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Peut-on considérer le temps comme une réalité ?

Publié le 11/12/2005

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Chez saint Augustin comme chez Kant, le temps est certes considéré comme une réalité, mais une réalité qui n'est pas saisissable par l'homme de manière concrète. Comment peut-on poser, dès lors, une réalité humainement saisissable du temps ? II. Saisie humaine de la réalité du temps Deux mouvements différents ont repensé le temps dans sa réalité humaine, vécue et concrète : Bergson tout d'abord, qui critique notamment la conception scientifique du temps : « Je m'aperçus, à mon grand étonnement, que le temps scientifique ne dure pas, qu'il n'y aurait rien à changer dans notre connaissance scientifique des choses, si la totalité du réel était déployée d'un coup dans l'instantané, et que la science positive consiste essentiellement dans l'élimination de la durée » (Cf. l'Évolution créatrice). C'est justement sur cette notion de « durée » que Bergson va insister pour qualifier un temps vrai, vécu, réel. Pour s'approcher de celui-ci, il faut préalablement se défaire de deux conceptions fausses du temps. D'abord celle de la métaphysique, qui cherche à nous faire saisir, « sub specie aeternitatis » (du point de vue de l'éternité), des « essences » (réalités impalpables) immuables, et ce faisant nous a coupé de la « durée » réelle, vécue, humaine. Ensuite la conception scientifique qui, selon Bergson, nous détourne également de la « durée » par ses constructions symboliques du monde, dans lesquelles l'avenir et le présent sont contemporains. Il s'agit au contraire de redéfinir la réalité du temps en fonction de son rapport « immédiat » avec la sensibilité et la conscience humaines.

C'est un troublant paradoxe – saint Augustin l'illustre parfaitement – que notre rapport au temps. En effet, au sujet du temps, voici ce qu'il dit :

« Qu'est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais bien ; mais si on me le demande, et que j'entreprenne de l'expliquer, je trouve que je l'ignore. « (Confessions, livre XI, ch. XIV)

Même si le temps est ce mot que nous rapportons immédiatement à la durée respective de nos vécus, sa réalité n'en demeure pas moins obscure et récalcitrante à toute tentative de définition spontanée. Observons simplement que le temps reçoit différents sens – problématiques – selon qu'il est traité par le sens courant, par la science, ou par la philosophie. Il ne semble pas y avoir de définition unifiée et définitive du temps. Celui-ci semble immanquablement nous échapper puisque, saint Augustin le souligne, le passé n'est plus, le présent ne cesse de passer et l'avenir n'est jamais atteint...

Aussi le problème de notre capacité à considérer le temps comme une réalité se verra traité par une réponse successive à ces deux questions :

Le temps a-t-il une réalité ?

Si oui, l'humain peut-il la saisir pleinement ?

 

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« « Je m'aperçus, à mon grand étonnement, que le temps scientifique ne dure pas , qu'il n'y aurait rien à changer dans notre connaissance scientifique des choses,si la totalité du réel était déployée d'un coup dans l'instantané, et que lascience positive consiste essentiellement dans l'élimination de la durée » (Cf. l'Évolution créatrice ). Selon Bergson, la durée est la réalité même : c'est-à-dire la durée pensée etconcrètement vécue, le temps de la conscience intime, et non la durée mesuréecomme une distance d'un point à un autre.

Afin de saisir cette durée, lephilosophe doit se réconcilier avec ce qu'il vit concrètement et faire prévaloir laperception des choses sur leur conceptualisation. Comment appréhender cette durée qui semble toute intime ? Il convient d'opérerune conversion, de nous défaire des habitudes de pensées qui réduisent le réel àune ombre de lui-même, en ne faisant que le mesurer et le diviser par purintérêt.

Si nous n'avons de la durée que cette perception réduite, cela signifieque, pour nous, la durée est d'abord ce qui nous sépare de quelque chose ou, sil'on veut, un moyen terme entre un début et une fin.

Ce moyen terme n'estdonc pas perçu pour lui-même, mais en vue d'autre chose, et la réduction de ladurée à de l'espace signale d'abord une conception utilitaire du monde, bien loin du désintéressement qui devrait être celui du philosophe.

Si nous voulons saisir ou contempler la durée en sonabsoluité, ou du moins nous en rapprocher, il nous faut nous défaire de notre obsession pour l'action. C'est justement sur cette notion de « durée » que Bergson va insister pour qualifier un temps vrai, vécu, réel.

Pours'approcher de celui-ci, il faut préalablement se défaire de deux conceptions fausses du temps.

D'abord celle de lamétaphysique, qui cherche à nous faire saisir, « sub specie aeternitatis » (du point de vue de l'éternité), des « essences » (réalités impalpables) immuables, et ce faisant nous a coupé de la « durée » réelle, vécue, humaine.Ensuite la conception scientifique qui, selon Bergson, nous détourne également de la « durée » par sesconstructions symboliques du monde, dans lesquelles l'avenir et le présent sont contemporains.

Il s'agit au contrairede redéfinir la réalité du temps en fonction de son rapport « immédiat » avec la sensibilité et la consciencehumaines.

La réalité du temps se manifeste justement et spécialement en l'homme, comme « donnée immédiate »(de la conscience).

C'est une expérience originaire du temps que Bergson met en exergue.

Mais c'est bien un projet,que nos conceptions habituelles du temps empêchent de réaliser.

L'homme devra donc, pour accéder à la réalité dutemps, opérer une véritable inversion de toutes ces habitudes intellectuelles.

L'immédiateté de la durée nes'obtiendra qu'à partir de la dissociation avec le faux immédiat que constitue sa dénaturation par le temps spatialisé(que la science nous fait faussement appréhender comme multiplicité numérique). La deuxième approche est celle de Heidegger, qui définira le temps comme l'« Être » même (Cf.

Être et Temps).Dans la recherche de la réalité de ce temps, Heidegger confirme que l'individu humain (qu'il appelle le Dasein , que l'on peut traduire par l'« être-là ») est le lieu par excellence ou une représentation de ce que signifie« temps » peut être trouvée.

C'est notre situation d'humains qui donne à penser adéquatement le temps.

Noussommes en effet « jetés » au monde nous dit Heidegger, c'est la situation originaire de tout homme qui seretrouve là, au monde, sans savoir pourquoi ni comment.

Mais nous sommes également, chacun de nous, un« projet », c'est-à-dire que tout homme à sa vie à construire, qu'il doit avancer et évoluer jusqu'à sa mort.C'est donc ce double constat (« projet-jeté » au monde) qui permet à l'humain de saisir la nature spécifique dutemps.

C'est donc la « temporalité » humaine, mais propre à chacun (mon vécu n'est pas celui d'autrui), quipermet d'éclairer la réalité « cachée » (nous dit Heidegger) du temps général.

cependant Heidegger ne définit,en dernière instance, le temps que comme « abîme » ou « néant » sans raison, dont le jeu s'apparente à celui,éternel, dont parlait Héraclite : « L'éternité est un enfant qui joue, déplaçant des pions : la royauté d'un enfant » Conclusion Nous pouvons certes considérer la réalité du temps.

Mais il s'agit d'une réalité multiple et contradictoire dutemps, selon qu'on se tourne vers le sens courant, la science ou la philosophie.

Le temps ne se laisse pas saisirfacilement et pleinement, eu égard à la diversité des définitions.

C'est plutôt une représentation fausse etillusoire du temps que l'on utilise communément (temps arbitrairement divisé en secondes, minutes, heures). Cependant une réalité du temps est posable à partir du rapport intime qu'entretiennent le temps et les vécusd'une conscience humaine particulière.

C'est de l'expérience originaire et singulière de l'individu avec « son »temps propre qu'il est question, notamment avec Bergson.

Mais ce temps originaire nécessite undésapprentissage des mesures et conceptions usuelles du temps.. »

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