dans desconditions difficiles, ou s'il doit au contraire continuer à s'occuper de sa mère en négligeant la collectivité, il estrépondu que personne ne peut choisir à sa place : qu'il se décide seul.

Mais qu'il sache simultanément que son choixengage, bien au-delà de sa personne, une conception de l'humanité, qui se trouvera ainsi repérée comme «résistante » ou compatissante ».C'est bien dans une telle conception que la liberté peut faire peur, car non seulement chacune de mes décisions, enraison de ma liberté, doit être prise sans aucun garde-fou, mais de surcroît elle me rend responsable d'une version de l'humanité dans son ensemble.

Au point que, selon le Sartre de l'époque existentialiste, je me trouve responsablemême d'événements auxquels je n'ai nullement participé, aussi longtemps du moins que je ne fais pas connaître mondésaccord à leur propos.

La responsabilité devient ainsi maximale, elle couvre mes actes, mais aussi ceux accomplispar exemple au nom de mon groupe ou de ma nation.

La liberté, le « pour-soi », révèle ainsi son envers, que l'onpourra juger encombrant ou terriblement menaçant.On comprend alors que la tentation de refuser une telle liberté soit fréquente : elle définit le « salaud », qui s'abritederrière une version déjà faite de la conduite, du devoir, du choix politique. [Conclusion] Que la liberté puisse être pénible à assumer ne devrait pas inviter à y renoncer : la grandeur de l'homme est aussidans la manière dont il en supporte la charge.

Tout droit s'accompagne d'un devoir.

Toute liberté s'accompagne deresponsabilité, mais celle-ci n'est forcément insupportable, si on la conçoit comme inscrite dans l'élaboration d'unmonde authentiquement humain.. »

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