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Peut-on critiquer la démocratie ?

Publié le 18/03/2004

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On peut comprendre la question de deux façons:

  • 1. en tant que citoyen d'une démocratie, a-t-on la possibilité (= le droit) de la critiquer?
  • 2. quels sont les défauts du système démocratique (et comment, éventuellement, y remédier)? Dans le premier cas, la copie risque d'être courte; une fois souligné que l'avantage de la démocratie est aussi de reconnaître à chacun sa liberté d'opinion et d'expression, il apparaît que cette dernière implique un droit de critique. Le tout serait alors de préciser jusqu'où celui-ci est admissible. Mais cet aspect ne met pas en cause la possibilité de la critique. Une copie plus originale montrerait alors que ce droit de critique constitue en fait une soupape de sécurité pour la démocratie, et peut même lui permettre de s'améliorer: la critique, prévue par la structure même de la démocratie, ne peut être anomique; elle joue simplement le rôle légalement dévolu à l'opposition et, du moment qu'elle ne met pas en cause (par la violence) la survie du système, elle en constitue bien un élément interne. La seconde lecture de la question, plus radicale, permet des développements plus conséquents.

1 - Quels sens différents peut avoir ici la question « peut-on « ? 2 - Quel paradoxe y aurait-il à ce que la démocratie interdise qu'on la critique ? 3 - Que peut-on critiquer dans la démocratie ? son principe ? sa mise en pratique ? 4 - Qui peut émettre ces critiques ? 5 - La démocratie doit-elle imposer des limites à la critique dont elle peut être l'objet ?

  • I. La démocratie n'est pas critiquable

1. L'égalité de tous devant une même loi 2. Le meilleur régime 3. La démocratie repose sur le principe du respect mutuel de la puissance éduquée de chacun, au nom duquel tous les autres régimes peuvent être critiqués

  • II. Difficultés et perversions de la démocratie

1. L'exclusion 2. Le perpétuel conflit de l'égalité et de la liberté 3. La désagrégation de l'idée de vérité

  • III. La démocratie ne peut se penser ni se pratiquer sans une permanente critique interne

1. La démocratie,  le plus libre des régimes, n'échappe pas aux vicissitudes de la passion 2. Exigences de vigilance et autocritique

« qu'on a". Volonté particulière et volonté générale Chaque individu peut avoir une volonté contraire aux autres, et surtout différente de la majorité des opinionsexprimées et retenues.

Chacun vise son intérêt particulier qui n'est pas directement celui de l'intérêt et du biencommuns.

L'individu peut estimer que ce qu'il donne à la communauté, est sans contrepartie, et qu'un manque àgagner pour la communauté pèse moins pour elle, que pour lui qui se prive personnellement.

Il peut voir en l'État unsimple être de raison qui lui conférerait des droits, mais à l'égard duquel il importerait peu qu'il s'acquitte de sesdevoirs.

L'individu a tendance à oublier que le pacte ou contrat social est un engagement réciproque qui lui confèredes droits par la contrepartie de ses devoirs.

Il s'ensuit que "quiconque refusera d'obéir à la volonté générale, y seracontraint par tout le corps : ce qui ne signifie autre chose qu'on le forcera d'être libre".

De même, toutes les foisque la communauté est consultée pour choisir des élus qui représenteront la volonté générale et établiront des lois,il n'est pas demandé d'exprimer sa volonté particulière et ses propres intérêts, mais la volonté générale, à savoir lebien de toute la communauté.

Quand un avis contraire au mien l'emporte, cela signifie que je m'étais trompé sur lecontenu de la volonté générale.

L'individu et sa volonté particulière doivent donc disparaître au profit de laconscience de la volonté générale. • Tous les citoyens y sont donc égaux par principe (pas d'inégalités de naissance, de race, etc.): en droits commeen devoirs.• Le «peuple» est appelé à faire connaître son avis: droit de vote pour tous (même si, historiquement, cela n'a pasété très rapide).• Les élus sont responsables devant le peuple.• D'où découle: la possibilité de la «fraternité» et le renforcement du sentiment d'appartenance nationale (en cas deconflit, l'armée est bien celle de toute la nation). II.

Défauts de la démocratie • Comment garantir que les élus soient bien représentatifs de tous les courants de l'opinion? Problème technique del'élection directe ou indirecte.

Problème de la durée des mandats.• Il y a en permanence risque de perversion démagogique (puisqu'il s'agit de rassembler sur un candidat un maximumde voix).

Thème déjà présent chez Platon, à la fin de La République: la démocratie signifie le règne desincompétents (puisque le démos est inculte).• critique marxiste: la démocratie masque la lutte des classes alors que, comme tout État, elle ne représente queles intérêts de la classe dominante (cf.

la critique, dès La Question juive, de la Déclaration des Droits de l'Homme etdu Citoyen). « Au fur et à mesure que le progrès de l'industrie moderne développait,élargissait, intensifiait l'antagonisme de classe entre le capital et le travail, lepouvoir d'État prenait de plus en plus le caractère d'un pouvoir public organiséaux fins d'asservissement social d'un appareil de domination d'une classe.Après chaque révolution, qui marque un progrès de la lutte des classes, lecaractère purement répressif du pouvoir d'État apparaît de façon de plus enplus ouverte» [La Guerre civile en France, p.

60-61].

La conception marxistede l'État est ici résumée dans son principe essentiel : l'État capitaliste estl'appareil de domination de la classe ouvrière par la bourgeoisie, y compris parla violence comme ce fut le cas, par exemple, durant les journées de juin1848.

Durant celles-ci, la république bourgeoise avait montré le despotismeabsolu d'une classe sur les autres classes.Ainsi, l'État n'est pas extérieur ou au-dessus de la société.

« Il est bien plutôtun produit de la société à un stade déterminé de son développement ; il estl'aveu que cette société s'empêtre dans une insoluble contradiction avec elle-même, s'étant scindée en oppositions inconciliables qu'elle est impuissante àconjurer.

Mais pour que les antagonistes, les classes aux intérêtséconomiques opposés, ne se consument pas — elles et la société — en unelutte stérile, le besoin s'impose d'un pouvoir qui, placé en apparence au-dessus de la société, doit estomper le conflit, le maintenir dans les limites del'"ordre" ; et ce pouvoir, né de la société, mais qui se place au-dessus d'elleet lui devient de plus en plus étranger, c'est l'État» [L'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'État, p.

156].Si l'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire des luttes des classes, pour les mêmes raisons,l'État ou les différents États qui se sont succédé dans l'histoire ont toujours été ceux de la domination d'une classesur les autres, dans le but de maintenir — souvent par la violence [Anti-Dühring, p.

208 sq.] — l'ordre social.

D'oùl'idée d'une disparition de l'État dans une société sans classe, le communisme, avec quelques difficultés sur lesmoyens d'y parvenir.. »

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