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Peut-on croire à la liberté de l'homme et chercher à expliquer scientifiquement son comportement ?

Publié le 27/02/2008

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            L'explication scientifique de l'homme, en tant qu'elle met à jour des principes tout à la fois universels et nécessaires au fondement de nombre de conduites humaines, et la croyance de la liberté humaine, qui suppose que tout ne soit pas déterminé (ni le sujet ni le monde dans lequel il s'insère) sont-elles exclusives l'une de l'autre ? Adopter l'une, est-ce nécessairement renoncer à l'autre ? Comment une conciliation est-elle possible ?

« pratique » semble bien au contraire contredire cette modalité de penser en postulant fermement quel'homme est libre.

En effet on voit difficilement comment l'homme serait capable d'une telle liberté dans unmonde où toute réalité est nécessaire, et en cela existe en dehors de sa propre volonté.

Il faudrait doncdistinguer deux plans : celui de la connaissance et celui de la pratique pour que ces deux principes opposéspuissent cohabités : solution très peu satisfaisante à vrai dire et qui remet en question la croyance en laliberté humaine dans une ère où le modèle scientifique du réel est roi.

II.

Mais, n'engage-t-elle pas plutôt une redéfinition de la notion de liberté ? · En réalité, on voit comment la loi nécessaire de la causalité s'accorde non seulement avec le postulat (psychologiquement nécessaire) de la liberté humaine et détruit en outre toute attitude fataliste que Leibnizappelle la « raison paresseuse » qui s'expose en ces termes : « si l'avenir est nécessaire, ce qui doit arriverarrivera quoique je puisse faire » (Essais de Théodicée, préface).

Mais c'est justement le contraire qui doitse produire : c'est justement grâce à la loi de causalité que l'homme peut reprendre à son avantage lecontrôle sur les choses, en faisant en sorte d'être la cause interne d'un phénomène réel : dans ce cas, « laliaison des effets et des causes bien loin d'établir la doctrine d'une nécessité préjudiciable à la pratique, sertà la détruire.

» Par conséquent, on se doit de penser que tout ce qui est réel est nécessaire pour desraisons essentielles : c'est grâce à cette nécessité causale qu'est garantit la nécessité de l'expérienceentendue comme existant effectivement (et n'est donc pas un songe) mais qu'est aussi garantit du point devue de la pratique la liberté humaine que l'on peut comprendre sur deux plans qui se complètent l'unl'autre : appréhender le réel comme nécessaire c'est, avec Spinoza, comprendre les raisons qui nousdéterminent à agir et a fortiori les prendre à notre compte pour qu'elles soient causes internes et non plusexternes et en cela agir « par la seule nécessité de sa nature » (Lettre LVIII à Schuller) Nul autre que lui asu montrer à quel point tout était régit par la nécessité et « qu'il n'est point de la nature de la raison depercevoir les choses comme contingentes mais bien comme nécessaires » (Ethique, de mente, propositionXLVI).Par ailleurs, les sciences humaines prennent pour objet les manifestations de la culture humaine.

Aussi, àchaque aspect de notre existence sociale peut correspondre une discipline ; par exemple la sociologie étudie lastructure des sociétés et la linguistique, les systèmes de langue.

Leurs méthodes recourent à l'observation età la formulation d'hypothèses tout comme les sciences expérimentales.

Durkheim préconise, par exemple, cettedémarche en sociologie.

La méthode de ce type de science prend donc racine dans l'expérience, mais enabstrait, c'est-à-dire en mathématise, les données.Mais l'objet de ces sciences n'est que partiellement quantifiable, aussi, l'hypothèse n'a-t-elle pas ici la formed'une loi mathématique.

Elle consiste en une interprétation.

De plus, on ne reproduit jamais à l'identique unesituation humaine, comme on peut répéter infiniment une même expérience chimique.

Ces savoirs sont doncprivés de vérification expérimentale au sens strict.Pour confirmer une hypothèse, il faut, certes la confronter aux faits, mais une « loi » ainsi corroborée n'aurapas une force prédictive aussi grande qu'une loi physique.

Comme elle ne possède ni l'universalité d'uneexplication purement quantitative, c'est-à-dire mathématisée, ni la force que donne la vérificationexpérimentale, elle énoncera seulement des lois probables.

Et la probabilité n'est pas nécessité.

Il semble doncque pour que liberté humaine et explication scientifique de son comportement puisse ne pas se contredire, ilfaut établir une distinction de plans essentielle. III. Une pensée dialectique : la liberté dans la nécessité · L'on pourrait avec Kant (Critique de la raison pure) rappeler que la nécessité est une modalité qui « exprime(nt) seulement le rapport à notre connaissance » On comprend donc pourquoi une telle attitudeface à ce qui est réel semble si naturelle.

Elle est ce qui permet à la raison de pouvoir réfléchir, opérer surles phénomènes sensibles pour en tirer quelque connaissance et par là même dégager des lois et desprincipes qui rendent possible la formation des sciences rationnelles.

Le principe « présupposé » qui affirmeque tout ce qui est réel répond aux lois de la nécessité apparaît donc comme la condition de possibilité detoute science. · Pourtant, si pour Kant, dans l'ordre de la science, en tant que celle-ci porte sur le phénomène, il apparaît clairement qu'on ne peut pas affirmer la liberté humaine puisque l'homme, comme toute autre chosedans le monde, est soumis à la loi de la causalité nécessaire.

Mais Kant fait une distinction essentiel entrepenser et connaître : jamais l'on ne pourra connaître scientifiquement si l'homme est libre puisque connaîtrescientifique c'est savoir ce qui lie nécessaire la cause à son effet.

Mais l'on pourra – et même l'on devra –de continuer à croire à la liberté humaine, c'est-à-dire qu'on devra continuer de la penser.

La croyance en laliberté humaine est alors de l'ordre du postulat, lui-même nécessaire à la pratique (ne serait-ce que pour desraisons éthiques, politiques et morales).

Il advient donc nécessaire de continuer à croire en la libertéhumaine par-delà l'explication scientifique du comportement humain.

La liberté doit rester de l'ordre de lacroyance nécessaire mais non pas du connaître scientifique. · Mieux encore, c'est l'« acte » du phénomène qui va nous permettre d'accorder nécessité logique, scientifique, et la liberté humaine en tant que tel.

En effet, on peut avec Hegel (Sciences de la logique, II,C), à travers cette notion de nécessité de « l'acte » mettre en avant celle de « l'effectivité » : ainsi ildéfinit cette dernière comme « l'unité devenue immédiate de l'essence et de l'existence ou de l'intérieur etde l'extérieur » (§ 142) . · L'accord est donc désormais possible entre le discours sur la nécessité logique et le réel dans son. »

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