Peut-on dire de la vérité qu'elle n'est qu'une erreur commune ?
Publié le 31/07/2005
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réfuter ? Le refus de la réalité de l'inconscient ou encore de la sexualité infantile n'est-il pas, au fond, pour lepsychanalyste, une manifestation même de résistance ? Quelle que soit la critique qu'on adresse à la psychanalyse,ne peut-elle pas être interprétée par le médecin en termes de résistance ? C'est précisément parce qu'elle n'exclutaucun fait de son domaine, même ceux qui pourraient la contredire, que Popper relègue la psychanalyse au rang de fausse science, aux côtés de la cartomancie ou encore de l'astrologie.
Il est donc possible de décider de la vérité ou de la fausseté d'une théorie ou d'un énoncé, et ce de manière concluante.
Dire qu' « un système faisant partie de la science empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience », cela signifie bien que, paradoxalement, « c'est la falsifiabilité et non la vérifiabilité d'un système qu'il faut prendre comme critère de démarcation ».
Est vrai ce qui peut être falsifié.
On accordera à Popper que dans le domaine des sciences physiques ou plus généralement des sciences de la nature, démontrer une théorie, c'est tenter de la falsifier, autrement dit, élaborer les conditions de la découvertedes faits capables de l'infirmer.
L'histoire de ces sciences nous montre qu'aucune théorie, même parfaitement établiedans la communauté scientifique, n'est jamais définitive.
Les progrès se font par erreurs, par conjectures etréfutations.
On ne peut jamais souscrire à une théorie que provisoirement, c'est-à-dire tant qu'elle survit aux testsdestinés à l'invalider.
On constate aussi qu'une nouvelle théorie n'annule pas toujours complètement l'ancienne.
Ellepeut, tout en la contredisant, la contenir comme bonne approximation, lorsqu'un paramètre tend vers une valeurlimite.
Par exemple, la théorie de l'attraction universelle de Newton est englobée dans la théorie de la relativité généralisée de Einstein .
On peut même conjecturer que, sans être vraies, les théories nouvelles sont plus proches du vrai que celles qu'elles ont dépassées.
Autrement dit, les rapports polémiques entre les constructions théoriqueset les faits nouveaux sont à la source d'une plus grande rationalisation du réel et de progrès de la raison elle-même.
Toutefois ce n'est pas parce que certaines théories ne répondent pas à ce critère de falsifiabilité qu'il faut nécessairement les ravaler au rang de pseudo-sciences.
Il y a là une affirmation d'autant plus dogmatique quesavoir ce qu'est une science n'est pas décidable scientifiquement.
Il y a là aussi ce préjugé tenace que les sciencesphysiques sont le modèle de toute science, préjugés qui a freiné l'évolution des sciences humaines.
Voyons lacritique de la psychanalyse : elle est certes séduisante, mais elle oublie le statut particulier de cette théorie qui viseà formuler des « vérités » sur un objet qui est l'inconscient, objet qui ne fait pas sens dans le sens du discours que la conscience tient sur elle-même.
La théorie freudienne est liée à la découverte, par Freud , de son propre inconscient et de certaines dimensions qui se retrouvent dans l'inconscient de tout homme.
Comme le souligneLaplanche , « la psychanalyse personnelle est la voie royale pour accéder à quelque part de la vérité psychanalytique. »
On a cru à la vérité du géocentrisme et du fixismePendant des siècles, on a cru que la Terre était au centre du monde et que Dieu avait crée une fois pour toutes lesespèces vivantes.
Copernic et Darwin ont montré la fausseté de ces théories.
De même, il est probable que lesthéories scientifiques le plus solidement admises aujourd'hui seront un jour falsifiées.
La vérité est une simple croyanceNietzsche critiquera violemment l'attitude de l'homme de science, du logicien.Qu'est-ce qui leur permet au juste de croire que la vie obéit aux seules règleslogiques édictées par la raison humaine ? Sans doute la science a-t-elleobtenu des résultats.
Mais ces résultats ne cachent pas le fait que nul nesait ce qu'est au juste la vie, ce qui la détermine et l'organise.
La science contre la vie
Pourquoi, en effet, demande Nietzsche, veut-on connaître la vérité ? Pourquoila science pose-t-elle que la « vérité est plus importante que toute autreconviction » ? Est-ce pour ne pas se laisser tromper par la vie ? Mais pourquoine pas désirer être trompé, pourquoi ne pas préférer l'erreur, l'apparence etl'illusion à la vérité? L'erreur et l'illusion sont-elles toujours nuisibles ? Bien aucontraire ! C'est souvent la volonté de connaître la vérité « à tout prix » quise révèle dangereuse quand elle n'est pas simplement inutile.
Ainsi la viepourrait être non du côté de la vérité, mais du côté de « la duperie, de ladissimulation, de l'éblouissement, de l'aveuglement ».
Bref, l'illusion pourraitêtre une erreur vitale.
Dès lors, observe Nietzsche, la volonté de vérité, ens'acharnant à vouloir détruire l'illusion et mettant du même coup en danger lavie, ne serait pas une « Volonté de vie », mais elle « cacherait une volonté de mort.
- En sorte que la question : pourquoi la science ? se réduit au problème moral : pourquoi de toute façon lamorale ? si la vie, la nature, l'histoire sont « immorales » ? Il n'y a aucun doute, le véridique, au sens le plus hardi etle plus extrême, tel que le prévoit la foi en la science, affirme ainsi un autre monde que celui de la vie, de la natureet de l'histoire.
» (Le Gai Savoir, § 344).
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