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Peut-on avoir raison contre les faits .

Publié le 10/02/2013

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Introduction « Les faits sont-ils des évidences incontestables ou doivent-ils faire l'objet d'une interprétation ? « L'expression « Les faits sont têtus « semble indiquer clairement la nature des faits : ils sont ce qu'ils sont et sont donc incontestables. Un fait n'est pas une opinion : « J'ai 18 ans «, « Il est midi « - autant de faits qui ne sont pas soumis à discussion, qui ont presque un caractère subi... Or, l'idée d'avoir raison contre les faits laisse entendre que l'on pourrait argumenter contre eux et l'emporter dans cette discussion. Dans un premier temps, cela paraît donc absurde. Pourtant, ces faits qui semblent s'imposer à nous ne font-ils pas l'objet d'une interprétation ? Les sciences ou le droit nous apprennent par exemple que le fait n'est pas une évidence mais doit être interprété pour être compris et avoir du sens. N'a-t-il pas fallu plusieurs siècles pour que les hommes se mettent d'accord sur le fait que la Terre est ronde ? Les faits, qui se donnent à nous à travers l'expérience, ne peuvent-ils donc pas faire l'objet d'une discussion ? Mais cela n'est pas sans risque. Chercher à avoir raison contre les faits, à imposer notre point de vue contre la réalité, cela ne revient-il pas justement à manipuler la réalité pour la conformer à nos idées ? N'est-ce pas là la source des pires idéologies ? Ne faut-il pas, au contraire, garder raison et s'en tenir aux faits ? Nous voyons donc qu'il est difficile de décider si nous devons discuter les faits, pour mieux les comprendre (au risque de les pervertir), ou, à l'inverse, nous y soumettre, au risque d'y perdre notre liberté. Les faits sont-ils des évidences incontestables ou doivent-ils faire l'objet d'une interprétation ? Nous verrons dans un premier temps que chercher à avoir raison contre les faits semble totalement absurde. Mais à nous en tenir à l'expérience, ne risquons-nous pas de passer à côté de la vérité ? Ne devons-nous pas, toutefois, nous méfier des idéologies qui cherchent à imposer une opinion contre la réalité ? Partie I « On ne discute pas avec les faits « L'expression « avoir raison « signifie être du côté de la vérité. J'ai r...

« a donc premièrement une simple impossibilité logique à avoir raison contre les faits, la vérité étant au contraire ce qui s’y conforme. Au-delà même du seul domaine de la science, vouloir avoir raison contre les faits semble donc constituer un projet déraisonnable.

Au contraire, la modération et la raison nous apprennent qu’il vaut mieux « changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde » comme le dit Descartes dans le Discours de la méthode.

L’homme raisonnable n’est pas celui qui perd son énergie à désirer ce qu’il lui est impossible d’obtenir et à vouloir avoir raison contre les faits, mais au contraire celui qui prend son parti de ce qu’est le réel. Chercher à l’emporter contre les faits semble donc simultanément absurde et déraisonnable : les faits sont les garants de la vérité et celle-ci n’a de sens que dans la mesure où elle s’y tient pour essayer de les décrire et de les comprendre.

Toutefois, peut-il y avoir un consensus absolu sur ce que sont les faits ? Le fait que la Terre soit plate était, justement, un fait, avant de ne plus en être un.

Parce qu’ils nous sont donnés à travers l’expérience et la perception, les faits ne peuvent-ils donc pas faire l’objet d’une discussion ? Partie II « Mais l’expérience est, elle, soumise à interprétation » Sans doute les faits sont-ils indiscutables, mais encore faut-il les établir comme tels.

Ils ne se donnent en effet pas à nous immédiatement mais via ce que nous percevons.

Or, dans cette expérience, se trouve la possibilité d’une erreur ou d’une illusion – qui nous autorise à discuter les faits et même à nous en méfier.

S’en tenir aux faits, c’est en effet prendre l’expérience pour argent comptant.

Or, celle-ci peut être trompeuse.

Ce que nous percevons n’est pas conforme à ce qui est et toute la recherche scientifique consiste précisément à réconcilier les deux.

Comme nous l’avons dit, ce que nous expérimentons, c’est d’abord que la Terre est plate.

Pire, nous continuons à la percevoir ainsi, même quand nous savons qu’elle est ronde.

Si nous entendons par fait l’expérience immédiate que nous avons du réel, alors celle-ci doit être interprétée.

Nous pouvons la contester et avoir raison contre elle : non, la Terre n’est pas plate ; non, ce n’est pas le Soleil qui tourne autour de la Terre.

Cette méfiance à l’égard de l’expérience est illustrée par l’allégorie de la caverne : s’en tenir aux faits, cela reviendrait à rester dans le monde des ombres et des illusions des prisonniers de l’allégorie de la République de Platon, quand la réalité est à l’extérieur de la caverne.

Ainsi, l’expérience est trompeuse et les faits ne sont pas des évidences.

Ils doivent être établis par l’analyse de nos perceptions.

Il est alors possible d’avoir raison contre une expérience trompeuse. Chercher ainsi à discuter avec les faits pour les dominer n’est-ce pas même la condition de notre liberté ? Le progrès scientifique, par exemple, ne consiste-t-il pas à faire mentir la réalité : le caractère incurable de certaines maladies, les obstacles de la pesanteur, autant de faits qu’il a bien fallu discuter pour parvenir à les dépasser.

Notre liberté semble donc résider dans notre capacité à avoir raison contre les faits.

Cela n’est d’ailleurs pas seulement le propre de la science mais concerne aussi la morale.

Avoir raison, cela signifie aussi utiliser sa raison, se montrer raisonnable.

Or, la condition n’en est-elle pas que nous ne nous laissions pas dominer par les faits ? La liberté et la vertu consistent en effet à ne pas nous laisser dicter notre conduite par la réalité mais, au contraire, à essayer d’imposer aux faits ce que notre raison nous dicte.

L’homme libre ne laisse pas les faits le déterminer mais les domine par la force de sa raison.

Il ne ment pas, même lorsque les circonstances l’y incitent,. »

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