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Peut on désirer l'éternité ?

Publié le 06/12/2005

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Pour remédier à ce désastre, Zeus ramena leurs parties génitales qu'ils avaient derrière sur le devant, et ceux-ci purent s'accoupler, soit pour créer un nouvel être unique, soit pour s'accorder un plaisir qui leur offrait pour un moment le bonheur de leur union passée, et l'esprit libre, leur permettait ensuite de vaquer à leurs affaires. Le fond de la nature humaine porterait désormais la trace de cette union ou plénitude originaire, dont le désir d'amour serait la nostalgie. Désirant l'autre, nous visons ce paradis mythique de la fusion, lorsqu'il n'existait ni séparation ni différence, mais seule une toute-puissance qui nous plaçait à l'égal des dieux. Suivant ce mythe platonicien, l'essence du désir serait un manque d'être, la recherche d'une totalité, à laquelle il nous est impossible d'accéder, suite à une opération des dieux, sinon par l'expérience fugitive d'une union sexuelle. Le mythe des Androgynes Le discours d'Aristophane est doublement placé sous l'égide d'Empédocle : d'abord par sa référence au principe selon lequel le semblable désire le semblable, ensuite par la valorisation ontologique de la sphère. Il raconte que, à l'origine, les hommes étaient sphériques et possédaient quatre paires de membres. Ils étaient de trois genres : les uns masculins, les autres féminins, les derniers, enfin, des deux sexes. Il est donc abusif de parler du mythe des Androgynes, puisque une seule catégorie relève de ce genre. Leur puissance était telle qu'ils décidèrent d'escalader le ciel pour renverser les dieux. Zeus les punit en les divisant en deux par peau sur le ventre et fit une couture en lieu et place du nombril, marque toujours située sous nos yeux de la faute des hommes.

 Platon voyait dans l'amour un désir d'immortalité (Banquet 207 a). Mais Éros (l'amour) est aussi celui qui restitue à l'âme les ailes qui lui permettent de « s'évader au plus vite d'ici-bas vers là-haut « (Théétète, 176 a). Pouvons-nous dire avec Platon que le désir humain un désir d'éternité. De même, Alquié montrera que l'homme en se passionnant aspire à fuir le présent pour se réfugier soit dans un passé perdu soit dans un futur éperdu ?

« pétrifiant» (p.

58).

Est-ce une conséquence de la peur du vide causée par ce dis¬cours ou un ultime effet du récitaristophanesque des corps découpés, des sexes décousus et recousus, qui fait ici surgir la tête de Méduse ? Freud,dans un texte consacré à cette figure mythique, y a vu l'image de la castration que découvre l'enfant qui aperçoit lesexe féminin, et dont il se défend par une pétrification phallique.

C'est peut-être là ce que toujours recouvre le riredu dialogue socratique. — Il nécessite une représentation préalable de sa fin.b) Pour les psychanalystes, le désir peut aussi être inconscient et est lié à des « traces mnésiques ».

Contrairementau besoin, il n'est pas dans son principe relation à un objet réel, mais un fantasme.

Il ne peut donc d'une certainemanière se satisfaire. Deuxième partie : Le désir et le temps a) En convoitant ce qui n'est pas, le désir est un refus du présent actuel et un appel à l'avenir (futur).b) Mais ce futur n'est pas accepté en tant qu'avenir et contingence.

Le désir le détermine et exige qu'il se fasseprésent.c) De même, si par ses traces mnésiques le désir est indissolublement lié au passé, celui-ci n'est pas accepté entant que tel puisque le désir veut le retrouver dans le présent.

Ainsi pour le désir ni l'avenir ni le passé n'ont devaleur propre.

Tous deux se trouvent subordonnés à un présent qui n'est pas le présent actuel mais un « éternelprésent » où s'enferme le désir. Troisième partie : Le désir et l'éternité a) Cet éternel présent qui est le temps du désir, n'est-ce pas l'éternité? L'éternité est en effet moins ce qui dureindéfiniment que ce qui est en dehors du temps.

Elle procède donc d'une négation du devenir, d'un refus du temps.b) Si le désir désire toujours son objet du point de vue de l'éternité, n'est-ce pas finalement cette éternité mêmequi est désirée à travers l'objet désiré ? Cet objet n'est-il pas le simple prétexte à une expérience de l'éternité, sanscesse approchée, jamais atteinte ? N'est-ce pas pour cela que « Nous aimons en fin de compte nos désirs, et nonce que nous désirions » (Nietzsche). On pourra aussi conclure avec la thèse de Alquié: Le « désir d'éternité », le « refus du temps » dont parle Alquié à propos des passions, c'est la fixation du passionné à des circonstances de son passé dont il est d'autant plus l'esclave qu'il n'en prend pas une conscience claire.

Lespassionnés, « prisonniers d'un souvenir ancien qu'ils ne parviennent pas à évoquer à leur conscience claire sont contraints par ce souvenir à mille gestes qu'ils recommencent toujours, en sorte que toutes leurs aventuressemblent une même histoire perpétuellement reprise.

Don Juan est si certain de n'être pas aimé que toujours ilséduit et toujours refuse de croire à l'amour qu'on lui porte, le présent ne pouvant lui fournir la preuve qu'il chercheen vain pour guérir sa blessure ancienne.

De même, l'avarice a souvent pour cause quelque crainte infantile demourir de faim, l'ambition prend souvent sa source dans le désir de compenser une ancienne humiliation… Mais cessouvenirs n'étant pas conscients et tirés au clair, il faut sans cesse recommencer les actes qui les pourraientapaiser. » La conception de Alquié a été discutée par Pradines .

Ce dernier, tout en reconnaissant que nos premières émotions sont parfois susceptibles d'orienter définitivement nos tendances, se refuse à voir en toutepassion l'emprise inconsciente du passé.

Le plus souvent, la passion se présente « plutôt comme l'appétit de sensations inconnues que comme le désir de renouveler d'anciennes expériences ».

La passion charnelle n'est-elle pas « révolte contre l'habitude » ? Sans doute, en sa conscience claire, la passionné aspire à éprouver dessensations nouvelles.

Dans le « coup de foudre », la passion éclate brusquement, s ‘éprouve comme une découverte que rien ne laissait présager.

Mais le témoignage de la conscience du passionné ne nous semble nullement décisif.Les « découvertes », les « révélations » de la passion sont la réponse à une angoisse qui leur préexiste et qui ne trouve sa signification claire que dans les événements de notre passé.

Le « coup de foudre » ne nous introduit pas dans un monde réellement nouveau, mais réveille une ancienne nostalgie.

Si ce visage, inconnu encore de nous il y aseulement quelques instants, nous trouble si fort, n'est-ce pas, comme le dit Alquié , que « nouveau en lui-même, il devient pour nous l'image et le symbole d'une réalité que notre passé a connue » ? Dans le « Phèdre », Platon a parlé de l'émotion amoureuse de l'âme qui tombe en extase devant la beauté.

Mais cette extase soudaine n'est quele retour d'un souvenir.

Réveillée par la présence du Beau, l'âme se souvient moins obscurément de son passélumineux, avant l'incarnation, au paradis des Idées.

Il est permis de reconnaître en ce mythique paradis,magiquement ressuscité par une belle apparition, le symbole métaphysique du « vert paradis » de nos « amours enfantines » dont nos passions adultes ne sont obscurément que la résurrection nostalgique. De la théorie psychanalytique, nous retiendrons essentiellement le caractère inconscient des processus passionnels.L'objet de la passion résulte d'un transfert ou d'une compensation, ou d'une sublimation.

Les vraies causes de lapassion sont en nous-mêmes et non réellement dans les objets qui paraissent les solliciter. « Orientée vers le passé, remplie par son image, la conscience du passionné devient incapable de percevoir leprésent : elle ne peut le saisir qu'en le confondant avec le passé auquel elle retourne, elle n'en retient que ce qui luipermet de revenir à ce passé, ce qui le signifie, ce qui le symbolise : encore signes et symboles ne sont-ils pas ici. »

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