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Peut-on connaître sans les mots ?

Publié le 15/06/2005

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Introduction : Connaître est un acte de l'esprit : celui de la saisie et de compréhension d'un objet dans la vérité de son être et de son essence. Il s'agit d'un acte de cognition relevant des facultés de l'entendement. Les mots sont des instances de significations c'est-à-dire qu'ils sont de outils renvoyant un signifié ; mais le mot n'a pas nécessairement de rapport avec le signifiant et c'est bien là le problème qui se pose à nous dans la traduction de la pensée dans et à travers des mots. Or le connaître peut-il se faire sans la méditation du mot ? Le langage serait alors l'outil de la connaissance. Mais comment faire dépendre la connaissance du langage et des mots qui peuvent sembler si imparfaits. La connaissance ne se fait-elle pas malgré les mots ? Le problème fondamental pour le philosophe est la satisfaction que peut éprouver le philosophe dans l'exercice de sa pensée vis-à-vis des mots ; sur l'adéquation du langage dans la production de discours de la pensée en vue du discours scientifique. Or faire la critique des mots comme support de la pensée semble paradoxal puisque ce n'est qu'à travers eux que la pensée peut prendre corps d'une certaine manière. Si les mots sont bien les instruments de la connaissance (1ère partie), nous connaissons aussi souvent malgré eux (2nd partie), bien qu'une pensée sans mots soit difficile (3ème partie). I – Les mots comme outils logique de la connaissance a) Comme le montre l'Ecrit sur le premier livre des sentences, distinction 2, question 1 de Guillaume d'Ockham : « Tu diras : je ne veux pas parler des mots, mais seulement des choses ; je répondrai que, bien que tu ne veuilles parler que des choses, cela n'est cependant possible que par la médiation des mots ou d'autres signes ». Le terme important de citation est bien celui de « médiation ». Les mots sont le truchement de la pensée. Sans elle, la pensée ne reste que floue, inexprimable et inexprimée. C'est en ce sens que la prise de contacte avec le monde, la première prise de connaissance est le pouvoir du langage comme instance de désignation et de dénomination de la chose. Ainsi le mot est une synthèse de la diversité de la chose.

« la vie psychique comme on peut le voir dans le cas des sensations par exemple.b) Or de ce point de vue, il est intéressant que remarquer le cas exemplaire de la notion de « liberté » chezBergson comme il en traitait déjà dans sa thèse, c'est-à-dire dans ses Essais surs les données immédiates de la conscience .

En effet, il remarque que l'on ne peux définir le terme de liberté par des mots sans directement en perdre le sens.

C'est en fait que la correspondance pensée – mot ou langage n'est pas opératoire.

Il y a un sautqualitatif entre les deux objets qui est incommensurable : « On s'expose cependant ici à une confusion grave, quitient à ce que le langage n'est pas fait pour exprimer toutes les nuances des états internes.

[…] On appelle libertéle rapport du moi concret à l'acte qu'il accomplit.

Ce rapport est indéfinissable, précisément parce que nous sommeslibres.

On analyse, en effet, une chose, mais non pas un progrès ; on décompose de l'étendue, mais non pas de ladurée.

Ou bien, si l'on s'obstine à analyser quand même, on transforme inconsciemment le progrès en chose, et ladurée en étendue.

Par cela seul qu'on prétend décomposer le temps concret, on en déroule les moments dansl'espace homogène ; à la place du fait s'accomplissant on met le fait accompli, et comme on a commencé par figeren quelque sorte l'activité du moi, on voit la spontanéité se résoudre en inertie et la liberté en nécessité.

- C'estpourquoi toute définition de la liberté donnera raison au déterminisme.

» Ce n'est donc pas dans les mots que nouspouvons connaître et cela en raison de la non-adquation mot-pensée.

Et c'est dès lors ce qui explique l'idée d'uneréforme du langage pour permettre une adéquation de la pensée.c) En si l'on critique le fait que ce n'est pas dans les mots que nous pouvons connaître correctement, c'est bienparce que les mots, issus du langage ordinaire, sont ambiguë, manque d'exactitude et de précision.

Dès lors, onpeut observer une véritable variation sémantique dans le mot et pour ce faire il suffit d'ouvrir un dictionnaire.

Etc'est en ce que l'on peut comprendre cette sentence de Husserl : « la plupart des expressions de la vie courante sont vagues.

» Dès lors, si l'on veut une connaissance scientifique, on ne peut se satisfaire du langage et des motsqui en sont les outils et c'est bien pour cela que l'usage sémantique, la définition et la recherche du terme adéquatdans l'œuvre d'Husserl, comme on peut le voir dans ses Idées directrices pour une phénoménologie , est si important.

Transition : Ainsi bien que les mots soient les instances nécessaires de la connaissance ils n'en demeurent pas moins défectueuxdans leur précision et leur scientificité.

La connaissance se fait malgré les mots et par leur usage.

Ils sont des outilsmais comme tout outil ils n'ont qu'un usage général.

Cependant, cette critique du langage est réellement fondée ? III – Mots, connaissance et pensée a) On peut effectivement s'interroger sur la valeur opératoire de cette critique des mots et par élargissement dulangage dans leur capacité à rendre compte et à produire une réflexion, donc par rapport à la pensée.

Dire qu'il y aune séparation irrémédiable entre les mots et le connaître comme relevant de deux ordres différents, n'est-ce pasreprendre la dichotomie entre être et apparaître, et dès lors faire une classification ontologique et scientifique desusages de la pensée et des mots.

Or si les mots ne sont qu'une image de la pensée en vue de la connaissance,force est de constater que ces derniers sont nécessaires afin que cette dernière prenne forme.

Et bien ce que ditHegel dans l'introduction de l' Esthétique si l'on veut bien suivre l'analogie entre les mots et la pensée et l'idée et l'image à l'aune de la conception du langage.

Si le mot est l'apparaître de la pensée en vue de la connaissance,l'image est aussi l'apparaître de l'idée.

Or comme il l'exprime très bien, pour être, il faut apparaître, c'est-à-dire avoirune existence phénoménale.b) Il est alors intéressant de s'attacher la valeur du symbole et à sa théorisation comme le fait Hegel dans l'Esthétique : « Le symbole est d'abord un signe.

Mais, dans le signe proprement dit, le rapport qui unit le signe à la chose signifiée est arbitraire… Il en est tout autrement du signe particulier qui constitue le symbole.

Le lien, parexemple, sera employé comme symbole de la magnanimité ; le renard, de la ruse ; le cercle, comme symbole del'éternité.

Mais le lion, le renard possèdent en eux-mêmes les qualités dont ils doivent exprimer les sens… Ainsi, dansces sortes de symboles, l'objet extérieur referme déjà en lui-même le sens à la représentation duquel il estemployé.

» Et de ce point de vue, les mots sont des symboles de la pensées et c'est déjà un point que développaitAristote dans De l'interprétation .

La connaissance est seulement possible avec les mots et non pas malgré eux. c) C'est pourquoi, c'est bien dans les mots que nous connaissons.

Ce qui ne peut pas être mis en mot reste dansl'obscurité et ne vient pas au jour : cela reste l'ineffable.

Or l'ineffable c'est l'indétermination, le flou, l'imprécis,l'obscur.

Seul le mot détermine, structure et forme la pensée.

C'est le langage qui est le plus souvent le plus vrai :« Ce qu'on nomme l'ineffable n'est autre chose que le non-vrai, l'irrationnel, ce que simplement on s'imagine.

»Hegel, Phénoménologie de l'esprit §463 .

Les mots sont donc essentiels à la pensée, ils en sont des moments nécessaires.

Sans eux, point de connaissance.

Conclusion : Les mots sont donc les instances nécessaires à la connaissances.

Ils forment une unité logique etconceptuelle.

Ils dépassent l'hétérogénéité du divers de l'intuition et de l'expérience.

Ce n'est donc qu'à travers euxque la connaissance est possible en tant qu'elle doit être objective et nécessaire.

Si les mots nous semblent parfoisinadéquats c'est que nous en sommes encore à l'impensé ou au mal dans ce cas, la connaissance n'est pas encorepossible.

La critique et la formation du langage est ainsi une propédeutique à la science.. »

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