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Peut-on dire de l'homme qu'il est un être inachevé ?

Publié le 17/01/2022

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 Analyse du sujet : Il s'agit d'éclairer le sens que l'on peut donner à la double détermination de l'homme : non seulement comme être mais encore comme être inachevé. Comment entendre « homme » lorsque nous évoquons justement son être ? Parler d'être, c'est s'engager dans une ontologie de l'homme. Ce n'est donc pas étudier l'homme sous l'oeil de l'ethnographe, du biologiste ou de l'anthropologue. Plus précisément, ce n'est pas étudier l'homme en tant qu'inscrit dans une société, en tant qu'organisme vivant ou en tant que genre, mais c'est dire ce qu'il est en son être. Cet être, il va falloir évalué dans quelle mesure il peut être dit inachevé. Ce terme comporte deux dimensions : premièrement, ce qui est achevé ou inachevé est toujours un résultat, un produit, une création. Cela suppose donc quelque chose d'autre qui justement le produit, qui le crée. La question du créateur peut nous orienter vers une problématique théologique. Deuxièmement, l'inachèvement suppose quelque chose comme une imperfection au regard de quelque chose de plus parfait. Deux voies s'ouvrent alors : ou bien ce qui est inachevé est en cours d'achèvement et alors se pose la question de savoir quel est le moteur de cet achèvement, quelle est l'échelle sur laquelle l'achèvement est pensé. Ou bien ce qui est inachevé demeure inachevable, non pas au sens où, par exemple, nous manquerions de matériau pour achever la construction de la maison, mais au sens où il est intrinsèquement impossible d'achever l'édifice. Problématisation : Le premier problème qui se pose consiste à déterminer une manière adéquate de penser l'inachèvement de l'être de l'homme. Comment comprendre qu'il est à la fois un être mais qu'il demeure en même temps inachevé ? N'est-il pas dès qu'on le dit inachevé un demi-être ou un quasi-être ? Autrement dit : I – Est-il possible de penser l'homme autrement qu'achevé ? II – Est-ce alors bien l'être qui est dit inachevé ?

« Le Discours de métaphysique de Leibniz est rédigé dans le contexte de différentes controverses théologiques et notamment dans celle qui intéressela différence entre les actions humaines et les actions divines.

La question del'être de l'homme, en tant qu'individu et non en tant que genre, y estabordée.Chaque individu humain est selon les mots de Leibniz une « substanceindividuelle ».

Son être est substance.

Le critère de la substantialité estdouble : pour repérer une substance individuelle, il s'agit premièrement ses'assurer que sa notion est complète, c'est-à-dire qu'elle contient l'ensembledes prédicats qui peuvent être dis du sujet attaché à cette notion.Deuxièmement, ces prédicats doivent tous être des prédicats réels.

Leibnizillustre son propos : si un individu particulier, par exemple Jules César, sedéfinit en son être par sa notion complète, cela signifie que l'être de JulesCésar contient, d'après la définition de la notion complète, tout ce qui lui estarrivé et lui arrivera, comme le fait d'avoir franchit le Rubicon, d'être empereurde Rome, etc.Ce qui différencie l'être de l'homme de celui de Dieu, c'est que Dieu estcapable d'embrasser instantanément l'ensemble de ces prédicats, tandis quel'homme ne le peut pas.

Aussi l'être de l'homme ne peut lui apparaître àl'homme que de manière partielle, c'est-à-dire, pour reprendre le fil de notreinvestigation, de manière inachevée, puisque qu'aucun homme n'est capablede prédire ce qui lui arrivera, alors que Dieu le lit dans notre notion complète. Prétendre que l'être de l'homme est inachevé, cela ne signifie donc pas que l'homme ne mériterait pas le titre d'« être », mais qu'il ne peut pas s'envisager lui-même autrement qu'inachevé.

A l'inverse, l'homme apparaîtparadoxalement achevé dans l'intention divine.

III – La finitude radicale de l'homme Pour l'instant, il semble que l'inachèvement ne soit qu'une affaire de point de vue.

Ce qui apparaît problématique,c'est la possibilité d'aboutir à deux points de vue contradictoires sur le même être.

Après tout, c'est bien l'hommequi prétend que du point de vue divin, son être apparaît achevé.

Dieu ne s'est jamais manifesté en personne pournous révéler qu'en réalité, notre être était achevé.

Comment donc trancher ?Heidegger propose tout au long de son oeuvre une réinterprétation del'histoire de la métaphysique.

En particulier, Kant et le problème de la métaphysique envisage comme ligne problématique la question de la finitude radicale de l'homme.

La finitude, jusqu'ici, avait été pensée comme unelimitation par rapport à un infini, mais jamais pensée en tant que telle.

Celasignifie par exemple dans le cas de Leibniz que nous envisageons de manière « inachevée » notre être parce que contrairement à Dieu, nous n'avons pas lapossibilité de percevoir immédiatement notre notion complète.

Autrement dit,Dieu possède des caractéristiques, par exemple un entendement infini, quenous ne possédons que de manière imparfaite ou limitée.

Nous nousconcevons de manière limitée seulement par rapport à la conception illimitéeque nous avons de Dieu.

C'est seulement pour cela que nous pouvons nousconcevoir comme inachevé.Au contraire, l'interprétation heideggérienne de la finitude est radicale, c'est-à-dire que l'homme (plus précisément chez Heidegger, le Dasein ) est radicalement fini en lui-même.

Il est par exemple caractérisé comme être-pour-la-mort.

L'homme est intrinsèquement mortel.

Il ne l'est pas parcomparaison avec un Dieu qui serait immortel.

De même notre« entendement » est en lui-même fini.

La conséquence est que l'être del'homme est tout sauf achevé.

Il ne peut jamais être dogmatiquement posé.

Conclusion : La perspective heideggérienne nous permet d'apporter une réponse radicale à la question : l'être de l'homme ne peutêtre dit achevé ou inachevé en aucun sens.

Il serait plutôt « inachevable ».

Le concept qui lui convient est lafinitude radicale.

Pour le dire autrement, quelque chose de conçu comme achevé ou pouvant l'être, par exemple àtitre de cause finale, ne relève pas de l'être de l'homme.. »

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