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Peut-on dire : " Je suis moi-même le temps " ?

Publié le 12/12/2005

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       Temps objectif, temps subjectif Cependant, nous pouvons critiquer la thèse que nous venons de soutenir en fonction d'une distinction faite par Saint Augustin dans Les Confessions. Il existe en effet une différence entre le temps objectif et le temps subjectif : si le premier se calcule mathématiquement, transcende l'expérience humaine individuelle et générique, le second, en revanche, se modèle tout entier sur la conscience de l'individu. Nous avons tous fait l'expérience de l'ennui et de la joie : les expressions « trouver le temps long » ou « le temps est passé trop vite » traduisent ces vécus et montrent que nous sommes le temps, ou, plus précisément, le temps subjectif. b.      La temporalité hétérogène de l'être humain Une autre critique que nous pouvons faire à la thèse du temps objectif est que le temps ne nous apparait jamais comme cette durée uniforme et indissoluble, mais bien comme une durée hétérogène. Si nous n'étions pas le temps, celui-ci serait toujours le même, indivisiblement. Or, Bergson montre bien dans l'Essai sur les données immédiates de la conscience (1889) que le temps est une durée purement intérieure, qui bondit au rythme de ma joie, ou s'étire en fonction de mon ennui. Le temps n'est donc rien d'autre que le vécu subjectif que nous en avons : en ce sens, nous pouvons dire « Je suis moi-même le temps ». III.                Je suis le temps car le temps est inhérent à ma perception générique du monde   a.

Le temps est ce milieu indéfini dans lequel se déroulent les évènements successifs. Le concept de temps est inextricablement lié à celui de l’espace, comme le prouve cette définition aristotélicienne (Physique, Livre IV) : « le temps est la mesure du mouvement selon l’antérieur et le postérieur «.

Qu’entendons-nous par l’expression : « Je suis moi-même le temps ? «. Le sens de cette assertion, sur la validité de laquelle nous devons nous prononcer, est que le temps n’est pas une dimension objective de l’expérience, une réalité objective dont il est possible de faire une expérience empirique, mais que le temps se confond avec nous même. C’est en deux sens que nous pouvons prétendre que nous sommes le temps, que nous l’incarnons : nous pouvons le dire en tant qu’individu singulier et en tant qu’individu générique. En effet, nous verrons que nous pouvons dire que nous sommes le temps, car le temps n’est pas une dimension objective de notre expérience, mais se mesure à l’aune de notre vécu subjectif des évènements. Et nous verrons que nous pouvons dire que nous sommes le temps, en ce sens que le temps apparait comme une dimension constitutive de notre expérience, dimension inhérente à la manière dont notre esprit perçoit le monde.

Nous verrons donc que la question « Peut-on dire : Je suis moi-même le temps ? « nous invite à nous demander si le temps est une dimension objective, ou bien une dimension subjective et générique de l’expérience humaine.

 

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« Selon Bergson, la durée est la réalité même : c'est-à-dire la durée pensée etconcrètement vécue, le temps de la conscience intime, et non la durée mesuréecomme une distance d'un point à un autre.

Afin de saisir cette durée, lephilosophe doit se réconcilier avec ce qu'il vit concrètement et faire prévaloir laperception des choses sur leur conceptualisation.Comment appréhender cette durée qui semble toute intime ? Il convient d'opérerune conversion, de nous défaire des habitudes de pensées qui réduisent le réel àune ombre de lui-même, en ne faisant que le mesurer et le diviser par purintérêt.

Si nous n'avons de la durée que cette perception réduite, cela signifieque, pour nous, la durée est d'abord ce qui nous sépare de quelque chose ou, sil'on veut, un moyen terme entre un début et une fin.

Ce moyen terme n'estdonc pas perçu pour lui-même, mais en vue d'autre chose, et la réduction de ladurée à de l'espace signale d'abord une conception utilitaire du monde, bien loindu désintéressement qui devrait être celui du philosophe.

Si nous voulons saisirou contempler la durée en son absoluité, ou du moins nous en rapprocher, ilnous faut nous défaire de notre obsession pour l'action. III. Je suis le temps car le temps est inhérent à ma perception générique du monde a.

Le temps dépend de la conscience pour le penser Mais nous pouvons soutenir la même thèse en donnant un autre sens au « je » dont il est question : « je », noncomme individu singulier, mais comme le « je » de l'expérience humaine.

Nous dirons en effet que nous somme letemps, car le temps dépend de la conscience pour le penser.

En effet, le temps n'est pas une réalité séparantclairement trois dimensions qui sont le passé, le présent et l'avenir.

Comme le dit Saint Augustin, il y a trois temps :le présent du passé, le présent du présent, le présent du futur.

Seule la conscience saisit ces trois présents, etsaisit le temps lui-même : sans rétention du passé, sans protension vers l'avenir, il n'y aurait pas de présent, c'est-à-dire de conscience du temps.

Nous pouvons dire « Je suis le temps », car notre conscience est indispensable poursaisir la durée et lui donner une consistance. b.

Le temps est la forme de notre intuition sensible Mais plus profondément, nous pouvons dire avec Kant que nous sommes letemps car les objets que nous sommes susceptibles de connaître sontfaçonnés, modelés par les formes de notre intuition sensible.

Kant démontreen effet dans la Critique de la raison pure que le temps n'est pas une réalité objective extérieure à l'homme, mais la condition même de toute expériencesensible, puisque tout ce que nous pouvons percevoir nous estnécessairement donné dans le temps.

Comme l'écrit Kant : « Le temps estune représentation nécessaire qui sert de fondement à toutes les intuitions.On ne saurait exclure le temps lui-même par rapport aux phénomènes engénéral, quoiqu'on puisse fort bien faire abstraction des phénomènes dans letemps ». Le temps n'est pas un concept qui dérive de l'expérience.

Nous ne pourrionsen effet saisir la succession ou la simultanéité en tant que telles, si nousn'avions au préalable la représentation du temps antérieure à touteexpérience possible.

Le temps sert donc de fondement a priori à la perceptiondes phénomènes.

Il constitue le fondement transcendantal de toutes lesintuitions, tant externes qu'internes.

On ne peut considérer les phénomènesen dehors d'un temps donné, mais il est en revanche possible de produire uneintuition du temps, abstraction faite des phénomènes qui s'y déroulent.

Letemps est donc donné a priori, il est la condition de possibilité de l'expériencedes phénomènes qui peuvent disparaître sans que le temps lui-même soitsupprimé.

De cette intuition a priori du temps découlent des principes universels et nécessaires : le temps n'a qu'unedimension ; des temps différents ne peuvent être que successifs et non simultanés (alors qu'inversement desespaces différents n'existent pas successivement mais simultanément).

Il faut noter que si le temps dérivait del'expérience, s'il était une réalité empirique, ces principes ne seraient ni universels ni nécessaires.

De la même façonque l'espace, le temps n'est pas un concept, mais la forme pure de l'intuition sensible : il est impossible de dériverd'un concept la proposition suivant laquelle des temps différents sont nécessairement successifs.

Enfin l'intuitionoriginaire du temps se donne comme illimitée : toute détermination temporelle se donne comme une limitation au seinde cet infini.

Le temps n'est donc pas une réalité en soi ou une chose objective.

C'est la condition subjective ettranscendantale sous laquelle toutes nos intuitions peuvent trouver place et s'ordonner les unes par rapport auxautres.

Nous avons l'intuition de nous-mêmes et de notre propre état intérieur dans le temps.

Non lié auxphénomènes extérieurs, il ne relève pas d'une figure ou d'une position déterminée : il opère le rapport de nosreprésentations.

Comme l'espace, il est la condition a priori et formelle de toute phénoménalité, mais à la différencede l'espace qui ne regarde que la forme des objets externes, le temps est ce en quoi nous intuitionnons tous lesobjets, tant internes qu'externes, de l'expérience. Conclusion : A priori, nous ne pouvons dire « Je suis moi-même le temps », car le temps apparait comme une réalité objective,. »

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