Devoir de Philosophie

Peut-on concevoir un droit sans un devoir correspondant ?

Publié le 20/11/2009

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Peut-on concevoir un droit sans un devoir correspondant ?

Les droits sont issus des lois. Avoir un droit signifie avoir la faculté d’agir de telle façon, de jouir de tel avantage (droit de vote, droit à la propriété…). Le devoir quant à lui est une obligation juridique ou morale (devoir d’assister une personne en danger…). De prime abord il semble y avoir plutôt qu’une correspondance une opposition entre mon droit et mon devoir. Mes droits en tant que détermination de mes actions sont en rapport étroit avec ma liberté, ils constituent ce que je suis libre de faire. Mes devoirs, au contraire, sont avant tout une contrainte qui limite le champ de ma liberté. Le droit a pour finalité de rendre possible la vie en communauté, autrement dit de régler les relations entre les citoyens. Pour que mon droit à la propriété soit effectif par exemple il faut qu’autrui le respecte et qu’en retour je respecte le sien. C’est en ce sens qu’il y a correspondance ou réciprocité entre le droit et le devoir. Pour autant on peut se demander s’il existe des droits en dehors des droits de l’homme, tels que les droits de la nature, des animaux, d’autres êtres que des êtres humains. Si des tels droits existent il n’y a pas alors de réciprocité, nous aurions des devoirs envers la nature ou les animaux sans que l’on puisse exiger en retour des devoirs de leur part. Une autre facette de cette correspondance droit/devoir devra être interrogée, à savoir si la réciproque de l’affirmation « il ne peut y avoir de droit sans devoir correspondant « est vraie.

droit

« je veux dire celle qui consiste à aimer quelque chose indépendamment de toute considération d'utilité.

[…]Relativement à cette partie des créatures qui est vivante, quoique dépourvue de raison, traiter les animaux avecviolence, ainsi que cruauté, est intérieurement plus opposée au devoir de l'homme envers lui-même, parce que l'onémousse en l'homme ainsi le sentiment de sympathie qui concerne leurs souffrances et qu'une disposition naturelletrès favorable à la moralité dans les rapports aux autres hommes est affaiblie et peu à peu anéantie.

» ( Doctrine de la vertu , §17).A la fin de cette deuxième partie nous pouvons affirmer qu'il y a bien une correspondance nécessaire entre le droit et le devoir et que les êtres comme la nature ou les animaux ne peuvent avoir de droits.

Cependant il existebien des devoirs de l'homme envers lui-même dans sa relation à ces êtres.

Il reste à présent à interroger plus avantsur la réciprocité droit/ devoir.

S'il ne peut y avoir de droit sans devoir, peut-il y avoir un devoir sans droit ? Troisième partie : La correspondance droit/devoir est-elle réciproque ? Pour répondre à cette question il faut revenir sur les définitions des notions en présence.

Dans l'introduction nous avons identifié le devoir à une obligation morale ou juridique, le droit quant à lui n'ayant qu'une dimensionjuridique.

La difficulté ici réside dans le constat que le devoir semble être plus large que le droit, puisqu'il possèdeune dimension morale. Nous pouvons distinguer à la suite de Kant deux types de devoir : les devoirs de droits et les devoirs de vertu.

Pour ce qui est des premiers une correspondance semble bien exister entre le droit et le devoir mais celle-cine peut être élargie aux devoirs de vertu.

« A tout devoir correspond un droit, considéré, comme une faculté ; maison ne peut dire qu'à tous les devoirs correspondent des droits au nom desquels autrui peut exercer une contraintesur quelqu'un ; ceci ne vaut que pour les devoirs de droit.

» ( Doctrine de la vertu , Introduction, II). Cette non-réciprocité stricte entre les droits et les devoirs s'explique par la nature du devoir qui en définitive appartient à l'individu seul.

Pour accomplir son devoir même juridique il faut le vouloir, l'homme est toujours libre dene pas l'accomplir même si cette action peut avoir des conséquences nuisibles pour lui comme son emprisonnement.On peut conclure de cette primauté du devoir moral la nature du rapport existant entre la doctrine de la vertu et ladoctrine du droit : en définitive c'est la première qui fonde la seconde, autrement dit le devoir moral conditionne ledevoir juridique.

« Aussi peut-on nommer vertu la faculté morale d'exercer une contrainte sur soi, et action morale(éthique) l'action qui résulte d'une telle intention (du respect pour la loi), même si la loi exprime un devoir de droit.C'est en effet la doctrine de la vertu qui commande de tenir pour sacré le droit des hommes.

» ( Doctrine de la vertu , Introduction IX) Conclusion On ne peut concevoir un droit sans devoir correspondant dans la mesure où pour qu'un droit soit effectif il faut que lui soit attaché un devoir qui consiste à respecter ce même droit pour autrui.

Cette correspondance est aufondement de la vie en communauté, le droit ayant pour finalité de régler les relations entre les citoyens.

Seuls leshommes sont sujets de droits et donc de devoirs.

Si cette affirmation vaut bien dans un sens, la réciproque, quantà elle, n'est pas valide dans la mesure où le devoir est plus large que le droit, il dépasse la seule sphère juridique.. »

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