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peut on dire d'un acte qu'il est inhumain ?

Publié le 09/11/2012

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Peut-on dire d'un acte qu'il est inhumain ? Certains actes nous paraissent échapper à toute compréhension : comment un être humain peut-il, par exemple, soumettre l'un de ses semblables à la torture ? Pourtant, désigner des actes comme hors humanité (cruauté, viol, meurtre de masse) est sans doute paradoxale, puisque seuls les hommes les accomplissent. Cette ambiguité est inscrite dans le terme même  d'humanité , qui désigne aussi bien l'ensemble des hommes qu'un ensemble de valeurs et de vertus ( faire preuve d'humanité ). Comment un homme pourrait-il se placer hors humanité ? Ce qualicatif d'inhumain a-t-il tout simplement un sens ? La question immédiate est donc de déterminer sur quels critères nous sommes fondés ou justiés ( peut-on dire... ? ) à opérer cette distinction entre le fait et la valeur ; deuxièmement, s'il n'est pas inutile et gratuit, voire dangereux, de désigner un acte  et donc son auteur  comme inhumain. Dénoncer l'inhumanité d'autrui, n'est-ce pas s'exempter soi-même du souci d'humanité, comme l'ont montré les colons espagnols en Amérique latine ? Mais il est sans doute nécessaire de proclamer ( dire ) les limites de l'acceptable en terme de valeurs, et c'est pourquoi on pourra justement dénir l'inhumain comme ce qui vient nier l'humanité d'autrui. I. Comment reconnaître un acte inhumain ? L'usage révèle que l'accusation d'inhumanité se concentre sur certaines catégories de torts inigés à autrui, et plus généralement à tout être doué de sensibilité : on n'est pas inhumain à l'égard d'un arbre, ni tout seul (se mutiler ou se tuer pourra être qualié de geste démentiel, mais pas d'inhumain), mais on peut l'être à l'égard d'un homme ou d'un animal. A. L'acte inhumain consiste donc d'abord à nier, ou à rester indiérent à la sensibilité d'un animal ou d'un homme (on parlera de cruauté). On dit pour cette raison que la torture est une pratique inhumaine, qu'elle soit le fait d'un sadique ou d'un système pénal (l'un n'excluant pas l'autre...

« III.

Pourquoi est-il nécessaire de maintenir cette dénomination ? A.

Si nous voulons maintenir le sens de la distinction humain/inhumain, il faut donc la circonscrire aux actes et non aux personnes.

Il reste indis- pensable de xer les limites de l'humanité en termes de valeurs, et pour cela un critère est indispensable.

Ce critère ne peut être fourni que par l'ensemble des normes qui découlent du principe de la dignité humaine (cf.1ère partie).

Il faut donc bien déterminer le sens du dire :la parole publique doit certes juger,mais pas désigner tel ou tel à la vindicte populaire.

B.

Nier la frontière de l'humain et de l'inhumain, ce n'est pas faire droit d'une expérience qui est attachée à la condition humaine, et qui n'a rien d'une illusion.

Seul l'homme est capable de faire le mal, et c'est même selon la Genèse ce que l'homme possède en propre avec le royaume céleste :  Il est l'un des nôtres , dit un ange au sujet d'Adam lorsque celui-ci découvre la connaissance du bien et du mal.

C'est parce que l'homme peut faire le mal, parfois en toutre conscience, qu'il a aussi la dignité pour faire le bien.

L'humanité de l'homme réside dans la faculté, parfois surhumaine, d'endurer le mal qu'il a fait ou que les autres lui font.

 L'homme passe l'homme , écritPascal : il vaut toujours plus oumoins que lui-même, plus ou moins que ce qu'il voudrait être ou que ce qu'il s'attend à être.

Pour approfondir la technique de dissertation Remarque sur le plan.

C'est la progressivité du plan proposé qu'il faudra imiter dans vos travaux : chaque partie s'appuie sur les acquis de la partie pré- cédente, et ne se résume pas à un banal pour ou contre.

Première partie : commentreconnaître (dénir) un acte inhumain ? (la première partie doit être consacrée à la constructiondu problème, par le biais de l'opinion commune et de dénitions plus complètes que celles données en introduction.) Deuxième partie : est-ilsouhaitable de recourir à cette dénition ? (la seconde partie est souvent une partie critique : elle peut aller jusqu'à nier les dénitions données dans la partie précédente, comme c'est le cas ici, où le double sens du terme  humanité  est purement et simplement nié.) Troisième partie : à quellesconditions est-il légitime de maintenir cette dénition ? (si la troisième partie occupe une fonction de synthèse, c'est au sens où elle fait le tri parmi les acquis des parties précédentes.) Remarque sur le détail de la rédaction. La rédaction de chaque paragraphe ou partie du devoir doit répondre à une logique d'enquête : il faut se poser des questions, pas seulement exposer une pensée toute faite.

Ainsi, la recherche de critèresde l'humain et de l'inhumain est, dans ce sujet, le point sur lequel on gagne à être particulièrement précis, puisque la langue ordinaire a des contours plus ous que ne l'exigerait un langage rigoureux.

Puisqu'il s'agit dequalier un acte,et que lesraisons de le faire sont au nombre de trois (on juge en eet un acte selon ses principes, ses conséquences, ou bien pris en lui-même) ,on obtient par exemple le schéma suivant : Soit le jugement d'inhumanitéprovient de la cibleouvictime de l'acte : mais dans ce cas le terme serait impropre, car on peut certainement être cruel et barbare à l'égard d'un animal.

On ne peut donc qualier un acte d'inhumain en raison de l'individuqui en subit les conséquences. Soit il provient de l'acte pris en lui-même : mais on voit bien qu'on ne peut décréter a priorique, par exemple, la cannibalisme est  inhumain , comme le montrent Montaigneou la nouvelle de Joseph Conrad,Falk. Plus généralement, le simple faitd'iniger des sourances à quelqu'un n'est pas inhumain, comme le médecin ou comme celui qui abandonne la per- sonne qui l'aime.

Il y a des sourances inhumaines,qui exigent uneendu- rance surhumaine, mais qui ne sontpas le fait d'un acte inhumain. Soit il provient du modeou des principes selon lequel il s'exerce (indié- rence, cruauté, perversité) : ce critère pourrait paraître le plus convaincant, mais son appréciation est dicile pour plusieurs raisons.

1) On ne peut par dénition l'observer chez autrui puisqu'il est un fait de conscience ; 2) Il est potentiellement contradictoire : est-ce l'indiérence et la froideur du tor- tionnaire professionnel qui sont inhumaines, au sens de robotique,ou bien la perversité diaboliquede celui qui a clairement conscience des sourances qu'il inige ? (Sur ce point, voir l'extrait du Choix de Sophiede William Styron .) ; 3) Il est largement sujet à débat, comme le montre par exemple la pièce d'Albert Camus,Les Justes : le terroriste est-il un barbare tueur d'enfants ou un héros courageux qui sait faire passer ses idéaux avant sa propre sécurité ? Tueroumourir  pour des idées  est-il surhumain,in- humain ou tout simplement stupide et vaniteux ? Comme le dit Pascal,  Jamais on ne fait le mal si pleinement et si gaiment que quand on le fait par conscience  (Pensées, Lafuma 813). 2. »

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